9.

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Rosa

Et nous voilà, au jour de la mission.
Une mission que je préférerais éviter, peu importe le prix.

Face au miroir, je m'observe, hésitante. La robe noire en velours glisse sur mon corps avec une élégance presque intimidante. Son décolleté en V plonge avec subtilité, encadré de délicates bordures en dentelle qui remontent le long des bretelles. Une fente discrète dévoile ma cuisse à chaque pas, me rappelant que je ne peux pas me cacher ce soir.

Pour compléter cette illusion de confiance, des gants noirs de la même matière serrent mes avant-bras, montant jusqu'à mes coudes. Ils camouflent ce complexe que je porte comme un secret trop lourd. Une touche de parfum finit de parfaire l'image que je projette, bien loin de ce que je ressens.

Je quitte ma chambre, mes talons claquant doucement sur le parquet. Les autres m'attendent, rassemblés au bas des escaliers. Leur présence me pèse déjà.

Chaque marche que je descends intensifie leur attention, ou du moins, c'est ce que je ressens. Mon cœur s'accélère, battant au rythme de cette angoisse insidieuse.

Ce n'est que dans ma tête...

Pourquoi seraient-ils en train de me juger ?
Trop grosse ? Trop mince ?
Une bataille silencieuse que je perds à chaque fois.

— Admirez comment ma Cara est magnifique ! — s'exclame Ben, brisant le silence avec un applaudissement enthousiaste, son sourire éclatant presque enfantin.

Je déteste être au centre de l'attention.

Quand mes talons touchent enfin le sol du rez-de-chaussée, une boule au ventre m'écrase. Alex apparaît depuis le salon, les yeux rivés sur son téléphone, ignorant tout ce qui l'entoure.

Adossé nonchalamment contre l'encadrement de la porte, une cigarette entre les doigts, il discute avec désinvolture. Mais ses mots ne m'atteignent pas. C'est son regard.

Lourd. Insistant. Intrusif.

Il m'a vue.

Ses yeux plissés m'étudient sans relâche, cherchant à déchiffrer chaque détail. Chaque bouffée qu'il expire semble accentuer cette tension entre nous. La fumée danse dans l'air, créant une frontière invisible mais oppressante.

Mes mains deviennent moites. Mon souffle se coupe légèrement. Je veux détourner les yeux, mais c'est impossible. Son regard me cloue sur place, comme un aimant.

Alors il bouge.

D'un geste lent mais calculé, DeRossi se redresse. La distance qui nous sépare diminue à chaque pas. Je sens mon cœur accélérer alors qu'il sort une petite boîte en velours rouge de sa poche.

Il s'arrête à quelques centimètres de moi, la tension dans l'air devenant presque insupportable. Sans un mot, il ouvre la boîte pour révéler une bague.

Ses doigts trouvent ma main, leur contact brusque, mais curieusement mesuré. Le froid du métal contraste avec la chaleur de sa peau lorsqu'il glisse la bague sur mon doigt, à travers le tissu du gant. La pression est ferme, comme si l'acte nécessitait plus de contrôle qu'il ne voulait en laisser paraître.

Tout semble mécanique, dénué de douceur ou de considération. Pourtant, son regard...

Son regard est une toute autre histoire.

Il ne dévie pas, fixe et insistant, comme s'il cherchait à percer à travers mes pensées. Chaque seconde qu'il maintient cette connexion visuelle amplifie la tension entre nous, rendant la pièce plus étroite, l'air plus lourd.

BROKEN [ en réécriture ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant