VI

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(Pdv Nico)

Le point positif est que Will m'a laissé seul tout le reste de la journée. En même temps je suis resté enfermé dans la salle de bain à pleurer. Il aurait pu insister pour que je le laisse entrer mais il ne l'a pas fait, je lui en suis reconnaissant. Il a dû comprendre que j'avais besoin de temps et de solitude. Je voulais rentrer chez moi mais je n'avais ni la force de sortir ni le courage de faire face à Will. Je m'en voulais un peu de la manière dont je lui avais parlé, c'était évident qu'il ne mentait pas. Ça faisait donc 5 ans qu'il s'en voulait pour un meurtre dont il n'est pas coupable ? Je ne peux qu'imaginer l'enfer dans lequel il vit. Il s'est sans doute rapprocher de moi pour se racheter. Mais ça voudrait dire qu'il ne m'aime pas réellement ? Cette pensée me fit mal. Est-ce que je l'aime toujours ? Après tout ce qu'il s'est passé ? Sans doute mais voudrais-je encore une relation avec lui ? Sommes-nous toujours ensemble ? Je ne sus répondre à aucune des questions. Je n'avais aucune idée de où nous en étions. Avec du temps, beaucoup de temps, je serai sans doute capable de lui pardonner pour ma mère, après tout il n'est pas coupable, ce serait injuste de lui en vouloir. Mais pourquoi m'avoir drogué ? Quel était son but ? Que voulait-il faire de moi ? J'imaginai les pires scénarios mais aucun ne collait.

Finalement je me décidai à me lever et à sortir de cette salle de bain. Mes jambes me faisaient mal d'être resté assis par terre aussi longtemps et je manquai de tomber une fois debout. Je me rattrapai sur le mur puis inspirai un bon coup. Je secouai un peu mon pied dans l'espoir de réveiller ma jambe mais évidemment, ça ne fit rien. Je sortis donc avec une démarche peu gracieuse, manquant de tomber plusieurs fois puis finalement, retrouvai les sensations à chaque pas. Il n'y avait aucun bruit dans la maison, comme si j'étais seul. Je me dirigeai vers le salon où m'attendait une note sur la table basse.

"Nico, 

Je suis sorti prendre l'air, tu avais l'air d'avoir besoin d'un moment seul. Je risque de rentrer tard.

Will"

Je fixai les mots quelque minutes. Un sourire voulait faire son chemin sur mon visage d'avoir deviné et d'être aussi prévenant mais une partie plus raisonnable de moi-même mettait ses mots en doute. Je ne le comprenais plus, quelque chose avait changé. Il était doux, gentil, le même qu'avant avec moi mais plus rien n'était pareil, je n'arrivais plus à lui faire confiance. Il y avait quelque chose de malsain derrière ses attentions, peut-être le fantôme de ma mère qui planait entre nous, qui le faisait se sentir coupable. Il n'était peut-être pas aussi gentil avec moi par amour mais par dette. 

Je pris mes affaires, je devais partir d'ici. Il y avait quelque chose d'oppressant dans cette maison, je me sentais étouffé. J'enverrai un message à Will une fois chez moi pour pas qu'il ne s'inquiète. Je mis ma veste et baissai la clinche de la porte. Celle-ci bloqua. C'était une vieille maison, ce genre de chose arrive. Je réessayai. Elle bloqua de nouveau. Je vérifiai si la porte était dans le bonne alignement, s'il fallait un peu la soulever pour l'ouvrir. Rien. Elle refusa de bouger. Je dus bien vite me faire à l'évidence, la porte était fermée à clef. Je regardai autour de moi, fouillai les tiroirs, aucun moyen de la déverrouiller. La panique montait en moi. Je réfléchis s'il n'y avait pas d'autre sortie avant de me rappeler la petite pièce à l'arrière de la cuisine, le seul endroit où je ne suis pas encore allé. Il devait sûrement y avoir une porte arrière. Je partis donc vers mon issus, manquant de me prendre une table dans le ventre dans ma précipitation et arrivai dans une petite réserve sans fenêtre. Je tâtonnai dans le noir pour trouver l'interrupteur et allumai la lumière. Il y avait bien une porte semblant mener vers l'extérieur. J'essayai désespérément de l'ouvrir mais dus me faire à l'idée qu'elle était elle aussi verrouillée. Je soufflai de découragement. Je pensai un moment à défoncer la porte mais je me ferais juste mal. Pourquoi toutes les issus étaient fermées à clef, bon sang ?! Nous sommes pourtant au milieu de nulle part, il y a peut-être maximum trois voisins, aucune raison d'être paranoïaque que quelqu'un entre, surtout que moi, je suis là. Soudain tout s'assembla dans mon esprit comme un puzzle ; il m'a emmené au milieu de nulle part, il m'a ensuite drogué et verrouillé toutes les issus. Mais qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez lui ? Ma respiration se fit plus difficile. Ça ne pouvait pas être vrai, je devais être dans un cauchemar et bientôt me réveiller. Je me pinçai pour vérifier puis lâchai un juron qui resonna dans le silence de la maison. De toute façon, j'ai toujours trouvé cette technique stupide car on ressent la douleur dans les rêves. Je retournai dans la cuisine tout en réfléchissant. Il restait les fenêtres. J'allais au salon ; c'est une baie vitrée. Dans la chambre alors, il y en a une. Evidemment, il fallait que ce soit un velux ! Tant pis, je montai sur le bureau afin d'ouvrir la fenêtre. Je pourrai ensuite me hisser vers l'extérieur et de là, sauter par terre. Ce n'est pas si haut, si je me réceptionne correctement, je ne me blesserai pas. Je tendis le bras pour l'ouvrir. Pourquoi faut-il que je sois petit ? Je sautillai, me mis sur la pointe des pieds pour enfin atteindre la hanse. J'ouvris la fenêtre qui se bloqua à mi-chemin. Je forçai mais impossible de l'ouvrir plus. Je grognai avant de l'analyser. Pourquoi diable ne voulait-elle pas s'ouvrir plus ?! Après quelque minutes, je me fis à l'idée que ça devait être le modèle de velux qui ne s'ouvre qu'un peu. Je soufflai, évidemment il fallait que ce soit tout juste pas assez pour me laisser passer.

Attachement (Solangelo)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant