Chapitre 1

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Je monte les escaliers quatre à quatre, les larmes de rage coulant sur mon visage. Je ne pense à rien, je suis comme téléguidé, tel un robot. Je ne ressens rien, à part ma rage intérieur. 

Je n'en peux plus. J'ai usé toute ma force, tant mentale que physique, et je suis dans l'incapacité de continuer. C'en est trop. 

Avez-vous déjà eu cette pensée égoïste de: Pourquoi moi et pas quelqu'un d'autre? 

J'ai souvent l'impression que tous les malheurs du monde ne s'abattent que sur moi, souffre-douleur de la vie. 

J'ouvre la porte à la volée, et sors sur le toit détrempé de par la pluie torrentielle qui tombe sur la ville. 

Je me sens vide, et pourtant mon corps et mon âme sont emplit d'une rage sombre. 

Tout ce que je voulais, c'était vivre. Je déteste tant ces gens qui n'ont pas eu besoin de se battre pour acquérir le bonheur, et qui n'en profitent même pas.

Je me penche dans le vide en prenant appui sur le muret. En bas se trouve les rues inanimées de la ville. À cette heure et par ce temps, personne n'aurait l'idée de se promener en extérieur. La pluie dégouline sur mon visage et mon pull maintenant détrempé me tient froid. 

J'ai froid, j'ai mal, et cette douleur me rappelle que je suis encore en vie. Je déteste ce sentiment.

Je monte sur le rebord du mur, et contemple la ville en contrebas. Le taux de survie après une chute du haut de ce toit est estimé à 0% de chance. C'est ce que je cherchais en montant dans cet immeuble. 

Le ciel sombre ne laisse apparaître aucune lueur d'espoir. Je ris tout haut, tel un psychopathe. La vie est tellement ironique. Comment sommes-nous supposés nous épanouir si elle ne nous met que des obstacles sur la route? 

Il faut que j'écoute cette pulsion qui ressort du plus profond de mes entrailles et que je saute. 

Je retire mon pull bleu. Étant dorénavant en t-shirt, je touche sur mon omoplate droite ma cicatrice. Ce touché familier me rappel quand tout a commencé, ce qui me donne encore plus la nausée. 

Je m'approche du mur, et grimpe sur le rebord du toit. Le chaos dans ma tête se calme en voyant le vide. S'en est finit, tout ira bien maintenant. 

J'allais me laisser tomber, pour toujours, lorsqu'un sanglot se fait entendre, me sortant de ma transe. Je ne suis pas seul? Je me retourne, pour voir si on m'avait suivi, et remarque avec surprise, blottie contre le mur, une jeune fille, baignant dans une marre de sang, se tenant la tête entre les mains. 

Complètement déstabilisé, je descend du mur. Si elle est en danger, je peux au moins l'aider avant d'en finir. Simplement m'assurer que tout va bien. 

Je m'avance jusqu'à elle. Je sens mon coeur battre dans ma poitrine. Elle relève ses yeux, nos regards se croisent, et elle me demande:

-Qu'est-ce que j'ai fait? 

Affaiblie, elle se couche sur le sol, son sang se mêlant à l'eau de pluie. Je m'abaisse vers elle, mais je me plante un bout de verre dans mon pied droit. J'observe, et remarque qu'une vitre de la petite porte qui mène à l'intérieur de l'immeuble est brisée, en mille morceau. Et c'est en voyant un des bouts, plus gros que les autres, et un des poignets ensanglanté de la jeune fille que je comprend. 

-Aide moi. Souffle-t-elle. 

Je cours, sans réfléchir, jusqu'à mon sweat dans lequel se trouve mon téléphone. Je me munis de ce dernier et compose le numéro des urgences. Ils doivent se dépêcher. Pour elle, ce ne sera qu'une  question de temps avant que la faucheuse ne  passe la récupérer. 

Je déchire les pans de mon t-shirt pour faire un garrot improvisé autour de son poignet gauche. 

-Courage, c'est bientôt finit. Je lui dis sans trop savoir si elle m'entend ou pas. 

Au bout d'un moment, les secours arrivent enfin. 

-Mettez la ici, refaites lui un garrot digne de ce nom. Ordonne une femme qui doit être la cheffe de la brigade de secours. 

Dans d'autres circonstances, je me serais vexé et aurait fait remarqué que mon garrot faisait parfaitement l'affaire. Mais je me tais, sachant pertinemment que ce n'est pas le moment opportun pour laisser transparaître mon égo touché. 

-Petit, viens avec moi, On va devoir te poser quelques questions. Comment t'appelles-tu? 

Comme dans un état second, ne comprenant pas ce qu'il se passe ce soir, je répond:

-Gwenaël. Je m'appelle Gwenaël. 

-Ok Gwenaël, tu vas nous accompagner à l'hôpital, nous allons recueillir ton témoignage. 

Et c'est alors, entraîné dans un événement inattendu qui m'a fait sortir de ma transe, que je me mets à penser que ce que j'allais faire du haut de ce toit, était peut-être une bêtise, et que j'aurais pu le regretter...


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Bon, voilà le premier chapitre de <Au bord du gouffre>. 

J'espère que ça vous aura plus, Ô nombreux lecteurs. C'est un peu dark mais quoi de mieux comme thérapie que de lire une histoire sombre pour nous faire relativiser sur nos propres problèmes ? 

S'il vous plaît, prenez en compte pour ce premier chapitre le fait que c'est pas facile à débuter, et que c'est le soir donc mon cerveau peut partir de temps en temps en couilles, comme chaque être humain normalement constitué. Soyez indulgents, attendez la suite, et si vous aimez pas, arrêtez de lire, je ne vous retiendrai pas (promis).  

Je tenais encore juste à spécifier que le concept de base ne vient pas de moi, mais bel et bien de @L8Encre8du8Styx, un auteur que je vous recommande vivement. 

Voilà. Des bisous <3 

Leo

Au bord du gouffreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant