Au bord du gouffre

Chapitre 3

°Gwenaël°

Je suis assis dans une chambre d'hôpital, en attendant que la fille se réveille. Hier soir, les médecins m'ont demandé si je la connaissais, et j'ai légèrement menti en disant que oui, on s'était déjà parlé quelques fois.

Ce n'est pas faux, elle m'a dit deux choses.

Résultat, étant donné que personne ne s'est annoncé pour la voir ou la réceptionner, c'est moi qui lui tiens compagnie jusqu'à son réveil pour ne pas qu'elle reste seule. Ce sont les médecins qui le conseillent, et j'ai accepté, ne voulant laisser cette fille vouée à elle même après ce qu'elle a vécu.

Je suis donc assis sur un fauteuil qui se trouve dans le coin de la chambre où repose celle qui m'a indirectement sauvé la vie. Le destin est parfois joueur, et je ne le comprend pas tout le temps.

Cette fille serait-elle comme moi?

Est-elle également seule, sans personne sur qui compter?

Je m'interrogeais sur ce qui aurait pu la pousser à commettre cet acte, lorsque la porte de la chambre d'hôpital s'ouvre à la volée.

-Eikilou ma chérie!!

Une femme d'âge mûr fait son apparition, accompagnée d'une médecin.

Bon... elle n'est apparemment pas si seule que je ne le pensais alors.

-Excusez-moi jeune homme, qui êtes vous? Me demande la femme avec une pointe de mépris dans la voix, me regardant de haut en bas.

-Je suis celui qui a retrouvé votre fille madame. Je m'approche pour lui serrer la main, mais elle fait semblant de ne rien voir, et se retourne vers la dénommée Eikilou, celle qui m'a sauvé.

-Quand va-t-elle se réveiller vous pensez? Je demande au médecin.

-Hem, excusez-moi, mais maintenant que sa mère (à savoir moi) est là, vous pouvez vous en aller jeune homme.

J'échange un regard avec le médecin, mal à l'aise, qui me lance un regard d'excuse.

J'hésite, et après réflexion, je me rend compte qu'effectivement, je n'ai plus rien à faire ici. Je l'ai ramené, voilà tout. Sa mère est là, tout ne peut que mieux aller pour elle.

-Au revoir madame. Je dis à la mère d'Eikilou, ne négligeant pas la politesse, malgré qu'elle ne me traite comme un moins que rien.

-Au revoir.

Je sors accompagné du médecin.

-Normalement, aujourd'hui dans la journée elle devrait être réveillée. Venez le soir, ce n'est habituellement plus l'heure des visites, mais il nous arrive souvent de faire des exceptions.

-Merci.

Je la salue, et m'en vais à la sortie.

Eikilou? Quel drôle de prénom.

Je sors de l'hôpital et marche sans trop savoir où me mènent mes pas. Je vais attendre le soir pour retourner la voir.

Au tournant d'une allée, étant entré dans une plus vieille partie de la ville, je découvre une petite rue retirée, à l'écart de tout, comme suspendue dans le temps. Je m'arrête devant une vieille bâtisse, dont l'enseigne indique:

" La Bon'thé, café et tea room"

J'entre par la porte, ce qui fait sonner une petite cloche. C'est vraiment un tea room tout mimi. Je m'avance, et vais m'asseoir à une table. Il y a peu de monde.

-Bonjour jeune homme, vous voulez quelque chose à boire ou à manger? Me demande une serveuse.

Je réfléchis et lui répond: