Chapitre 1: Où mon cerveau entre en ébullition...

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 Je m'appelle Leah.

Aujourd'hui, j'ai 27 ans. Ma vie est une succession de gros événements, démarrage d'un job très prenant, découverte de la vie de couple. Tout ça se faisant avec joie, mais avec difficultés aussi. Difficultés que je traverse avec Fred, parfois facilement, parfois de façon un peu moins évidente.

Aujourd'hui j'ai 27 ans, et je me prépare au fait d'avouer à Fred une chose qui peut faire basculer notre vie de couple. Pourquoi aujourd'hui? Aucune idée. Pourquoi faut-il toujours avoir un timing parfait pour avouer quelque chose à son conjoint? Maintenant, avant, il y a 5 ans ou plutôt dans 10 ans, est-ce que c'est vraiment plus cohérent?

Finalement, c'est la même chose puisqu'à ce moment même, je me sens comme... en plein milieu du Stade de France, entièrement nue. Aussi à l'aise qu'un pingouin au Sahara, avec autant d'aplomb qu'une végétarienne dans une boucherie.

Ces 27 ans sont l'âge où j'ai enfin décidé d'assumer quelque chose de bien enfoui. A 27 ans, je décide de le révéler à l'homme qui partage ma vie.

Mais bon sang, Leah, tu vas finir par le dire, nom d'une pipe?

J'ai une attirance pour les hommes ET pour les femmes.

Pas de quoi exciter Mediapart, me diras-tu? Oui, ce n'est clairement pas une révélation de dingue, mais c'est Ma révélation. Ça a été dur pour moi d'arrêter de me voiler la face, il m'a fallu plus de 10 ans pour le faire.

Je l'ai découvert au moment de l'adolescence.

Mets toi à ma place, ce n'est pas si évident, lorsque tu ressens des pulsions sexuelles pour une de tes meilleures amies alors que vous venez toutes les deux d'un milieu où ce n'est absolument pas tendance.

Toutes les réflexions du genre « oui mais toutes les filles sont bi » me hérissent le poil au plus haut point. Non, toutes les filles ne sont pas bisexuelles, parce que l'être c'est aussi avoir des sentiments pour la personne et pas seulement avoir des envies sexuelles ou juste jouer pour exciter les garçons.

Oui, on sait que ça vous excite, et comme nous sommes de grandes manipulatrices, nous jouons avec cette arme redoutable.

Pour ma part, ça ne m'est jamais arrivé à cette époque parce que j'étais en couple avec un autre homme que Fred, et qu'il n'était pas du genre réceptif DU TOUT à ce genre d'allumage en règle.

Et à mon ex, je ne lui ai jamais rien dit. Je ne pouvais pas. Je n'ai jamais ressenti ce moment où tu sais que tu peux tout dire à l'autre, même si tu as peur de sa réaction. Parce que ça fait bien plus mal de lui cacher la vérité.

Fred, lui, allait bientôt avoir connaissance de cette partie de moi, et je croise les doigts pour m'en tirer avec au pire un simple « ok », et au mieux... je ne sais pas. Je ne sais pas ce que j'espère de mieux.

Donc c'est le jour J et j'ai juste envie de... aucune idée. Mon cerveau est vide pour une fois, il fait le même bruit qu'une boîte de conserve avec laquelle un chat est en train de jouer. Ça sonne tellement creux que ma voix à l'intérieur pourrait enfin y trouver un écho. C'est tellement rare chez moi ces moments d'urgence où tout s'arrête. Celles et ceux qui sont comme moi, qui vivent à 1000 pensées minute, pourraient me dire en cet instant « mais profite, espèce de grosse cruche », mais j'en suis incapable. Je suis la cruche de Vianney, mais en pire, remplie de sueur et vide de charisme.

« - Fred ?

- Hm?

- Je crois que je suis bi. »

Non mais Leah, sans déconner, laisse tomber la cruche! « Je CROIS »? Tu crois?! Mais quelle courge... je suis, JE SUIS! Nom de Zeus on n'est pas en attente d'un diagnostic là!

Confessions libertines : le crash testOù les histoires vivent. Découvrez maintenant