ORPHANS OF THE SEAS

8~Ashes of disaster

À bord de l'Hélios.

Nous avions repris la mer dans une ambiance pesante. Personne n'osait parler, les mots nous manquaient mais pas autant que nos compagnons.

Pour ma part, je ressentais une sorte de soulagement, aucun des membres avec qui j'étais le plus proche nous avait quitté. Je me sentais honteuse, mais personne ne pouvait lire dans mon esprit.

Le petit Arone avait lui aussi survécu, par je ne sais quel miracle, cette petite tête d'ange était sacrément coriace.

Le calme régnait à bord de l'Hélios, tout le monde reprenait ses esprits, se soignait, pansait les plaies.

Seuls les cris de Juno résonnaient dans les airs.

Le pauvre, à l'entendre, il devait souffrir atrocement.

Tout le monde évitait de croiser les regards.

Je remontais un cordage qui plongeait dans l'eau, et chaque hurlement de souffrance de Juno me faisait grimacer.

Le soleil était en train de se lever mais la joie n'était pas présente.

Elyo s'était occupé de panser mes plaies quelques instants auparavant, il m'avait entouré la tête d'un bandage.

Après quelques heures à nettoyer le navire, effacer toutes traces du carnage de la nuit, l'équipage était réuni au centre du pont.

Les têtes étaient toutes baissées, nous aurions pu entendre les mouches voler si les gémissements douloureux de Juno ne fendaient pas ce silence pesant.

Alek se tenait devant nous, alors qu'il s'avançait pour monopoliser toute l'attention, des bruits se firent entendre dans la pièce derrière lui.

La porte s'ouvrît sur Juno qui luttait pour rester debout s'appuyant sur elle, Elyo apparue lui aussi en soutenant rapidement son ami.

— Je suis désolé capitaine, mais il ne m'écoute pas, il veut absolument être là pour les adieux.

Mansfield expirait doucement avant de hocher de la tête.

Les deux amis nous rejoignirent l'un appuyé sur l'autre, la douleur déformait le visage du blessé.

Je reportais mon attention sur Alek qui fixait les cieux en se mordant les lèvres, une main sur la nuque et l'autre sur son arme.

Il souffla longtemps avant de prendre la parole.

Il n'avait pas envie d'être là, devant nous, et de porter la voix plus fort que celle que criaient ses amis défunts dans ses pensées.

— Je m'en veux, et je sais que chacun de vous ici présent se haï intérieurement tout autant que moi.

Des larmes discrètes dévalaient sur les joues de certains de mes compagnons.

— Seulement je sais aussi que Jack, Greyson, Endrean, et tous ceux qui nous ont quittés cette nuit, nous demanderaient de continuer d'avancer, pour eux... Nous le leur devons.

Ses mots lui venaient droit du cœur mais lui brûlaient les lèvres, alors que sa voix commençait à vaciller il se ressaisit, tel le capitaine qu'il devait être.

— Ces animaux ne s'en sont pas sorti aussi bien qu'ils le pensaient ! Et si certains d'entre eux sont encore en vie, je doute qu'ils ne puissent remarcher un jour ! N'importe quel équipage qui essaie de prendre l'Hélios en traître coule plus profond que lui ! Alors je vous demande pardon, j'ai été un piètre capitaine, et nous avons perdu une bonne partie de nos hommes, de nos amis, de nos frères... Le voyage ne sera pas limpide et nous perdrons encore des compagnons en chemin, mais ils nous quitteront avec honneurs, amours et amitiés, tels de vrais hommes, libres, tels de vrais pirates !