Chapitre 3: notre hiérarchie

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Déjà à mon jeune âge, j'avais des responsabilités que mes parents me dédiaient, c'est vrai qu'ils étaient toujours à côté de moi pour me guider car, seul, je ne pouvais y parvenir.

On ne comptait que sur la force de nos mains pour subvenir à nos besoins, il fallait alors que dès le bas-âge, cette habitude nous soit inculquée. Cela n'agaçait personne, un enfant qui aidait ses parents était plutôt considéré comme un modèle de sagesse et tout le village en parlait. Les enfants les plus servants entraient dans l'estime des plus âgés, on faisait donc tout pour ne pas les décevoir.

Mon père m'avait appris très tôt à dompter les fauves, à les pister et à les chasser, je ne m'ennuyais jamais avec lui, il m'avait même fabriqué en miniature mes propres flèches à moi et un arc qui me servaient en même temps de jeu et d'entrainement. On avait presque pas de jouets pour les enfants de notre âge, d'ailleurs notre environnement ne nous permettait pas de passer tout notre temps à jouer, la moindre seconde était exploitée de manière efficiente. Les taches s'enchaînaient, on passait d'une occupation à une autre toujours dans la bonne humeur et en chansons.

Toute la communauté s'unissait pour que nos efforts s'imbriquent, on décidait tous ensemble, la hiérarchie était strictement respectée, les vieillards étaient pour nous des bibliothèques ambulantes, ils occupaient la plus haute place dans le village. Les corvées d'eau étaient très épuisantes, les femmes se chargeaient quotidiennement de ce périple qui arrachait très tôt leur jeunesse, elles perdaient souvent toute leur féminité, elles consacraient rarement leur temps à prendre soin d'elles.

Je rends hommage à toutes ces femmes qui sacrifient leurs vies pour nous voir grandir, ma mère ne se lassait de surmonter l'impossible pour nous concocter le repas quotidien, ce n'était pas facile car, il y avait des périodes de disettes où le moindre pain se faisait rare, la sécheresse décimait le plus souvent nos derniers espoirs, les sols devenaient arides, les arbres perdaient leurs allures et les animaux se faisaient rare car, les points d'eau étaient inexistants. Il était donc primordial de faire des réserves dans le grenier qui était au centre du village, chaque habitant avait en ce moment une ration hebdomadaire, laquelle il fallait en faire bonne usage, si on avait été trop gourmand, c'est la famine qui allait le nous rappeler.

Chaque événement se festoyait et tout le village y participait, tout était occasion pour se rassembler, les liens étaient tellement soudés qu'il était rare de trouver des engueulades parmi nous, tout était fait pour que seule la cohésion l'emporte.

Le village n'aimait pas les contacts étrangers mais, il fallait s'y habituer, les ennemis empiétaient petit à petit notre territoire et tôt ou tard une guerre allait finir par mettre l'inimitié entre les peuples frontaliers, la haine murmurait à notre porte.


Le petit guerrierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant