Ecorche moi, brûle moi, mais ne pars pas.

Prologue

[Fantasy — Lauren Spencer Smith]

Naruto Uzumaki.

Hinata n'aurait su dire quand, pour la première fois, ce nom avait volé jusqu'à ses oreilles. Sans doute au detour d'une conversation, quatre ans plus tôt. Peut-être était-ce de la bouche d'une de ces étudiantes à la fac, fascinée par sa galanterie et ses airs de prince charmant tout droit sorti d'un conte pour enfant. Ou alors, était-ce de la bouche des étudiants males, envieux et hypocrites, n'hésitant pas à le lyncher avec des paroles répugnantes une fois qu'il avait le dos tourné. Parce qu'on disait de Naruto Uzumaki qu'il était un jeune homme sympa, mais sans cervelle. Qu'importe où et à quel moment ses tympans avaient capté cet assortiment de consonnes et de voyelles, elle l'avait entendu.

A cette époque, elle était encore loin de se douter que ce jeune homme dont elle ne savait strictement rien, si ce n'est le nom, lui ferait subir des insomnies. Bien loin d'imaginer qu'il hanterait ses pensées, ses songes et son corps. Très loin de croire que le porteur de ce nom deviendrait son petit-ami une fois leurs études finies.

Allongée sur le canapé d'angle de son modeste salon, pièce ou elle passait presque tous ses week-ends, la jeune femme contemplait pensivement l'écran de verrouillage de son smartphone, d'où provenait la seule lumière brisant l'obscurité de la salle. Il était tard. 22h. En temps normal, elle serait entrain de regarder une émission à la télé ou entrain de feuilleter un bon roman à l'eau de rose tout en buvant une tasse de thé fumante. Peut-être aurait-elle appelé sa soeur pour discuter des dernières nouveautés avant de se joindre à son bien aimé pour se câliner de longues heures, mais pas cette fois malheureusement.

   Ce soir, elle admirait la photo qu'ils avaient tous les deux prise l'hiver dernier à la patinoire de Konoha et qu'elle avait mise en écran de verrouillage. 22h et il n'était toujours pas rentré.

Naruto Uzumaki.

   Un nom si beau pour un crétin né, songea-t-elle alors qu'elle passait son pouce sur la goutte qui perlait au coin de son oeil gauche. Il n'y avait rien de plus agaçant que de regarder leur image alors qu'il se faisait de plus en plus rare.

La photo était parfaite. Elle révélait tout du charme ravageur du jeune homme et de sa gaieté. Sa carrure d'athlète, emmitouflée sous une couche de vêtements chauds, ressortait bien sur l'image, de même que son visage à la fois juvénile et viril, dont le nez était fin et droit, sa bouche charnue et tentatrice. Hinata se rappelait très bien de ce jour. C'était leur premier noël en tant que couple. Ses yeux d'un bleu sans pareil s'étaient illuminés devant la caméra alors qu'il la tenait fermement dans ses bras. Et elle, son sourire n'avait jamais paru aussi grand et ses joues aussi roses.

Naruto Uzumaki.

Un nom si beau pour un homme si dédaigneux, pensa-t-elle, les lèvres pincées pour éviter de lâcher un cri. Le silence et la noirceur donnait à Hinata le sentiment d'étouffer. 22h et elle était seule dans l'obscurité, simplement vêtue d'un peignoir.

Avant de succomber à la détresse et d'alerter le voisinage en poussant des cris, la jeune femme soupira un bon coup, libérant au passage l'étau s'étant resserré autour de son coeur martyrisé. C'était encore un week-end long, ennuyeux, vide de sens.

Cela faisait maintenant un an que Hinata et Naruto étaient en couple, un an qu'ils avaient aménagé ensemble, mais aussi un an jour pour jour qu'elle lui appartenait corps et âme. A peu près trois cent soixante cinq jours qu'elle était sa prisonnière, le Grand Prix de sa lutte acharnée contre ses rivales, le trophée qui donnait de l'éclat à cette maison qu'il avait hérité de ses grands-parents.