FROZENGARDEN : The girl with a secret

2. Le destin fait bien les choses

AILINN

La lune éclairait de sa douce lumière le chemin sinueux sur lequel marchaient Ailinn et Kuro. Cela faisait à peu près trente minutes qu'ils marchaient et la jeune fille commençait à s'épuiser. Elle n'avait pas arrêté de poser des questions depuis qu'elle était avec le jeune homme, tant elle était excitée.

« Alors, où est-ce qu'on va ? avait-elle demandé toute souriante. Est-ce que c'est loin d'ici ? Vous vivez seul ?

— Tu peux me tutoyer et arrête de poser trop de questions, lui avait-il répondu tout en continuant à regarder devant lui.

— Désolée. »

Ailinn avait alors cessé de parler — non sans regret — et en avait profité pour analyser Kuro de plus près. Il ne parlait pas beaucoup, pour ne pas dire jamais. Elle ne l'avait pas remarqué tout de suite mais ses vêtements n'étaient pas tachés de sang malgré le fait qu'il ai tué trois personnes. 

« Il doit être très habile » 

Même s'il était froid les quelques fois où il déniait répondre à ces questions, il ne semblait pas lui vouloir du mal; mais son silence n'en resta pas moins malaisant.

Toutefois, elle ne voulait pas prendre le risque de l'énerver avec ses questions, car elle ne savait pas de quoi il était capable et il pouvait s'en prendre à elle au moment où elle s'y attendrait le moins. Mais en réalité il était bien trop tard pour s'inquiéter. Elle avait fait son choix, il fallait maintenant en assumer les conséquences.

Ils restèrent silencieux comme depuis le début de leur départ de la demeure des Frozengarden. Même si la mort de sa famille l'affectait moins qu'elle l'aurait pensé, Ailinn éprouvait une profonde tristesse mêlée à beaucoup de regrets. Elle aurait tellement voulu que tout se passe autrement. 

Pourquoi ne l'avaient-ils jamais accepté comme elle était ? 

Elle avait été rabaissée tellement de fois qu'elle en était venue à se blâmer pour des choses qui n'étaient guère de sa faute. Lorsque ses parents la grondaient, elle se disait qu'ils avaient raison d'agir ainsi. Et quand sa sœur la critiquait, elle croyait toujours qu'elle disait vrai et elle se renfermait sur elle-même. 

Mais cette mentalité avait changé le jour où Ailinn s'était rendue compte que c'était la seule qui était traitée de la sorte. Les quelques fois où elle était sortie en ville, elle avait vu la façon dont les parents regardaient leurs enfants avec amour et affection. Seule sa famille la regardait avec autant de dédain, seule sa famille était dysfonctionnelle.

Même les livres qu'elle lisait illustraient de bonnes familles avec un foyer sain. Pas comme ses parents qui se disputaient pour les choses les plus insignifiantes. Pas comme Mary qui cherchait toujours à attirer l'attention sur elle et l'utilisait pour lui faire porter le chapeau pour toutes les bêtises qu'elle faisait.

Les gens pouvait faire preuve de bien plus de cruauté qu'elle ne le pensait et même si elle faisait tout pour rester debout, ce n'était pas ce faible courage qui allait la sortir d'affaire. Les minces fois où elle avait réclamé ses droits, son père et sa mère l'avait traitée de rebelle et cela n'avait eu pour effet que d'énerver davantage sa famille plutôt que de les faire se rendre compte qu'elle était malheureuse ainsi.

Les larmes lui montèrent aux yeux et sa vue s'embua, mais elle les ravala et se ressaisit. C'était terminé à présent, il fallait qu'elle essaye de passer à autre chose.