Chapitre 2

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   J'ai fini par m'assoupir sur la pierre froide et humide mais au lieu de me procurer l'apaisement qu'offre le sommeil en tant normal, je me retrouve à mon réveil encore plus mal qu'auparavant. Des sueurs froides me parcourent le corps entier, dressant mes poils et laissant sur ma peau une chaire de poule désagréable.

Je n'avais plus tôt pas totalement pris connaissance de mon état mais il se trouve que j'ai été dépouillé de toutes mes armes, de mon casque, je mon gilet par-balle, de mes chaussures ainsi que de tout mes vêtements à l'exception de mon sous vêtement.

Je découvre également qu'en plus de mon mal de tête qui n'est, à mon grand dame, pas passé, je suis parcouru de crampes et de courbatures. J'ai quelques coupures sur le visage et les poignets, du sang séché a coulé sous mon nez jusque sur mon menton et une blessure dans la bouche m'a laissé son goût gênant. J'ai également une bosse à la base de la tête, en haut de ma nuque mais sinon, à part quelques hématomes, je me porte physiquement bien.
Le pire reste la faim et la soif qui me tiraillent toujours les intestins. Je me racle vainement la gorge, tentant de récupérer un peu plus de salive mais je suis complètement sec.

Je m'avance jusqu'à la barrière et penche la tête autant que les barreaux serrés peuvent me le permettre. J'aimerai tellement voir réapparaître la jeune femme avec son plateau de thé et cette fois peut-être, un peu du pain dont elle porte si bien l'odeur.

J'ignore combien de temps il s'est écoulé depuis l'attaque mais j'espère en tout cas que tout mon bataillon s'en est bien sorti et est rentré à la base. Je sais à quel point il est dangereux de songer à eux, surtout en vue d'un prochain interrogatoire. Il est évident que mes ravisseurs ne m'ont pas enlevé pour rien et que bientôt, ils viendront chercher des renseignements sur les miens. Penser à eux est trop risqué, je pourrai livrer des informations sans le vouloir. D'autant plus que les imaginer encore tous en vie pourrait intensifier la douleur lorsque j'apprendrai que certains d'entre eux sont morts. Car autant que j'arrête de jouer les naïfs, je l'ai déjà bien trop été.

La porte, en s'ouvrant, laisse passer son grincement si spécifique et j'oublie bien vite mes résolutions en me mettant à espérer. Je souhaite alors tant qu'il s'agisse de la jeune musulmane avec un repas chaud. Ou mieux encore, les miens. Avec un sandwich! Je donnerai tant pour un sandwich bien de chez moi.

Mais toutes mes espérances tombent rapidement à l'eau lorsque j'entends deux hommes parler en arabe.

Les deux terroristes apparaissent sereins et confiants, la bedaine de l'un si proéminente que ça en ait impression, les muscles du second encore plus inaccoutumé.

Ils abordent tout deux une barbe plutôt longue, foncée et crépue et je m'imagine tirer dessus assez fort pour qu'elles s'arrachent, emportant leurs mâchoires avec.

Une haine que je ne me connais pas me surprend et je me retiens de grincer les dents. A la place, je me lève et bande mes propres muscles. J'ignore les courbatures, les crampes et la faim. Ces hommes sont des monstres, leur cruauté est visible dans leurs regards sombres et je refuse de me laisser faire. Sans vanité, je n'ai jamais douté de mon courage mais à l'instant présent, je lui trouve une force plus puissante que jamais.

En me voyant ainsi, les poings serrés, les deux hommes éclatèrent de rire, intensifiant ma colère.

—Allons jeune homme, me dit l'homme en surpoids dans un anglais à l'accent fort prononcé, tu n'as pas besoin de te mettre dans des états pareils. Nous souhaitons juste te poser quelques questions.

Je ne réponds rien. Ça n'en vaut pas la peine.

A la place, j'établis mes chances de réussite lors d'un combat. Ils sont deux, je suis seul et affaibli. Ils ont sans nul doute l'une ou l'autre arme caché sur eux ainsi qu'une querelle de renfort derrière la porte grinçante. Je suis sans aucun doute en très mauvaise posture mais pourtant, je refuse de me laisser aller à la peur.

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