Chapitre 6 : Les bénéfices d'un meilleur ami

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Corey

C'était le moment le plus gênant de toute ma vie. Moi assis sur le lit de l'infirmerie et Levon en face de moi, posé sur le bureau de l'infirmière. Je triturais mes doigts nerveusement, alors que le garçon en face de moi n'avait pas bougé d'un millimètre et avait braqué son regard sur moi. Le silence s'installait et s'allongeait et j'avais déjà l'impression que ça faisait des semaines qu'on était enfermé dans cette petite pièce. Taylor ne devait pas être aussi collant que ça...

Je soufflais en tournant la tête vers la fenêtre. Il faisait déjà nuit, et j'avais raté l'heure du dîner. Génial... Mon premier jour au pensionnat n'était pas le meilleur. Dès que Levon m'aurait ramené dans ma chambre, je promettais que plus jamais je ne quitterai Roméo d'une semelle, et que j'éviterai à tout prix Levon.

- J'ai lu que tu avais redoublé.

Je me figeai en entendant la voix sérieuse de l'adolescent en face de moi, venir briser le silence lourd de la pièce. Il avait lu ? Je serrais les poings, jusqu'à présent je n'avais dit à personne que j'étais redoublant, et je ne voulais d'ailleurs le dire à personne. Embarrassé, je me grattais la nuque en baissant les yeux pour regarder mes baskets.

- Si tu pouvais le garder pour toi, ce serait cool.

- Je ne voyais pas l'intérêt de parler de toi avec quelqu'un d'autre de toute manière.

Sa réponse me fit froncer les sourcils. Il était vraiment obligé de me répondre aussi froidement ? Je soupirais en décidant de l'ignorer. J'avais l'habitude de toujours être gentil et sociable avec les gens mais ça s'avérait vraiment difficile avec lui... Il ne me facilitait vraiment pas la tâche.

- Les cours viennent de débuter. Cette fois-ci ne prend pas de retard.

Je lui lançais un regard noir en haussant les épaules. Pour qui se prenait-il pour me donner ainsi des ordres depuis tout à l'heure ? J'en avais vraiment ma claque.

- Ne t'en fais pas. Je sais très bien ce que j'ai à faire ou non, crois-moi.

Il acquiesça en silence son regard bleu toujours braqué sur moi. Mais cette fois, j'affrontai son regard. J'en avais ma claque de ce président des élèves.

J'allais rajouter quelque chose pour lui montrer que je ne ferais pas partie de la bande de groupies qui le suivait partout toute la journée, lorsque la porte s'ouvrit. On se retourna tous les deux dans un même mouvement pour voir un jeune homme aux cheveux châtains. Il arborait un grand sourire et nous salua tous les deux en entrant dans la salle.

- Mr Lautner ! Comment puis-je vous aider ?

- Oh, ce ne sera pas nécessaire au final, Mr Hillsdale. Mon ami ici présent ne se sentait pas bien, mais il m'a fait comprendre très clairement qu'il savait se débrouiller seul, répondit Levon en faisant un sourire poli à l'infirmier du pensionnat.

J'avais très bien entendu la touche d'amertume dans ses paroles, mais je l'ignorais en me levant du lit, à mon tour.

- Effectivement. Je me sens beaucoup mieux maintenant. Je n'ai pas besoin d'aide, j'ai toujours su comment me débrouiller par moi-même. Monsieur le Président est tellement avenant, qu'il a cru - faussement - devoir jouer les héros.

Je tournais la tête à ma droite pour rencontre le regard froid de Levon qui n'avait pas perdu son petit sourire poli. On se regarda en chien de faïence pendant de longues secondes avant d'être interrompu par l'infirmier :

- Bien. S'il n'y a pas de problèmes, alors je vous souhaite à tous les deux une très bonne soirée.

On sortit de la petite pièce en remerciant l'infirmier dont j'avais déjà oublié le nom. Puis, Levon me guida jusqu'à mon dortoir dans le plus grand des silences. Je faisais bien attention de regarder correctement l'endroit pour ne plus devoir subir ce genre de situation. Arrivés devant nos portes respectives, on se contenta d'un dernier regard avant d'entrer dans nos dortoirs.

Shy LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant