Kaori devait accoucher d'un jour à l'autre. Pourtant tout au long de sa grossesse, avec son époux Ryō, ils n'avaient jamais cessé de partager une certaine forme d'intimité charnelle. Sans aller jusqu'à la fusion des corps, il existait tellement de manières différentes de partager les plaisirs de la chère.
Ils étaient justement en train de vivre un instant de haute félicité, leurs paumes et leurs doigts égarés sur les lieux délicieusement névralgiques de leur partenaire.
— Oh, Kaori ! Si tu savais ce que tu es douée avec ta main, gémit Ryō au bord de l'extase.
Qu'il vénérait encore et toujours autant d'aimer et d'être aimé par sa tendre épouse. Et il s'estimait chanceux qu'elle ne refuse pas, et même que de sa propre initiative parfois, elle recherche encore ces parenthèses enchantées. Ils dérivaient à l'unisson vers un autre espace-temps où seul l'exaltation des sens régnait en maître et ce, malgré sa condition physique de femme enceinte étant parvenue presque à son terme, ce qui ne facilitait pas la manœuvre.
Mais alors, dans un désir irrépressible de communier plus encore avec son épouse, il voulut sceller sa bouche à la sienne, mais il demeura à la porte de ses lèvres résolument pincées. Coupé dans son élan, et quelque peu éberlué, il se recula légèrement pour la toiser.
— Mais... Kaori ? Qu'est-ce qu'il te prend ? lui demanda-t-il, abasourdi.
— Ne t'occupe pas de moi ! Continue, geignit-elle, les paupières tout aussi closes et crispées que sa bouche.
— Tu as mal ? voulut-il tout de même en avoir le cœur net.
Ils étaient censés partager un moment agréable pour tous les deux. Pas que l'un prenne son plaisir aux dépens de l'autre qui paraissait souffrir le martyr...
Cependant en retour, elle le fixa d'un air atterré.
— Mais non, idiot... déplora-t-elle. J'essaie juste de ne pas faire de bruit.
— De... quoi ? s'ahurit-il de plus belle, les yeux en billes. Mais... Mais... Mais... De... Pourquoi ?
— Rha ! Tu m'embêtes ! ronchonna-t-elle.
Elle détourna le regard de l'autre côté, visiblement embarrassée, et ne pipa mot...
Ryō, enveloppant sa joue opposée d'une main aimante, ramena le visage de sa tendre épouse vers lui pour plonger son regard affectueux dans le sien.
— Qu'est-ce qu'il se passe, Kaori ? Tu sais bien que tu peux tout me dire, voyons... lui assura-t-il d'un ton compatissant.
Elle souffla par la bouche, la mine désolée... Il la sentait encore hésitante à livrer son secret.
— Si tu ne prends pas de plaisir, tu peux me le dire... insista-t-il donc. Le bébé sera bientôt là et occupe pas mal de place. Je comprendrais que cela perturbe le fonctionnement de ton corps. Et je refuse de toute façon de continuer si toi, tu n'y trouves pas aussi ton compte, déclara-t-il d'un ton catégorique.
Devant tant de gentillesse et de compréhension, dans un soupir de résignation, Kaori ne se sentit plus de lui dissimuler la cause de sa curieuse attitude.
— Non ! Ce n'est pas ça ! Au contraire ! Je ressens toujours autant... Enfin... se coupa-t-elle en rougissant d'avouer à quel point elle aimait les caresses intimes de son mari et en tirait un extrême contentement. En fait... C'est juste que... (Elle baissa la tête, un peu honteuse d'elle-même d'avoir de telles considérations susceptibles de lui sembler absurdes, mais lâcha tout de même le morceau.) Que je ne voudrais pas que le bébé m'entende... termina-t-elle d'une toute petite voix, la mine penaude.
Les yeux de Ryō s'agrandirent et clignèrent d'hébétude avant que sa bouche ne se mette à trembloter. Il semblait statufier sur place... Il n'y avait que ses lèvres qui s'entêtaient à frémir sous les prunelles de plus en plus inquisitrices et interrogatives à la fois de Kaori...
— Ryō, tu ne dis rien ? s'enquit-elle d'une réaction de sa part qui ne venait pas pour une raison qui lui échappait encore.
Elle le vit prendre une longue inspiration, avaler sa salive avec difficulté, remuer sa mâchoire inférieure de gauche à droite comme si ses muscles avaient besoin d'être détendus... Puis une larme perla du coin externe de son œil gauche.
— Voilà ! rouspéta aussitôt Kaori, l'air blasé, en croisant les bras sur sa poitrine, car la lumière s'était faite dans son esprit, et elle saisissait le sens du manège de son époux. C'est pour ça que je ne voulais rien te dire ! Mais, c'est bon, j'ai compris ! Alors vas-y, moque-toi ! Seulement ne viens plus jamais me soutenir que je peux tout te confier ! Crétin, va !
Et de colère, elle le repoussa alors que le violent fou-rire que Ryō avait tenté de toutes ses forces de réprimer au fond de sa gorge en jaillissait telle l'éruption explosive d'un volcan. Il tomba à la renverse sur le lit et se tint les côtes d'avoir l'impression que sa cage thoracique allait se disloquer sous le coup de son incontrôlable, mais non moins destructrice hilarité.
De toute évidence, l'instant de pure volupté qu'ils partageaient était bel et bien gâché, convint avec elle-même Kaori, dans une moue boudeuse.
Elle se redressa alors brusquement, et pivota tout aussi abruptement pour déserter le lit conjugal. Il était hors de question qu'elle demeure une seconde de plus dans la même pièce que son idiot de mari tant qu'il se moquerait d'elle avec autant d'application...
Seulement, une fois en position assise au bord du lit, et les mains en appui de chaque côté du corps, elle ne se leva pas, et au contraire, resta prostrée, le regard agrandi, la mine pétrifiée.
Dans son dos, son mari ne remarquait pas son étrange posture, toujours trop occupé à s'esclaffer à gorge déployée.
Le manège perdura encore un moment avant que Kaori, conservant sa posture stationnaire, l'interpelle.
— Ryō...
— Ha ! Ha ! Ha ! Ha ! Oui ? Qu'est-ce qu'il y a ? Oh pardon, ma chérie ! tentait-il de se reprendre mais à grand peine. Je te promets que je vais me calmer, mais... Rhi, rhi, rhi... C'est trop drôle ! se tordait-il donc encore...
— Ryō... répéta-t-elle d'un ton trop sérieux et coincé pour ne pas modérer quelque peu la gaieté soutenue de son partenaire.
— Ouh ! Ouh ! Ouh ! fit-il en essuyant du bout des doigts les larmes sous ses yeux, et en se redressant légèrement sur un coude pour regarder sa femme qui lui tournait le dos. Que se passe-t-il ? s'enquit-il, une fois recouvré suffisamment de la maîtrise de sa personne.
— Ryō... geignit-elle alors plus éplorée que jamais. Je suis en train de perdre les eaux...
— QUOI ? en hurla Ryō, les yeux quasi exorbités. C'est une blague ? Tu es en train de te venger, c'est ça ?
— Non ! Espèce de crétin ! s'indigna-t-elle en s'emportant.
Comme si c'était le moment qu'il rajoute une couche sur l'autel de la piètre considération qu'il avait encore parfois de sa personne. Elle tourna la tête autant qu'elle le pouvait vers lui pour le fusiller d'un regard noir avant de l'invectiver :
— Tu crois vraiment que je plaisanterais sur un sujet aussi grave ? Non ! Certainement pas ! Alors bouge tes fesses, et aide moi ! Parce que je vais accoucher... maintenant !
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City Hunter : Fugue en "Aïe" Majeur
FanfictionL'heure a sonné pour Kaori et Ryō de devenir parents. Mais aurait-il été normal que tout se déroule sans encombres ? ----------------------- DISCLAIMERS Ce récit est une fanfiction écrite dans un but de divertissement, et non commercial ni lucratif...