Chapitre 4 - Pas au bout de ses peines

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— Je te hais vraiment, Ryō ! Je n'ai jamais vu un plan d'évasion aussi foireux de toute ma vie ! meuglait une Kaori décomposée alors qu'ils avaient regagné la Cooper Mini non sans rencontrer quelques autres difficultés. Je t'en ficherais moi du nettoyeur numéro 1 du Japon ! Je suis sûre que même Mick s'en serait mieux sorti que toi malgré son handicap !

— Rho ! Ça va ! Je sais ! la rabroua Ryō qui avait démarré et s'était insinué dans la circulation à une vitesse raisonnable pour leur éviter d'autres désagréments du genre. Mais regarde ! Tout est arrangé ! On est en route pour la clinique, oui ou non ? Et je respecte le code de la route, tint-il à appuyer sur ce point.

— Moui, maugréa la future mère, dont le ressentiment était cependant palpable.

— Allez, essaie de te détendre. Nous y serons dans dix minutes maximum, tenta-t-il de la consoler de ses peines dont il était en grande partie responsable.

Il en avait conscience.

— Me détendre alors qu'on est en train de me creuser une piscine olympique dans le ventre à coups de marteau piqueur ? Je voudrais bien t'y voir, toi ! continua-t-elle à grogner.

— Je sais ce que c'est que d'endurer d'atroces souffrances physiques, ma chérie, alors crois-moi quand je te dis que je compatis vraiment, lui assura-t-il en caressant tendrement du dos de la main sa joue en signe d'apaisement et de repentir.

Elle le dévisagea alors surprise, prise au dépourvu par sa répartie. Mais oui, se désola-t-elle pour lui. Comment avait-elle pu occulter cet affreux épisode de sa vie quand son propre père lui avait administré une drogue puissante, l'Angel Dust, et qu'il avait survécu à ses effets dévastateurs au prix de mois de supplices tant moraux que corporels indicibles ?...

— Je... Pardon ! s'excusa-t-elle de son égoïsme.

En vérité, elle n'était pas la seule à subir cette situation. Lui aussi allait devenir parent pour la première fois, et il y avait de quoi l'appréhender et en perdre ses moyens.

— Je suis désolée, Ryō, d'avoir été aussi dure avec toi, regretta-t-elle encore.

Ryō, percevant l'accablement sincère de son épouse, souhaita la dédouaner, car il était vrai qu'il n'avait pas vraiment brillé par ses talents habituels depuis qu'elle lui avait annoncé avoir perdu les eaux. Il avait paniqué face à des événements qui lui échappaient complètement et avait tout fait de travers. Mais il comptait bien se rattraper et la soutenir comme elle le méritait.

— Mais non, ma chérie ! la tranquillisa-t-il donc en serrant d'une main réconfortante la sienne. Ce n'est rien. Allez, tu vas voir. Tout va bien se passer maintenant. Et le Doc va bien prendre soin de toi et du bébé ! Tu verras, demain, toutes ces aventures ne seront plus qu'un mauvais souvenir...

Mais en retour, dans un bref coup d'œil sur elle, il constata qu'il n'avait pas franchement obtenu l'effet escompté sur sa femme dont le visage venait de se statufier dans une expression d'effarement. Qu'avait-il encore fait ou dit de mal ? s'interrogeait-il dans une moue boudeuse.

— Qu'est-ce qu'il se passe, ma chérie ? lui demanda-t-il innocemment pour en avoir le cœur net.

S'il s'était attendu à une telle réponse ! Au ralenti, elle pivota une tête toujours aussi angoissée vers lui avant de déclarer :

— Ryō ?

— Oui ?

— Le bébé... Il arrive...

— QUOI ? hurla Ryō en faisant un bond de quinze mètres derrière son volant, tout comme la Mini sur la route.

— Arrête-toi ! Arrête-toi ! Arrête-toi ! lui enjoignit-elle, totalement affolée. Je sens sa tête entre mes cuisses !

City Hunter : Fugue en "Aïe" MajeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant