Chapitre 1

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Un petit point rouge brille au milieu de la nuit calme et sombre du 25 avril 1969. Un homme accroupi fume une cigarette en observant un pont à l'aide de ses jumelles, perché sur une petite colline. A quelques mètres de lui, un petit groupe d'hommes adossés contre des arbres discutent.

- Pourquoi on est là ? demanda l'un des hommes, petit et rondouillard. Je veux dire, quel est l'intérêt de faire près de 4000 kilomètres pour... Quoi au final ? C'est quoi le plan déjà ?

- Putain mais tu retiens vraiment rien Gros Tony, c'est vraiment inquiétant, lança un autre, plus grand et fin, arborant une magnifique moustache. Le plan, c'est d'abord étudier le terrain afin de préparer un rendez-vous avec ces cons de Québécois. Ensuite, on les rencontre et on leur fait passer ce faux tableau qui vaut pas mal de fric, et eux se retrouvent baisés. C'est aussi simple que ça.

- Et c'est qui ces mecs déjà ? demanda d'un ton naïf le quatrième homme à l'homme aux jumelles.

- Ces mecs, répondit l'homme aux jumelles en se relevant, c'est des cons de Québécois, comme l'a dit L'autre Tony. Mais plus précisément, c'est les frères Dubois, du Clan Dubois. Astucieux n'est-ce pas ? C'est une fratrie de 9 frangins qui font des petits trafics depuis qu'ils sont tout jeunes, et qui pensent être les patrons de Montréal toute entière alors que c'est limite si ils dirigent leur propre quartier Saint-Henri.

- C'est bien ce que je dis, pourquoi on se fait chier à traverser tout le pays pour vendre un faux tableau alors qu'on aurait pu le faire à la maison ? lança Gros Tony en s'énervant. C'est pas ce qui manque des abrutis là-bas.

- Le truc c'est que ce fameux Clan Dubois, il fait affaire de temps à autre avec Vincent Cotroni. Et notre petit Vic Cotroni, c'est lui qui gère la mafia montréalaise, et il bosse pour nul autre que Joseph Bonanno, un des cinq parrains de la mafia New-yorkaise. Et accessoirement une famille rivale. A l'autre bout du pays certes, mais rivale quand même. Alors si on peut se payer la tête de tout ce petit monde et leur piquer un max de pognon, ce serait un très bon coup pour notre famille.

- Hum... Je vois. Du coup, c'est quoi les détails ?

Les quatre hommes se situaient sur une colline au milieu de la Cornwall Island, une petite île située sur le fleuve Saint-Laurent. Cette petite île est traversée par le Seaway International Bridge, pont qui traverse la frontière et relie les États-Unis au Québec, se situant à une petite centaine de kilomètres de Montréal, territoire du Clan Dubois. Le Clan Dubois était composé de neuf frères : Raymond, le cerveau et assassin notoire. Jean-Guy, qui s'occupe de l'extorsion des petits commerçants de leur quartier. Normand et Rolland, les deux gros bagarreurs du clan. Claude, qui dirige un club de strip-tease ainsi que des bars. René et Maurice sont les comptables de la famille et gèrent la gestion des différents trafics. Jean-Paul lui est proxénète et contrôle une partie des réseaux de prostitution de la ville. Le dernier, Adrien, s'occupe du trafic d'héroïne dans plusieurs quartiers. Ils sont régulièrement accompagnés par des amis de la famille, quelques petites frappes du coin.

Le jeune homme aux jumelles jeta sa cigarette et se dirigea vers la voiture. Il ouvrit le coffre et saisit une carabine R700, puis s'installa sans dire un mot, observant le pont face à lui. Le lendemain soir, en plein milieu de la nuit noire, un van gris ainsi qu'une Ford Shelby Mustang 66 noire et rouge étaient garés au milieu du pont. Deux hommes attendaient debout devant les véhicules, les bras croisés pour l'un, l'autre tenant un cadre de taille moyenne. Un troisième homme attendait dans l'obscurité à l'arrière de la voiture allumant cigarette sur cigarette. Quelques minutes passèrent et des phares approchant se firent remarquer. Une voiture arriva enfin à leur rencontre. Six hommes armés descendirent.

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