Septième Lune

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​Plusieurs mois passèrent depuis le retour de l'élu au clan de la Lune. Au retour de Yuna, les avis étaient mitigés. Beaucoup étaient heureux de la revoir en vie, tandis que d'autres espéraient qu'elle soit puni aussi sévèrement qu'il serait nécessaire. Puni, elle l'a été. Yuna avait interdiction de quitter le territoire et, ce, sous aucun prétexte. Elle était contrainte à passer ses journées à s'entrainer comme une dingue tous les jours, de l'aube jusqu' à la tombé de la nuit, tout en étant étroitement surveillé. Tous ses déplacements étaient minutieusement contrôlés. Crow, quant à lui, avait été désigné pour être son garde du corps et chaperon, ne la quittant pas une seconde. Depuis évènements dans la clairière, Yuna n'avait pas dit un mot. Elle n'était plus que l'ombre d'elle-même. Elle restait muette, insensible, indifférente et docile. Elle obéissait à tous ce que l'on lui disait sans rien dire et gardait une expression maussade du matin au soir.
Après une énième séance d'entrainement, Yuna était ramené à la tanière des Alphas par Crow. A leur arrivé, le couple régent vint les accueillir, mais Yuna passa à coté d'eux sans un mot et rejoignit ses quartier, comme à son habitude. Ses parents ne purent que la regarder disparaitre dans un couloir, attristé par la situation de leur fille et chagriner de ne rien pouvoir y faire. Orion soupira profondément.
- Aucun changement à ce que je vois, souffla l'Alpha.
- Non, Monsieur, acquiesça Crow, désolé.
- Orion, ne penses-tu pas que nous pourrions -, tenta Nyméria.
- Non, Nym, proteste le père. Nous en avons déjà discuté. Yuna doit respecter la volonté de notre mère Lune. C'est son devoir et elle semble enfin s'y être résolue.
- Mais Orion ! Notre fille est malheureuse, renchérit la mère. Elle ne sourit plus, ne parle plus et ne mange presque plus ! Je t'en prie, réfléchis-y un instant. Je voudrais revoir le sourire de notre fille une dernière fois avant de la perdre.
Les mots de Nyméria ne tombèrent pas dans l'oreille d'un sourd. Orion se rappela que dans quelques jours, il perdrait sa fille. Tuée par le loup noir ou absorbé par la Lune, le résultat était le même. Yuna allait disparaitre et il n'y avait rien pour l'empêcher. Même en l'ayant sut ces 20 dernières années, Orion ne pouvait empêcher son cœur de se serrer devant cette fatalité.
Des images d'un passé lointain lui reviennent. Il se revoit, petit, devant cette même tanière. Il attendait. Il attendait la venue des Alphas, qui en sortent quelques secondes plus tard. Il leur sourit et ils lui sourirent à leur tour. Le grand loup gris s'avança vers lui et tapota sa petite tête de son immense patte avant de le dépasser. La grande louve s'avança ensuite et vint lui lécher la joue avant de rejoindre son époux. Petit Orion regardait ses parents s'éloigner avec admiration et fierté. Puis, un voile sombre passa sur ce souvenir pour en découvrir un autre. La pluie coulait à flot. Orion, du haut de ses 20 ans, se tenait face à l'entrée de la grotte, laissant l'eau tremper son pelage et nettoyer le sang sur ses pattes et autour de sa bouche. Devant lui, dans la tanière, des loups s'affairaient autour de deux autres, allongés et immobile sur un sol bordeaux. Alors qu'il observait la scène, il sentit deux présences derrière lui. En se retournant, il croisa les regards désolé de sa petite amie, Nyméria, et de son ami d'enfance, Mordock. Leur simple présence fit monter les sanglots du jeune héritier, qui se mit à pleurer de douleur et de désespoir. Entouré par ces deux camarades, Orion laissa ses larmes être emportés par la pluie, alors qu'un autre loup poussa un loup hurlement, annonçant le décès des Alphas, proclamant Orion en temps que nouveau roi. Les jours qui suivirent l'assassinat des parents d'Orion, ce dernier maudissait nuit et jour la louve responsable de ce massacre : l'Etrangère.
La douleur de perdre sa famille n'avait jamais quitté le jeune roi et, à présent qu'il allait perdre sa fille, cette douleur lui reprit le cœur et les larmes gagnèrent ses yeux. Orion quitta alors la tanière sans un mot, sous le regard triste de son épouse et amie. Nyméria le laissa partir, consciente de ce que son partenaire pouvait traverser. La louve poussa un long soupire avant de poser un regard bienveillant sur Crow.
- Jeune loup, j'ai bonne espoir que rien ne soit perdu, explique-t-elle. Je pense que tu devrais t'entretenir avec ma fille.
- Madame, répond Crow. Avec tout mon respect, je ne pense pas pouvoir changer grand-chose.
- Je pense que si, contredis la louve. Tu es son ami d'enfance, son plus fidèle allié et son confident. Je sais de quoi je parle quand je te dis que la présence d'un ami est très importante et peut tout changer lorsque l'on passe des moments très difficiles.
- Yuna doit me détester après ce que j'ai fait.
- Parles-lui malgré tout, Crow. Même sans te répondre, je sais qu'elle t'écoutera. Elle tient beaucoup à toi, tu sais ? Jamais elle ne te haïra complètement, lance Nyméria en quittant la tanière pour rejoindre son époux.
Prenant son courage par la gueule, Crow se dirigea vers les quartiers de Yuna. La louve blanche était allongée sur le flanc, dos à l'entrée. Le jeune loup s'approcha doucement, sans pour autant dissimuler sa présence. Il voulait qu'elle sache qu'il était là, près d'elle, pour elle. Il s'assit à un mètre d'elle et observa son flanc se soulever au rythme de sa respiration, bien trop rapide pour qu'elle puisse dormir. Crow resta là, en silence, à attendre que son amie réagit. Il aimerait entendre sa voix à nouveau, même pour l'entendre lui hurler dessus et lui dire qu'elle le déteste, qu'elle ne veut plus jamais le revoir. Mais, rien. Yuna restait allongée, immobile, et Crow l'observait tristement sans un mot. Au bout de quelques minutes, le loup gris soupire doucement, en se rappelant des mots de Nyméria, et tenta :
- Yuna, je sais que tu m'en veux pour ce qui est arrivé il y a quelques mois, mais j'aimerai que tu sache que on ne m'a pas laissé le choix, mon père ... Tu sais que je l'admire depuis toujours et te retrouver était pour mois l'occasion de lui prouver que j'en valais la peine, qu'il soit fière de moi.
Aucune réponse. Crow continua malgré tout. Qu'elle l'écoute ou pas, à ce stade, il s'en fichait, il avait besoin d'en parler et il n'avait qu'elle pour écouter.
- Ce jour là, quand je suis rentrée au clan, mon père m'a prit à part. Au début, je pensais qu'il allait s'en prendre à moi pour ne pas avoir tué le loup noir et pour t'avoir exposé au danger, mais, au lieu de cela, il m'a félicité. Il m'a félicité pour avoir accompli mon devoir et pour ne pas m'être abaissé au niveau de ces barbares de loups sombres en tuant leur élu. Mon père ne m'as jamais félicité auparavant et je m'en sens si fière mais ... Quand je te regarde, je ne ressens que culpabilité. J'ai l'impression de t'avoir trahi.
Toujours rien. Yuna ne bouge pas. Seulement, alors qu'il  parlait, Crow avait remarqué que les oreilles de la louve blanche s'était lentement tournées vers lui. Elle l'écoutait. Il continua alors.
- Yuna, si tu savais à quel point je me sens coupable. Je t'ai enlevé celui que tu aimes par arrogance, jalousie et égoïsme. Je m'en veux tellement que je dors mal, je mange peu. La culpabilité de t'avoir fait me tue à petit feu. Je suis vraiment un idiot ... quel genre d'ami suis-je ? Mon orgueil t'a blessé et c'est à cause moi que tu es dans cet état. Tout est de ma faute.
- LA FERME !
Crow n'eut pas le temps de réagir qu'il fut plaqué au sol. Au dessus de lui, Yuna le regardait avec rage, des larmes se pressant aux coins de ses yeux, glissant le long de ses joues, avant d finir leur course sur le visage de Crow. Ce dernier ne disait rien, les yeux grands ouverts, surprit de se retrouver face à Yuna, qui n'avait pas fait mouche depuis des mois.
- Je refuse que tu te blâme pour ça !, s'exclame Yuna. Ne comprends-tu pas ? Tout est de MA faute, pas de la tienne. Tu n'as rien avoir dans cette histoire ! i je n'étais pas parti, rien de tout cela ne serait arrivé. Je suis vraiment bonne à rien ! Le clan attend de moi que je les sauve, mais je ne leur ai causé que des ennuis. Je ne suis pas digne de ces pouvoirs, de ce titre. Je ne le mérite pas. Je ...
Yuna prit un temps pour réfléchir en s'éloignant de Crow pour s'asseoir à quelques pas de lui. Le loup gris se redressa alors, sans quitter son amie des yeux.
- Je suis tellement désolé Crow, pardonne-moi, sanglota Yuna, tête basse. Si je n'avais pas été l'élu, juste une louve normale, je t'aurais aimé, je t'aurais donné l'attention que tu mérite, mais je ne peux pas. Pardonnes-moi, Crow.
Crow ne dit rien et se contenta de se rapprocher d'elle et de s'asseoir à ses cotés. Il passa une patte sur ses épaules et la tira tout contre lui, posant sa tête au sommet de la sienne. Yuna se laissa faire et se blottit tout contre lui. Les deux amis restèrent ainsi pendant un long moment, en silence, sanglotant. Puis, lorsque Yuna s'endormi enfin, Crow quitta la tanière des Alphas. Durant la nuit, les rêves de Yuna dérivaient vers Sarrow, tentant de l'atteindre mais, comme s'était le cas depuis qu'ils s'étaient quittés, il était injoignable. Restée sans réponse, Yuna pleurait doucement, ses larmes glissant sur son visage.
​Dans le clan des Ombres, les mois défilèrent à vive allure. Sarrow était entrainé plus durement et était poussé à l'épuisement. Malgré tout, il tenait le coup, poussé par la rage à se surpasser encore plus. Lorsqu'il se sentait partir, il repensait à Yuna et sa colère de l'avoir perdue lui donnait force et détermination.
Depuis son retour au clan, le jeune prince avait changé : autrefois docile et obéissant, il ne manquait maintenant plus aucune occasion de provoquer son père, entrainant parfois de violent affrontement entre le père et le fils. Sarrow était également parti chercher des réponses auprès de sa mère. Il lui avait demandé des comptes vis-à-vis du crime dont le clan de la Lune l'accusait. Pour seule réponse, il avait eut un « ce ne sont pas tes affaires. Tu as plus urgent à faire. » Et depuis elle évitait la question.
Le soleil se couchait lentement au loin, tandis qu'Ichka retournait chez elle après sa patrouille. Cependant, alors qu'elle allait entrer dans la tanière des Alphas, des éclats de voix la retinrent. Ils provenaient de l'arrière de la tanière. Là, elle tomba sur Mavrik et Sarrow, se battant avec rage. Sans hésiter, Ichka se jeta vers eux. D'un coup de dent sur le museau de Sarrow et un coup de hanche dans les flancs de Mavrik, elle mit fin à l'affrontement. Séparé l'un de l'autre, les deux mâles regardaient la louve, interloqués, tandis qu'elle fulminait.
- Qu'est ce qui vous prend tout les deux ? Comment pouvez-vous vous battre ainsi ?, gronda Ichka, hors d'elle. Mavrik, aurais-tu oublié que sans le loup noir nous sommes perdus ? Arrêtes donc tes idioties, tu ne l'affrontes que par fierté, c'est assez !
Mavrik restait silencieux. Son égo n'avait guère apprécié qu'il soit remis à sa place par une femelle, lui, le grand Mavrik, Alpha du clan des ombres. Malgré tout, il savait que son épouse avait raison : il n'affrontait son fils que par orgueil et fierté d'être et de demeuré le plus fort.
- Quant à toi, Sarrow, reprit Ichka. Cesse donc de tenir tête à ton père de la sorte ! Ne vois-tu pas que cela ne te mènera à rien ?
- Je n'ai pas de leçon à recevoir de toi, mère, grogna le loup noir. Il me rabaisse constamment et je ne fais que me défendre.
- Malgré tout, il est ton père et ton Alpha, rétorqua la mère. Tu lui dois le respect à plus que quiconque !
- Si c'est cela qui te dérange, mère, lance Sarrow, mauvais. Je te rassure, je ne ferais pas la même erreur que toi, je ne tuerai pas les Alphas de mon clan.
Ichka reste interdite devant l'audace de son fils, mais chercha malgré tout de quoi répliquer. Mavrik prit alors les devant :
- Ichka a fait ce que j'attendais d'elle et tu dois, toi aussi, m'obéir.
- Si on parle d'obéissance, c'est toi qui devrais m'écouter plutôt, contredit Sarrow. Si tu me tue, tu condamne ton clan, mais si moi je te tu ça ne changera absolument rien.
- Espèce de sale petit –
- ASSEZ !, coupa Ichka. Sarrow, tu dépasse les bornes ! Je sais que perdre la louve blanche t'es insupportable.
- Ne mêles pas Yuna à cette histoire, gronde Sarrow. Tu ne sais pas ce que c'est de perdre une personne aussi précieuse qu'elle ! Elle est tous ce que j'ai, elle est ma raison de vivre ! Elle est tous ce que je n'ai jamais pu avoir et vous me l'avez enlevé ! ALLEZ AU DIABLE !
Sur cet ultimatum, Sarrow s'élança vers ses quartiers, à l'écart des autres tanières, sans prêter aucune attention à la voix de sa mère derrière lui. Cette nuit fut des plus pénibles. L'esprit de Sarrow était pollué de cauchemars, l'empêchant de retrouver Yuna dans le monde des rêves.
​Alors que la nuit était bien installé, tous les animaux des terres du Noenland dormait à point fermé. Dans ce silence paisible, des bruit de pas feutrés était à peine perceptible. Deux loups parcouraient la forêt en direction de la falaise du nord. En sortant tout deux des fourrés, la lumière de la Lune éclaira leur pelage. L'un était gris clair et l'autre gris sombre. Autour de leurs cous pendaient des collier de liannes et de lierre, accrochés à des pierres polies. Les deux loups de dévisagèrent un instant avant que l'un prènnent la parole :
- Bonsoir, l'Etrangère.
- Nyméria.
Les deux louves se regardèrent dans le blanc des yeux quelques secondes avant que Ichka ne soupire, irritée.
- Pourquoi m'avoir fait venir ici, Nyméria ?
- La raison est simple, explique l'Alpha de la Lune. J'ai eu vent que le prince des ombres ne se portait pas bien ces derniers temps. Figure-toi que ma fille non plus, n'est pas en forme.
- Et ? Qu'est ce que ça peut bien me faire ?
- Je suis d'avis que leur séparation ne fut pas des plus adéquates. Leur état n'est pas propice au bon déroulement de la sélection.
- Et qu'est-ce-que tu veux qu'on y fasse ?
- Je pensais à les faire se rencontrer une dernière fois, explique Nyméria. Penses-tu bien que nos époux ne doivent absolument rester en dehors de cette opération au risque de tous gâcher. L'objectif étant de leur permettre un au revoir décent.
- Je dois bien avouer que cette idée me plait, acquiesça Ichka. Dis-moi comment procéder, je te suis.
Ainsi, et jusqu'à l'aube, le plan le plus fou de l'Histoire prit forme.
​A la fin d'une nouvelle journée d'entrainement des plus éreintantes, Yuna rejoignait seule la tanière A sous un ciel bleu sombre, annonçant l'arrivée imminente de la nuit. Alors qu'elle passa l'entrée de sa tanière, Nyméria l'intercepta :
- Yuna ! Que dirais-tu de te balader un peu avec moi sous ce magnifique crépuscule ? Enfaite, je ne te laisse pas le choix. En route !
Sans plus tergiverser, Nyméria poussa sa fille en dehors de la tanière. En sortant elles croisèrent Orion, revenant de sa patrouille. Il les questionna et Nyméria prétexta un « moment entre louve », ce à quoi il ne répondit pas, sachant pertinemment que cela ne le concernait pas. Leurs corps, leur choix, comme on dit !
Pendant quelques minutes, la mère et la fille marchaient dans la forêt en rigolant. Nyméria se délectait de cet instant. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas vu sa fille rire et sourire, cela lui mettait du baume au cœur. Apres plusieurs minutes de marches dans le silence, Yuna remarqua qu'elles se rapprochaient de la frontière. Lorsqu'elle le fit remarquer à sa mère, celle-ci lui répondit par un simple « je sais ». Les deux louves continuèrent leur route jusqu'à la frontière, qu'elles traversèrent. Yuna commença à s'inquiéter de l'absence des sentinelles à l'endroit où elles avaient franchit les limites du territoire et, maintenant qu'elle y pensait, sa mère lui semblait bien étrange. Malgré tout, elles poursuivirent leur route à travers le Noenland.
​Au bout de plusieurs et longues minutes, alors que le soleil avait entièrement quitté le ciel pour laisser place à la Lune et aux étoiles, la mère et la fille arrivèrent dans une clairière, au bord d'une falaise. Yuna s'approcha du bord et contempla la vue. De là, on pouvait apercevoir les deux clans endormis, ainsi que les vastes terres de la Pératerra. Alors que son regard se perdait dans l'horizon, Yuna n'avait pas remarqué que sa mère s'était éloignée. C'est l'entendant chuchoter que Yuna se tourna alors vers sa mère. Nyméria s'était approcher d'un buisson d'où en était sortit une autre louve. En restant dans l'ombre, les deux louves s'écartèrent pour en laissé passer un troisième.
- Va, murmura Nyméria. Elle t'attend.
Curieuse et méfiante, Yuna dévisagea sa mère un instant avant de tourner son attention sur l'intrus qui s'avançait vers la lumière. Alors que le loup avançait, Yuna tendit l'oreille. Un battement de cœur fort et puissant lui parvint. Ce battement, elle ne le connaissait que trop bien, s'étant endormi en l'écoutant à maintes reprises. Alors que l'inconnu apparu à la lumière, Yuna retint son souffle. Là, devant elle se tenait celui pour qui son cœur se déréglait et pour qui son corps vibrait : le loup noir. Immobiles, les amants s'observèrent instant, se demandant encore s'ils rêvaient. Lentement, Sarrow reprit sa marche silencieuse, sans décrocher son regard de celui de Yuna. Il s'avança jusqu'à se trouver juste en face d'elle. Ils restèrent ainsi quelques secondes avant que Yuna éclate en sanglot et se jette contre Sarrow, dont les larmes apparaissaient au coin de ses yeux. Les deux amants s'enlacèrent ainsi pendant de longues minutes, sanglotant, heureux de s'être retrouvés. Se frottant l'un à l'autre, ils s'imprégnaient de leurs odeurs et connectaient leurs cœurs. Cependant ? Les larmes n'étaient pas que de joie. Les deux loups savaient que ce n'étaient qu'une opportunité de ce dire adieu que leurs mères leur offraient. Lorsqu'ils se quitteraient, ce sera la dernière fois qu'ils se verraient ainsi, amoureux.
​La nuit avait bien avancée sur les landes et le jour n'allait pas tarder. Blottis l'un contre l'autre, leurs queues entrelacées derrière eux, les deux amants gardait les yeux rivés sur l'horizon et sur cette terre lointaine qu'ils n'avaient jamais pu s'atteindre. Sarrow poussa un long soupir en voyant leurs mères approcher du coin de l'œil, signant la fin de ce moment tendre et paisible.
- J'aurais aimé que ce moment puisse durer toujours, murmura Sarrow en frottant tendrement sa joue sur le dessus de la tête de Yuna.
- J'aurais aimé que rien ne change, que nous restions ensemble, souffla Yuna, voyant les deux approchées à son tour.
- Moi aussi mais tu sais ce qu'il en est.
- Malheureusement.
Les deux loups se relevèrent et se contemplèrent une dernière fois. Yuna ne retint pas ses larmes de couler alors qu'elle apprenait par cœur les traits de celui qu'elle aime, gravant son visage en elle. Sarrow se pencha vers elle et lécha une larme avant de coller son front à celui de la louve blanche, les yeux fermés, leurs marques collées l'une à l'autre. Les deux amants restèrent ainsi quelques instants, humant l'air autour d'eux. A contre cœur, ils se séparèrent et se regardèrent une dernière fois. Tendrement, ils frottèrent leurs joues en se chuchotant de tristes « je t'aime », puis se quittèrent. Ils rejoignirent leurs mères chacun de leur cotés et se retournèrent une dernière fois avant de disparaitre dans la forêt, prenant la route de leurs clans respectifs.

Elementar : Moon FateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant