Tired of life - Jeddie

1. Revivre

Depuis que je suis né, ma vie ne m'appartient pas. Contrairement aux autres enfants qui développent leurs propres passions, moi j'avais droit aux passions de mon père. Avec le temps je m'étais habitué et maintenant je pense aimer ce que je fait, mais j'ai tort. Je suis très fatigué et je ne m'épanoui pas du tout dans ce que je fais. Je sais à quel point j'envie les autres, à quelle point ma jalousie est malsaine, je sais tout le mal que je fais autour de moi, je sais que la popularité ne me va pas, je sais que j'aimerais être invisible, que j'en fais trop.

Je sais que ce Eddie Munson je ne le déteste pas, que c'est juste un putain d'effet de groupe, que je suis tous les autres. Pourtant moi ce que j'aimerais pouvoir m'en foutre du regard des autres, monter sur cette table comme lui et hurler que j'ai des passions aussi, hurler que je suis un humain moi aussi. Mais j'ai tellement honte de qui je suis réellement, je ferais tellement de mal à mes parents en arrêtant le basket que je m'épuise à la tâche.

Chaque soir je m'enferme dans ma chambre, ce refuge, je met de la musique qui ne me plait même pas, cette musique que tout le monde écoute parce que c'est la mode, je la mets à fond et je fais ce que je ne devrais jamais faire sous mon toit en tant qu'homme. Je pleure à m'en péter les cordes vocales. J'ai vraiment cette impression d'être complètement mort, que mon âme a quitté mon enveloppe corporelle et que ce physique qui n'est plus le miens marche seul.

Personne ne se douterais que le capitaine de l'équipe de basketball, qui a tout pour plaire, se déteste. Je n'aime pas aller sur ce terrain avec ces gens plus faux les uns que les autres. Je ne considère personne de cette équipe comme un ami, je n'ai personne à qui parler quand je me torture l'esprit seul dans mon lit, la seule personne à qui je fais confiance, c'est Chrissy, mais depuis un moment je sens qu'on s'éloigne, qu'on est plus sur la même longueur d'ondes. Tant que je ne m'aime pas moi-même je ne pourrais aimer personne d'autre.

Je ne suis même pas sûr d'aimer Chrissy. Quand je me suis mis avec Chrissy nous étions en primaire, c'était après un concours de talent débile, et encore une fois, je n'étais même pas sûr de l'avoir voulu. C'était sûrement encore un souhait de mon père. Maintenant nous étions qualifié de plus beau couple du lycée, mais tout sonne faux. On ne s'aime plus, ou peut être que nous ne nous sommes jamais aimé ?

C'est tellement dur de se poser tant de question, de ne pas se connaître parce qu'on ne s'est jamais demandé ce qu'on voulait réellement. Je ne pouvais plus retourner en arrière, j'avais fait des promesses à mon père.

Alors j'agissais comme si j'étais le nouveau roi du lycée, comme Steve Harrington avant moi. Je faisais ce qu'on voulait que je fasse, je faisais mes plus beaux sourires aux filles, même si j'avais une petite amie, je devais garder cette image de tombeur, et j'insultais un homme dont je me foutais royalement.

Mais quand je passe cette porte chaque soir ce sourire encré s'efface. La crise identitaire que je vis revient à la surface. Qui suis-je ? Qui est vraiment Jason Carver ? Suis-je vraiment fait pour le sport ? des questions fusent dans mon esprit mais je n'ai jamais aucune réponse.

Ce putain de réveil sonne depuis maintenant 10 minutes, je ne me suis toujours pas levé je fixe le plafond, attendant sûrement que le courage me tombe dessus. Je vais encore passer la journée comme un imposteur, faire croire que j'ai confiance en moi, insulter toujours les mêmes personnes qui ne m'ont jamais rien fait, et les jalouser tout bas.

Peut-être qu'un jour le courage d'aller leur demander comment ils ont su qu'ils étaient fait pour ce qu'ils font me tombera sur la tête, et ce jour là j'assumerai que je ne suis pas du tout moi-même. Mais ce jour n'arrivera sans doute jamais, pas que je ne le veuille pas, mais je n'ai aucune confiance en moi, je n'ai aucun courage non plus, je me repose sur mes acquis.