Chapitre 2 : Terreur nocturne

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J'étais monté dans le dernier bus pour rejoindre des amis, dans l'idée d'écumer quelques bars. Nous étions déjà en hiver et la nuit avait tout enveloppé de sa noirceur. Je ne pensais pas qu'il y aurait beaucoup de monde dehors, à cette heure, et encore moins de jeunes personnes ! Mais elle était là, assise face à moi, une jeune fille prépubère. Elle lisait une revue au titre mordant : « Comment découvrir s'il est un vampire ? » ce qui m'avait fait sourire, erreur. J'avais à peine soulevé ma lèvre supérieure que ses yeux s'étaient agrandis, derrière ses lunettes loupes. Elle avait dû apercevoir l'une de mes canines. Tout son corps s'était tortillé, mû par une joie nouvelle. Elle avait posé sa revue précipitamment et s'était mise à me sourire niaisement de toutes ses dents baguées. Je détournai le regard, mais c'était trop tard. Son fort parfum de fraise se rapprochait, il fallait que j'agisse.

Je décidai de la fixer intensément, essayant de faire émaner tout ce qu'il y avait de plus sombre en moi. Je voulais la convaincre de ne pas approcher, j'espérais qu'elle ait suffisamment peur pour rester à distance. Son visage s'était figé et j'avais vu le sang affluer à ses joues, puis son expression avait changé et... elle avait finalement laissé échapper un soupir d'extase. J'avais complètement échoué - les humains n'ont aucun instinct de survie. Je ne devais pas rester plus longtemps dans le même lieu qu'elle. Heureusement, le bus avait fait halte au prochain arrêt et j'en avais profité pour sortir. J'avais été content de sentir l'air frais, même s'il était pollué, ça chassait son odeur trop sucrée. Il ne me restait plus qu'à terminer mon chemin à pied. J'avais fait quelques pas dans l'artère principale quand j'eus rapidement cette désagréable sensation d'être suivi. Je m'étais retourné lentement, pour ne pas affoler les quelques patients qui rentraient chez eux, et avais découvert, avec horreur, qu'elle était là, son téléphone à la main braqué sur moi. Je n'avais plus eu d'autre choix que de prendre la fuite. Je la semai en quelques enjambées et, me focalisant sur mon ouïe, je l'entendis raconter :

— Si, Stacy, je t'a-ssu-re, il y avait un vampire ! Il était dans le bus et il m'a souri ! Il était aussi vrai que Damon est à tomber ! Il a fait genre qu'il était timide, mais après il m'a lancé un de ces regards ténébreux... Hinn !! Je ne sais pas, je voulais le prendre en photo, mais... à ouais, t'as raison, on ne peut pas les photographier. J'y avais pas pensé.

Des sueurs froides avaient parcouru mon dos. J'avais alors pris le temps de souffler quelques minutes, avant de me remettre à marcher.


Le sang dans la peauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant