Chapitre 3 : A pas de loup

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Je secoue la tête, espérant chasser ce souvenir. Chasser et traquer, un courant électrique me parcourt tout entier. Oui, nous vivons une époque dangereuse. Je contemple mes chaussures. Mon esprit recommence déjà à divaguer.

Je me rappelle, il y a un mois, j'avançais dans la rue, alerte. Les gens se faisaient de plus en plus rares et moi je voyais encore plus clair que d'habitude. La lune était pleine et dardait son rayon argent sur le macadam ce qui m'avait mis mal à l'aise. Ils pouvaient sortir. Je pressai le pas, sans pour autant me déplacer à la vitesse du son. Je tenais à rester particulièrement discret. Soudain, un grognement retentit. Mon sang ne fit qu'un tour et la peur me saisit complètement tandis que l'image d'un loup-garou envahit mon esprit. Je n'en avais encore jamais croisé et je ne tenais pas vraiment à ce que ça arrive. Je me glissais dans la rue perpendiculaire la plus proche. Plaqué contre le mur, j'étais concentré, tous mes sens en activité. J'entendis un souffle se rapprocher puis des bruits de pas. Ils devaient être deux. Je regardai la rue où je m'étais engagé, elle était sans issue. Impossible de grimper le long du mur, je n'étais pas Spider-Man. Ils seraient bientôt là.

Trop tard, ils étaient là, ça sentait le chien à plein nez. La forme surgit soudainement de l'obscurité : une vieille dame et son bichon frisé. Elle et moi frissonnâmes d'effroi à la vue l'un de l'autre, ridicule. La dame ordonna à Kiki, qui ne cessait de japper, de se dépêcher. Je m'appuyai, pantois, contre le mur. Les jambes en coton, j'avais opté pour raccourcir ma promenade et avais repris la direction de chez moi.

Quand je repense à tout cela, je me sens pitoyable. Je regagne mon divan, morne. Le verre resté sur la table me fait de l'œil. Je ne me fais pas prier longtemps et bois une nouvelle gorgée. Je soupire longuement. Comment en sommes-nous arrivés là ?

Le sang dans la peauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant