18. Je suis lâche !

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Le lendemain matin Matin, Mila prenait le volant pour la première fois depuis 5 ans. Elle avait attrapé les clés de voiture de sa mère pendant qu'elle dormait encore. Elle avait bien fait attention à ne réveiller personne en partant.

Derrière le volant, elle était loin d'être rassurée. Elle n'avait jamais oublié comment conduire, loin de là. Au contraire, elle faisait tellement attention à la conduite des gens qu'elle s'entrainait sans cesse dans sa tête, et aujourd'hui elle passait le cap. Sa mère avait une voiture relativement conséquente en terme de taille pour reprendre la conduite après autant de temps. Mais elle n'avait pas le choix, du moins elle ne se laissait pas le choix.

Sur la route, elle essayé de rester concentrer et de ne pas se laisser submerger par les dizaines de souvenirs de l'accident qui lui revenait en tête. Etonnement, elle arrivait à se gérer et ne pas paniquer. C'était pour dire à quel point la colère qu'elle avait en elle lui occuper l'esprit. Elle réussissait à faire face à une de ses plus grandes craintes et elle en était fière. Elle se rendit sans accrochage —pour le moment— au centre-ville du village. Un petit village en bord de ville très chic et bondé de monde. La veille, Mila avait demandé à son frère où elle pouvait trouver son père. Il lui avait simplement donné le nom du bar sans poser aucune question.

Mila gara la voiture sur une place rapidement et commença à arborait le quais à la recherche de son père. Il ne lui fallut pas bien longtemps pour le trouver. Il avait une barbe et portait une veste de sweat-shirt, rien de tout ça ne lui ressemblait. Dans ses souvenirs, elle voyait un homme rasé de près, toujours une veste de costume par dessus un simple t-shirt ou une chemise, mais loin de là, l'homme qu'elle avait sous ses yeux. Il était 10h30 et il ne tournait pas au café. Elle arriva près de la table, sans aucun stresse; C'était comme si elle était devenu insensible à toute choses, la seule chose qui la faisait vivre en ce moment même : c'était la colère.

— Yvan, fit l'homme en face de son père qui ne la regardait pas. Qu'est-ce-qu'elle est belle ta petite fille maintenant. Belle jeune femme.

Son père qui rigolait avec un autre homme à la table d'à côté, perdit son sourire presque instantanément en se retournant et croiser le regard de sa fille.

— Mila ? Qu'est-ce-que tu fais ici ?

Sans un mot, Mila attrapa son verre de bière fraichement servit et lui renversa sur la tête avant de balancer le verre sur la table.

— Tu n'es qu'une pourriture ! Hurla-t-elle, le menaçant avec son index. Tu n'es qu'une merde ! Un mari de merde et un père de merde !

Ni une, ni deux, Mila reçu sa première gifle de part de son père. Gifle, qui avec le recul la fit tomber en arrière. En se rendant compte de son geste, son père s'approcha d'elle prêt à la redresser mais elle se releva en quatrième vitesse, les larmes aux yeux et le nez en sang. Mila était encore plus énervée que jamais.

— Tu mérites de mourir ! Tu n'es plus mon père, tu ne fais plus partie de cette famille ! Je ne veux, plus, jamais, jamais te revoir !

— Tu as quitté cette famille bien avant tout le monde, Mila.

— Pardon ?

— Tu es partie ! Tu nous a laissé !

— Attends, t'es en train de reprocher à ta fille de 22 ans d'être partie faire sa vie ? Je rêve ? Va te faire foutre, ok ?

— Mila, laisse-moi t'expliquer.

— Non, non, je veux plus rien avoir à faire avec toi.

Il s'approcha d'elle et lui attrapa le poignet. Elle le força à le lacher.

— Ne me touche pas ! Tu viens de me frapper, ok ? Tu rends ta femme malade, tu pousses ta fille la plus jeune au suicide et tu me frappes ? Qui es-tu ? L'homme qui m'a élevé était aimant, ne buvais pas d'alcool et aimait sa femme et sa famille plus que tout au monde. Tu n'es pas mon père.

Elle lui avait craché à la figure cette dernière phrase, ce qui lui fit l'effet d'une bombe. Mila rentra dans la voiture encore plus en colère qu'elle ne l'était avant. Elle démarra la voiture et s'en alla. Dans un moment de folie, elle se mit à frapper le volant et hurler à plein poumons avant de sangloter. À ce moment même, elle se sentait vide. Elle se sentait trahit par sa propre chaire, par son propre sang.

Mila se demandait comment elle pouvait réussir sa vie après tout ce que sa famille avait vécu et comment ils se réparerait. C'était impossible pour elle, ce n'était pas envisageable pour elle de retourner à Toulouse avec Sidjil et sa bandes. Elle ne pouvait pas, elle se sentait obligé de rester auprès de sa famille. Elle les avait abandonné il y a un an et elle ne s'en était même pas rendu compte. Elle regrettait tellement d'être partie et qu'aujourd'hui ce qu'elle avait laissé pour acquis était partie en fumé.

Si même la famille n'était pas quelques choses d'acquis et de sûr, comment l'amitié et l'amour pouvait l'être ?

C'était à présent qu'elle se rendait compte qu'elle devait faire un choix.

Elle rentra machinalement dans la maison, sa mère se précipitera sur elle.

— Mila, ton visage ! Que s'est-il passé ? Tu... Tu as conduis, as-tu eu un accident ? Mila, est-ce...

Manas arriva vers elle en quatrième vitesse. Il attrapera son menton et la forcera à lui montrer l'état de son nez et si elle n'était pas blessé. Mila soupira simplement et le laissa faire. Elle vit à son regard, qu'il était énervé contre elle mais à la fois super inquiet.

— Ça va, dit-elle simplement. J'ai juste était voir mon père, du moins ce qu'il reste de mon père.

— Il t'a frappé ? Demanda Théo en arrivant.

— C'est rien, ça va.

— Je vais le tuer.

— Théo, s'imposa Mila. Tu comptes faire quoi sérieux ? Le tuer et finir en taule ? Bien, bravo très intelligent. Maman à un cancer, Norah est suicidaire et mon frère finira en taule. Super ! Famille très optimiste, génétique incroyable.

— Parce que toi tu es parfaite, peut-être ? S'énerva son frère.

— Figure-toi que non, Théo. Je suis la fille la plus lâche qui existe sur cette terre. J'ai  une peur monstre de l'engagement et je vis dans un déni constant. Je suis incapable de donne,  de rendre l'amour que je reçois, je suis incapable de prendre soin de moi et des autres. Je suis une putain de bombe à retardement. Ok ? On est pas parfait, on est juste détruis.

Et le silence régna.

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happier than ever • 𝗗𝗝𝗜𝗟𝗦𝗜Où les histoires vivent. Découvrez maintenant