L'Halloween de Nina

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Quel grand bonheur d'être là ! D'être enfin là ! 

L'automne revenu, la nuit restait fraîche mais recouverte d'étoiles scintillantes. Une soirée tant attendue. Une période si redoutée par certains et qui pourtant était la sienne. Cette fois, c'était enfin le grand jour. Nina, flanquée de son large chapeau de sorcière, observait la petite flamme s'élever, petite mais pourtant si fière. Nina, c'était le prénom qu'elles lui avaient gravés dans le dos. Quelques lettres qui la différenciaient des autres. De ses petites amies installées juste à côté. Peut-être qu'elles aussi avaient été baptisées ? Nina ne cherchait pas à savoir. Seule cette petite bougie posée juste devant la fascinait et la rendait heureuse. Parce que c'était son heure de gloire. Enfin !

Petite citrouille qu'elle était, Nina entendait les enfants rire au loin. Leurs pas n'étaient que douce musique à ses oreilles, et encore plus leurs cavalcades pour aller d'une maison à l'autre. La nuit était tombée tôt, se chargeant d'illuminer porches et bords de fenêtres. Et c'est bien sur un large rebord de fenêtre que Nina avait été déposée, décorée de grands yeux et d'un petit sourire malicieux. Sans compter de fines canines qui n'avaient rien de cruel, lui donnant simplement un petit air bien d'Halloween. Oui, Nina était fière. Très fière même. Extrêmement heureuse d'avoir été choisie parmi tant d'autres cucurbitacées pour cette grande et longue soirée, qui allait certainement réserver de grandes surprises ! 

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Le milieu de la nuit vint cependant bien trop vite. Si vite que Nina notre petite citrouille aux fines canines dessinées au feutre noir trouvait ce silence soudain bien étrange. Un silence un brin effrayant. Plus de rires. Plus de pas. Encore moins de cavalcades. Les porches s'étaient éteints. Les fenêtres seulement illuminées de ces quelques bougies qui faisaient de la résistance. Alors, Nina se mit à l'observer, cette petite flamme semblant braver bien des misères. Le manque de cire bientôt se ferait sentir, mais elle pourrait bien durer encore quelques longues minutes, une heure peut-être avec un peu de courage. Car il en fallait du courage à cette petite bougie soumise au froid, à toute l'attention du moment, pour tenir. S'élever, grandir encore par instant, grésiller par sursauts.

Soudain, Nina frissonna. Quelle était cette sensation désagréable ? La petite flamme venait de trembler, le silence de se rompre violemment. Une seconde d'un sifflement effrayant, inquiétant. La petite citrouille fixait la bougie en proie au vent qui venait de se lever. Un vent cruel, cherchant de toute évidence à en terminer bien plus tôt avec cette soirée de bonheur intense. Nina retint sa respiration lorsque la flamme vacilla de nouveau. Que la brise malicieuse revint dans un petit tourbillon, emportant feuilles mortes et épines de pins dans son sillage. La bougie tenait bon. Nina l'encourageait du regard, mais sentait dans son petit cœur de citrouille la fin venir. Inévitable pour la seule infime lumière dans la nuit de leur rebord de fenêtre. Les autres citrouilles s'étaient-elles endormies ? Résignées ? Nina se sentait seule avec la minuscule petite flamme désormais qui crépitait de plus en plus. Puis, vint le coup fatal, la rafale de trop. Le vent venait de gagner, la bougie de s'éteindre.

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Nina, solitaire petite citrouille d'Halloween posée sur son rebord de fenêtre froid, leva ses grands yeux vers le ciel. Allait-elle elle aussi terminer ainsi ? Dans un anonymat terrifiant ? Après avoir été la reine de la soirée ? D'avoir été le sujet de la journée pour les jumelles de sa maisonnée ? Préparée avec amour, amusement et décorée avec une grande attention. Allait-elle être laissée là en attendant la fin ? En proie aux intempéries, à l'ignorance, portée à terminer vilaine, délavée et pourrissante ? Nina sentie une larme rouler le long de sa peau charnue orangée. A cet instant, une étoile filante passa. Le ciel pris soudain vie une seconde, peut-être deux. Deux très longues secondes... l'instant d'après, que ne fut pas la surprise de la petite citrouille que de sentir le sol sous ses pieds.