Chapitre 1 : L'accident

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- Luna ! Luna, ma chérie, réveille-toi !

J'ouvrai lentement les yeux, aveuglée par les rayons du soleil qui perçaient à travers mes volets.

- Luna ! C'est l'heure, tu vas encore être en retard !

Comme tous les matins, ma mère crie pour me réveiller. Je me lève, ouvre mon armoire et y prends un jean, un t-shirt et un sweat. Je passe rapidement dans la salle de bain, et, comme tous les matins, me fait un chignon. Je descends les escaliers en courant et entre dans la cuisine. Je marmonne un rapide "bonjour", à l'intention de mes parents, qui avaient déjà commencé à manger. Je sais, là, comme ça, vous avez l'impression que je n'aime pas tant que ça mes parents. Au contraire, je les adore. Je ne sais pas ce que je ferai sans eux. C'est grâce à eux que j'ai découvert ce qui me plaisait vraiment dans la vie : le dessin et la musique.

Le dessin, c'est toute ma vie. Je dessine souvent des scènes qui n'arriveront jamais, comme une jeune fille, qui me ressemble beaucoup, sur le dos d'un gros chat blanc, entourée de petits êtres bleus lui lançant des fleurs, en bref je dessine des choses qui me passent par la tête. Je dessine partout et tout le temps, dans mes cahiers au collège, sur des feuilles quand j'en ai, sur les murs de ma chambre en pleine nuit, ou sur mes mains dans la salle d'attente de mon médecin... Ah oui, je ne vous ai pas dit. Je suis une adolescente de 14 ans, et je passe la plupart de mon temps libre, chez le docteur ou à l'hôpital. Pourquoi ? Même moi je ne le sais pas. Et les médecins non plus, d'ailleurs. Il y a un truc qui ne va pas chez moi. Dès que je suis confrontée à une personne qui ressent des émotions fortes, comme de la tristesse, de la colère ou de la peur, mais aussi un vive joie, ou une grande bouffée d'amour, ma tête se met à tourner, des tâches de lumière apparaissent devant mes yeux et puis, c'est le noir complet. A petite dose, ça ne me cause aucun problème : une insulte de temps en temps, un grand sourire ou un baiser, ça va. Mais, alors que la musique est l'autre chose que j'aime le plus au monde, que ce soit de la pop, du rock ou du blues, les concerts me sont interdits. Comme les soirées, les rendez-vous, le ciné ou le restaurant. Mes parents trouvent ça trop dangereux pour moi. Peut-être qu'ils ont raison. Mais ça explique aussi pourquoi je n'ai pas d'amis. A part Billie, ma voisine, qui à été ma première et seule amie. Elle était tout le contraire de moi : Je suis plutôt réservée, dans la lune, concentrée sur ce que je fais et, évidemment, je ne suis jamais sortie avec un garçon. Billie, elle, était la fille sûre d'elle par excellence : les pieds sur terre, cherchant toujours à faire mieux, et, bien sûr, avec sa popularité et son visage d'ange, elle collectionnait les petits-amis, apparemment jamais le bon. Je me suis souvent demandé comment une fille comme elle avait pu être amie avec une fille comme moi. Vous vous demandez peut-être pourquoi depuis tout à l'heure, je parle au passé, et pas au présent ? C'est simple. L'année dernière, Billie m'avait encore défendue contre une de ces personnes stupides qui me suivent depuis la sixième, pour se moquer de moi, tout le temps. Billie appelait ça du harcèlement. Elle en faisait des caisses. Ce n'étaient que quelques blagues de mauvais goût, destinées à faire rire la classe, à mon avis. Bref, ce jour-là, elle était de mauvaise humeur à m'en faire mal à la tête. Une mélodie m'était revenue ce jour-là, imprégnant mon esprit de son air colérique. Depuis 8h, en cours d'anglais, un groupe d'élèves avait recommencé leurs moqueries. Deux ou trois fois, Billie, qui s'était assise à côté de moi, leur avait ordonné de se taire. Ils ne l'avaient pas fait. Furieuse, Billie était entrée dans une colère noire et, la suite, c'est elle qui me l'a racontée. En effet, une fois de plus, je me suis évanouie. En plein cours, alors que notre prof d'anglais faisait réciter quelques élèves sur la biographie de Shakespeare qu'elle avait distribué la veille, Billie avait collée une gifle, sûrement la plus grosse de toute sa vie, à Zack, le "meneur" de la bande. Horrifiée, Mme Stain avait appelé le principal, et ma seule amie, ma sauveuse de tous les jours, fut renvoyée pour "violences injustifiées". Elle a déménagé très vite, pour se rapprocher de son nouveau collège, à des kilomètres. Nous ne nous sommes plus jamais revues depuis. Et les mauvaises blagues de mes camarades de classe n'ont fait qu'empirer, sans Billie, qui était mon bouclier, face à leurs mots , utilisés comme des épées tranchantes.

De l'autre côté...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant