Auparavant, lorsque je manquais de sommeil, il m'arrivait souvent de m'assoupir au mauvais endroit au mauvais moment. Sur ma table en plein cours de mathématiques, par exemple. La sensation était exactement la même que celle-ci. La surface froide du bureau sur ma peau et celui de ma joue contre mon bras, la position, pas vraiment agréable mais pourtant parfaite pour dormir... Lorsque je m'endormais, c'était toujours soi-disant pour "quelques secondes", secondes qui se transformaient inévitablement en minutes, puis en heures. Enfin... tout dépendait du temps que mettait le professeur à s'en apercevoir. Et évidemment, c'était toujours moi qu'il remarquait en premier. Ce qui me rendis donc confus: normalement, j'aurais déjà été réveillé par les cris de mon enseignant, encore. Mais pas cette fois-ci.
Je me risquai alors à ouvrir un œil, puis l'autre.
Je m'attendais à ce que la lumière vive du soleil m'aveugle, mais ce ne fut pas le cas. La pièce semblait être plongée dans une semi-obscurité artificielle. Vu la luminosité, je pensai que le soleil était caché par des volets ou de lourds rideaux. Je relevai la tête et regardai autour de moi. Je ne m'étais pas trompé: de lourdes plaques de métal avaient été fixées aux fenêtres. Étrange... Je me trouvai dans ce qui semblait être une salle de classe, vide, et différente de celle dans laquelle j'avais cours habituellement. S'alignaient vingt bureaux, tous espacés et un grand bureau supplémentaire devant les autres, ce devait être celui du professeur. Tous semblaient usés. Derrière le siège de l'enseignant m'observait un tableau à craie, surmonté d'une caméra. Une caméra de si grande qualité que mon établissement n'aurait jamais pu la payer. En plus du fait qu'il haïssent de toute leur âme les vieux tableaux sombres.
Une seule conclusion s'imposa à moi: je n'étais pas dans mon collège. Collège ?
Un souvenir étrange prit ses aises dans ma mémoire, comme si mon cerveau avait attendu cet instant précis pour me le rappeler: celui de ma cérémonie de fin de troisième, couverte de Sakura en fleurs et angoisses. Je n'étais pas habitué à de telles frasques de la part de mon esprit, et me demandais donc si j'avais pu commettre un impair: j'avais souvent entendu parler de jeunes qui, dans l'euphorie du moment, se saoûlaient comme ils ne se saoûleraient plus jamais. Mais je doutais fortement que qui que ce soit ait daigné m'inviter à une soirée.
Pourtant, mon nouvel environnement, même après quelques minutes, ne me parut pas plus familier. Impossible également de me rappeler d'une quelconque entrée au lycée. Les black-outs n'étaient pas censés remonter aussi loin. Je cherchai alors l'un de mes cahiers, qui en temps normal aurait dû se trouver à mes côtés. Mais impossible de mettre la main dessus. Je fronçai mes sourcils d'inquiétude et commençai à marmonner à voix haute, en cherchant quel souvenir pouvait encore me manquer.
"Izuku Midoriya, Inko Midoriya, Hisashi Midoriya, le porc pané, Katsuki Bakugo, les héros..."
Alors que mon regard vide balayait la pièce, un éclat vert attira mon œil: sur l'une des tables de la salle reposait un cahier couleur pistache, de même taille, épaisseur et marque que le mien, à l'exception que celui-ci était neuf.
A qui appartenait-il ?
Je m'en approchai, hésitant à braver ainsi l'intimité d'un inconnu. Mais dans ma situation, ce serait sans doute justifié, non ? Ce ne serait pas si grave, si ? Après quelques minutes à tergiverser, je l'ouvris prudemment. Sur la première page était collé un post-it rose, recouvert d'une écriture brouillone et de petits cœurs:
Pour Izuku ♡
Voici un petit cadeau pour bien commencer ta scolarité, j'espère qu'il te plaira ! :)Qui l'avait déposé là ? Pourquoi me l'avait-on adressé ? Étions-nous donc à la rentrée ?
Je feuilletai les pages mais n'y découvris aucun autre texte. Je l'emportai avec moi, lorsque je sortis de la pièce. La porte n'opposa aucune résistance.
Je me trouvai dans un couloir au sol aussi pâle que n'importe quelle blouse d'hôpital et aux murs obscurs comme un oiseau de malheur. Directement à ma gauche se tenaient deux portes, l'une blanche avec un petit personnage en noir dessus et l'autre noire avec un petit personnage blanc peint. Le second personnage avait un corps en triangle, pareil à une robe: probablement des toilettes genrées. Cette école était donc mixte.
Je n'eus pas le temps de continuer mon observation car un haut-parleur s'enclencha, juste au-dessus de ma tête:
"La cérémonie d'entrée va bientôt débuter, merci aux élèves de se rendre au gymnase. Tout manquement sera sévèrement puni."
Devant moi se dressait une immense double porte immaculée où des lettres d'ébène formaient le mot "gymnase". J'avais cet étrange sensation dans mon ventre, un gargouilli d'appréhension. D'autres étudiants attendaient-ils dans cette salle ? Pourquoi ma mémoire m'était-elle inaccessible ? J'inspirai et expirai: quoi que je trouve de l'autre côté, j'avais un très mauvais pressentiment.
Je poussai les battants ivoires.
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DANGANRONPA : Heroes of the Despair (MHA)
Fanfiction/!\ Il n'y aura AUCUN spoil sur Danganronpa (et je vous demanderais donc de vous y tenir également dans les commentaires). On oublie tous certaines choses, tous. Mais, à moins d'avoir un problème, on n'oublie pas la plupart de ses souvenirs en un cl...