01 | Luana.

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11 années après le drame...
Vendredi 22 juillet 2022, 18h30.
Palerme.
Luana.

« Quand tu me manques, je mets la main sur mon coeur et je fermes les yeux. Car je sais que c'est le seul endroit où tu existes toujours ! »

- Auteur Inconnu.

Emily Johnson et Alvaro Santonino.
1971 - 2011.

Leur tombe de marbre blanc brillait avec les reflets du soleil. Leurs noms gravés me rendaient nostalgique. Aujourd'hui, ça faisait onze ans que mes parents étaient morts. Onze années s'étaient écoulées depuis l'accident... Onze années que la mort avait emporté mes parents. Annuellement, je venais déposer un bouquet de fleurs sur leur tombe : des lys blancs pour maman, et des roses rouges pour papa, leurs préférées.

Les jours où je ressentais le besoin de parler, je venais me confier à cette dalle de marbre. Certains pourraient me prendre pour une folle mais je m'en fichais, ça me faisait du bien... C'était une habitude qui s'était installée depuis mes treize ans.

Après leur décès, j'étais partie vivre avec ma tante Livia. Maintenant âgée de vingt ans, j'avais un petit appartement d'étudiant, à une quinzaine de minutes en bus de mon université. J'avais choisi de faire des études de droit. Depuis petite, je rêvais de devenir avocate, et à l'heure actuelle, ma décision n'avait pas changé.

— Aujourd'hui, ma professeure de droit pénal, madame Lewis, a balancé un feutre sur un élève en prétextant qu'il était interdit de regarder l'horloge, expliquai-je en gribouillant sur mon carnet de dessin. Manque de chance pour mon camarade, il n'avait pas eu le temps de se décaler, qu'il s'était pris le stylo de plein fouet dans le visage. Alors toute la journée il s'est baladé avec une grosse trace rouge sur la joue droite, ris-je.

Griffonnant sur ma feuille, je ne remarquai pas les larmes qui avaient coulés lorsque je contais ma journée. J'essuyai mes yeux et mon mascara, puis en déposant un baiser avec ma main sur leur tombe, je me levai et pris mes affaires. Accordant un dernier regard à l'écriture du marbre, devenue maintenant familière, je me retournai, et je pris le chemin de la maison, avec les yeux embrumés par mes pleurs.

Alors j'avançai et cherchai mon arrêt de bus. Malgré l'épais rideau de pluie qui venait tout juste de s'abattre sur Palerme, je parvins à le trouver grâce à l'habituelle voiture rouge garée devant. Une jolie Fiat 500 de couleur sang. Ma mère en avait une, étant jeune. Même modèle et même couleur. Elle n'avait pas beaucoup d'argent alors elle travaillait tous les week-ends dans un bar pour se faire de l'argent de poche. Quant à mon père lui...

Mon bus venait tout juste d'arriver , alors je traversai précipitamment la route en regardant tout de même des deux côtés. Mais lorsque j'atteignis le trottoir voisin, il était trop tard, le bus s'en allait.

— Merde ! criai-je.

Comment allai-je rentrer à l'appartement maintenant ? Je ne connaissais personne ici, à part Diana, ma meilleure amie et colocataire. Je ne voulais pas la déranger en l'appelant étant donné qu'elle était chez son petit-ami qu'elle n'avait pas vu depuis un mois, soi-disant parce que monsieur était en « voyage d'affaire ». Était-ce simplement une raison pour aller voir ailleurs ? Diana avait eu beau me répéter des dizaines et des centaines de fois qu'il était absolument fidèle, je n'arrivais pas à lui faire confiance.

En pleine réflexion, je ne fis pas attention au taxi qui s'était arrêté devant moi. C'est seulement lorsqu'il klaxonna et cria, que je levai la tête et me concentrai sur lui et non sur mes pensées.

Agent FantômeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant