Comme chaque soir depuis maintenant deux mois, Aline attendais devant Le Tournesol, le café où elle travaille, que Mathis vienne la récupérer. Et comme chaque soir depuis maintenant deux mois, Anis lui tenait compagnie.

- T'as prévu de l'attendre encore longtemps ? Demanda le jeune homme

- Bien obligé, j'ai pas le permis et pas assez d'argent pour me payer un taxi ou un Uber.

Il neigeait en ce début de décembre, et évidemment il ne faisait pas chaud. La rouquine se frotta les bras pour tenter de se réchauffer alors que son collègue, inquiet, hésita à lui passer son écharpe. Il ne le fit pas et elle pris la parole.

- Il viendra, elle leva la tête vers lui, pas vrai ?

 - J'en sais trop rien ...

- Je devrais l'appeler ! Peut être qu'il est encore au travail, ou coincé dans les embouteillages !

Elle sortit avec empressement son portable et chercha son petit ami dans ses contacts, elle allait l'appeler quand Anis posa sa main sur la sienne.

- Laisse tomber, il est vendeur dans une boutique d'électronique à deux rue d'ici, y'a pas d'embouteillage, et puis il va bientôt être minuit, je ne pense pas qu'on est besoin de lui aussi longtemps là-bas.

- Mais-

- Je te ramène. La coupa-t-il. Ma voiture est un peu plus bas dans la rue.

          Aline baissa la tête, l'air triste, et suivi son collègue qui ébouriffa ses cheveux en lui rappelant qu'elle ne pouvait pas attendre son abrutit de petit ami indéfiniment. S'en suivi un débat pour savoir si Mathis était en effet un abrutit ou non, débat qui s'étendit jusqu'à ce que le duo arrive devant la voiture d'Anis. Il conduisait un vieux modèle qu'il avait récupéré de son père qui l'avait lui-même récupéré du sien. Une voiture qui ne se vendait plus depuis longtemps et qui, selon Léandre, aurait bien plus sa place dans le garage d'un collectionneur que sur la route. Le jeune homme ouvrit la portière passager et invita son amie à rentrer avant de s'asseoir sur le siège conducteur. Le véhicule eu des difficultés à démarrer, ce qui arracha quelques jurons au noireau et un rire à la rousse, mais finis par prendre la route. Le trajet commença dans le silence puis doucement les deux amis se mirent à échanger sur leur journée, sur l'arrivé récente de leur nouvelle collègue Marcia et même sur le dernier film d'action sortie et qui n'avait pas spécialement conquis le public, une discussion animé sur fond de grésillement de radio. Anis jetait des coups d'œil régulier en direction d'Aline qui ne quittait pas son portable des yeux, un air triste sur le visage, surement en attente d'une réponse de Mathis devina-t-il. La voir aussi mal ne lui plaisait pas, et un mélange de compassion envers la jeune femme et de colère envers l'origine de sa tristesse monta en lui, il rêvait depuis bien trop longtemps de lui écraser son poing dans la figure et il sentait que ce moment arriverais bientôt.

          Ils arrivèrent finalement devant l'immeuble où vivait Aline, celui-ci était assez récent et était éclairé par différentes guirlandes lumineuses et sapins installés au balcon par les locataires pour les fêtes de Noël à venir. La rouquine récupéra son sac à l'arrière et ouvrit la portière, ou du moins, essaya de l'ouvrir. Cette dernière refusait de s'ouvrir qu'importe les effort que la passagère fournissait. Anis observa la porte et compris qu'elle devait simplement être déverrouillé c'est pourquoi il se pencha pour ouvrir le loquet et permettre à Aline de sortir. Ce n'est qu'après avoir entendu le petit « clic » indiquant que le problème était réglé qu'ils se rendirent compte de leur soudaine proximité, l'une se sentit soudainement gêné, l'autre se recula lentement. Les deux retenaient leur souffle. Leur regard se croisèrent pendant quelques secondes qui leur parus durer bien plus longtemps, le temps semblait s'être arrêté mais repris soudainement son cours lorsqu'Aline ouvrit en grand la portière et se dirigea à toute vitesse vers l'entrée de son immeuble, son sac contre elle et les joues rouges.

          Anis la regarda courir et resta un instant figé avant de se rendre compte de la situation et de refermer la portière. Il croisa les bras sur le volant et posa sa tête dessus en soupirant. Que venait il de se passer ?

          Passée la porte de son appartement Aline se laissa glisser contre le mur. C'était quoi ça? Il avait été si proche d'elle, trop proche. Ou pas assez. Elle ne savait pas vraiment. Après quelques minutes d'intense questionnement elle se rendit compte que l'appartement était vide, Mathis n'était pas rentrer et il été minuit passé. Un instant elle tenta de se convaincre qu'il rentrerait mais abandonna vite cette idée, elle était trop fatiguée et trop perturbée pour trouver des excuses à son petit ami. Pourquoi étaient-ils encore ensemble d'ailleurs ? Quoi qu'elle en dise elle ne l'aimait plus comme avant et lui ne l'aimait sans doute plus du tout, alors pourquoi continuer tout ça? La rouquine décida d'arrêter de se poser des questions aussi complexe et alla se doucher avant de se mettre de la musique et de s'endormir, seule, une fois de plus.
         
          Anis ne dormait pas. C'était impossible. Tant de choses se bousculaient dans sa tête. Et cette scène qui se répétait en boucle sans s'arrêter. Son réveil indiquait 2h25 du matin et lui, il réfléchissait. Sa collègue était partis en courant, elle lui avait semblé perturbé, probablement autant que lui. Mais était-ce positif? Elle avait fui après tout. Le noireau fixa son plafond en silence. Il la verra le lendemain mais que lui dirait il? Est-ce qu'ils devaient en parler? Il ne s'était rien passé objectivement parlant mais Anis avait le sentiment de devoir clarifié les choses. Il l'aimait c'était certain, il l'avait accepté depuis plusieurs mois mais il n'était pas sûr de ce que pouvait en penser Aline.
          Décembre s'annonçait particulier cette année. Un vent de changement se levait et toucherait sans doute toute l'équipe du Tournesol pour le meilleure et pour le pire.

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