Chapitre 4

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Cela fait une heure que Clarke est partie mais cela me parait une éternité depuis que je me remémore le passé et que les flashbacks s'enchainent. J'ai envie de fuir le danger, au lieu de le confronter. Je ne me sens pas en sécurité avec elle, chaque instant que je passerai à ses côtés me rappelleront tout ce que j'ai vécu avec elle. Les merveilleux moments qui n'étaient que des mensonges, toutes les choses qu'elle m'a dit qui n'avait pour but que de m'enfoncer un peu plus jusqu'à ce que la vérité me déchire, m'enlève la seule chose qui me faisait vivre.
Lorsqu'elle rentre je ne prend pas la peine de sortir de la chambre pour aller l'aider ou de vérifier ce qu'elle a acheté. Cela ne m'importe peu, honnêtement.
Jusqu'à ce qu'elle rentre dans la chambre et ferme la porte derrière elle, j'imagine donc qu'elle veut rester ici mais hors de question qu'on reste dans la même pièce elle et moi.
Alors je me lève et retourne sagement dans le salon. J'allume la télé et essaie de me distraire même si l'idée que Clarke soit juste dans la pièce à côté m'obsède. J'arrive toujours pas à vraiment réaliser. Cela fait des années, des années que je ne l'ai pas vue ! Et elle m'a hanté jusqu'à ce jour. Ça va être une catastrophe.

Après une heure passée dans le salon à regarder la télé je ne tiens plus, j'ai l'envie oppressante d'aller la voir, d'aller vérifier que c'est bien elle. Je pourrai prétexter avoir besoin de prendre mes affaires pour aller prendre ma douche comme ça je vais pouvoir entrer dans la chambre et constater que c'est bien elle. Alors je m'avance, le pas assuré, et ouvre la porte doucement.

La blonde est assise sur son lit et met en ordre sa table de chevet. Nos regards se croisent lorsque j'entre dans la pièce, mais elle tourne la tête presque immédiatement. C'est bien elle, assise sur le lit à côté du mien. Cela de vérifié, je m'empresse d'attraper mon jogging et un débardeur noir ainsi que des sous-vêtement propres avant de filer dans la salle de bain.

C'est en voulant m'enfermer dans la salle de bain que je constate que la porte de celle-ci ne comporte pas de verrou, chouette. Je n'ai aucun doute quant au fait qu'elle n'ouvrira pas cette porte accidentellement si je suis sous la douche, et pour cause les murs sont si fins que c'est certain qu'elle entendra l'eau couler. Ma seule crainte c'est qu'elle le fasse volontairement. Si - et je dis bien si - elle est aussi perverse qu'elle ne l'était avant, elle s'en ferait un malin plaisir. Mais une partie de moi espère qu'elle ait changé, nous sommes des adultes avec des responsabilités maintenant on ne peut se permettre de se comporter comme des ados insouciants désormais.

Je me déshabille alors rapidement et entre dans la douche avant de faire couler l'eau chaude. Je prend un moment pour me détendre, ne penser qu'à la sensation que l'eau brûlante qui ruisselle sur ma peau me procure, une sensation de sécurité, d'apaisement. Finalement je me lave et passe quelques minutes bonus à profiter de l'eau chaude et du calme, espérant silencieusement qu'à la sortie de ma douche Clarke ne soit pas la première chose sur laquelle je tomberai.

Mais voilà que tous mes espoirs partent en fumée quand je la vois assise sur notre canapé, un bouquin en main. Elle lève les yeux vers moi et me voilà de nouveau perdue dans son bleu océan si familier, si réconfortant. La vache, je ne suis plus du tout habituée à être ainsi obnubilée par un regard, son regard. Car cela ne m'est jamais arrivée avec quelqu'un d'autre, seulement elle, pour mon plus grand malheur. Ce sentiment d'emprise que je ressens lorsque mon regard plonge ainsi dans le sien n'est pas agréable, il l'était autrefois mais désormais il ne me procure que du dégoût et un besoin important de me libérer de cette domination.

-Je... euh, ça va ? elle me demandent, gênée.

-Très, je lui répond froidement avant de me réfugier dans ma chambre.

Et cet endroit devient vite étouffant quand je remarque toutes ses affaires. Ce qui me tape en premier à l'oeil c'est son carnet, posé sur sa table de nuit. Je le reconnais que trop bien étant donné que lorsqu'on se fréquentait encore elle en avait plusieurs exemplaires de l'exact même carnet, et ce que j'y avais trouvé m'avait plutôt plu à l'époque. Ce n'est plus le cas aujourd'hui.
Elle a accroché un dessin de notre nièce au dessus de notre bureau, sur le mur blanc immaculé. Comment ne pas rater ce dessin coloré représentant l'entièreté de notre famille, mais je prête plus attention à mon personnage dessiné juste aux côtés d'une femme en baton aux cheveux jaunes, et on se tient la main sur ce dessin.
C'est dérangeant, très dérangeant. Mais ce n'était pas volontaire de la part d'Ophélia qui a juste regroupé ses parents ensembles, ses tantes ensemble ainsi que ses grands parents en groupe.

And we fell again ~ Tome 2 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant