Le faisceau immaculé du lampadaire surplombait Lou. Elle observait les flocons de neige dégringolaient, se donner à la pénombre jusqu'à fondre sur l'asphalte des rues qui n'était éclairée. Une bourrasque de vent vint s'agripper à sa capuche, la rabattre en arrière. Elle ne prêta aucune attention à la brulure que celle-ci provoqua. Elle n'en frissonna même pas. Ses cheveux lourds d'humidité ne s'en agitèrent moindrement non plus. Ils étaient collaient à son front et, maintenant que l'entièreté de cette partie était dégagée, quelques mèches s'agglutinaient contre sa nuque. Ses pommettes étaient cramoisies, ses lèvres tiraient vers un violine assez foncé pour qu'il évoque la couleur de ce ciel qu'elle continuait de détailler.
— Regarde moi dans les yeux. Fais moi croire que tu en es capable.
Lentement, Lou abaissa vers lui un regard aussi froid et macabre que l'air qui les enrobait, elle le scella au sien. L'aplomb qu'elle arborait, son détachement, ne suffit pas cependant à faire perdre cette assurance dédaigneuse, sinon présentement crédule de l'homme. Elle scruta ses pupilles, elles ne paraissaient plus à la même teinte qu'autrefois. Son regard divergea à droite, vers la tempe qu'elle pointait de son révolver. Elle pressa brutalement le canon contre sa peau.
— Le contact est froid, n'est-ce pas ? articula t-elle d'une voix blanche. Imagine celui de l'étreinte de la mort.
La paire d'yeux de l'homme était inébranlablement ancrée dans celle de Lou, ils ne clignèrent à aucun moment, mais s'arrondissaient progressivement en revanche. Pareil à de l'argile à modeler qu'on sculpterait, le reste de sa figure s'organisa pour former une grimace glaçante, un immense sourire qui s'étala entre ses deux oreilles sans impacter le néant de ses iris. Ses yeux parurent s'enfoncer un peu plus dans ses orbites. Il partit dans rire incontrôlé sans cesser de la regarder. Lou demeurera d'un flegme imperturbable.
— Je t'ai détruit, Lou, prononça t-il avec calme effroyable. Vois-tu au moins le pouvoir que j'ai sur toi ? Et tu te penses capable d'appuyer sur la gâchette ?
— Tu as eu la force de me détruire, j'ai eu celle de me reconstruire. Tu pourrais me faire ressentir n'importe quel sentiment que ma force d'esprit aura l'avantage.
Elle marqua une pause pour le jauger placidement de la tête au pied.
— D'autant plus quand le-dit sentiment à ton égard s'avère être du dégout.
— Es-tu capable de me tuer ? lui susurra t-il en passant langoureusement sa langue sur l'une de ses canines.
Son sourire se transforma en un effroyable rictus goguenard.
— Je ne répondrais ni par « oui », ni par « non ». Le son qui chaperonnera la faucheuse sera davantage significatif.
Il n'eut pas le temps de répondre ou son arrogance de disparaître, le coup de feu retentit dans un bruit sourd.
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Le calendrier de l'avent
FantastiqueEudes ne connait pas Lou, elle lui assure néanmoins que leur combinaison vaudra une vie. Nous sommes le 1er décembre, ils leur restent à présent vingt cinq soirs pour annihiler une malédiction ancestrale. Le remède n'étant qu'un savant mélange d'int...