Tic-tac, tic-tac... C'est vendredi, il fait beau, le soleil est à son apogé, et pour une fois, depuis le début d'année, je suis heureuse et souris discrètement. Mais, si je suis heureuse, ce n'est pas à cause du beau temps. Tic-tac, tic-tac, il ne reste que vingt minutes, vingt minutes avant le début des vacances, vingt minutes avant la grande délivrance... Je vais pouvoir profiter tranquillement pendant trois mois entiers de mes livres et de ma chambre, comme chaque années... À la longue, ça en devient lassant, mais du moment que je n'aie plus à me prendre la tête avec les cahiers et le simple fait de ne plus revenir dans ce lycée suffit à raviver mon enthousiasme déjà presque inexistant. Toute l'année, j'ai bossée comme une malade, j'ai bien le droit de ne rien foutre pendant les vacances. Même si c'est à la limite de l'ennuie.
J'écoute discrètement les dernières explications du prof d'svt, il semble parler d'une amylase salivaire agissant dans la bouche pendant la digestion chimique. C'est passionnant, mais moi pour une fois, ce qui me préoccupe, c'est les vacances. Trois mois, trois Longs mois... Pendant trois mois je vais encore me retrouver seule, toute seule. Trois mois à avoir pour compagnie, que mes livres et les quatres murs de ma chambre... j'observe autour de moi, et a ce que je vois, je ne suis pas là seule à être enthousiasme à l'idée d'aller en vacances. Chacun raconte à l'avance ce qu'il va où ce qu'il fera de ses vacances. Certains parlent de rejoindre leurs familles en Europe, d'autres parlent de faire le tour du monde et pour les plus ambitieux, faire un road trip pour des destinations inconnues.
J'écoute attentivement tout le monde parler de ses futures vacances et pour une fois, depuis des années, je réalise à quel point je suis malheureuse. Je vais passer encore trois mois à me contacter que des aventures de mes personnages préférés pendant que mes camarades eux vont vivre de vrai aventure palpitantes. Mon corps tout entier frémi de jalousie.
- Hey, je vous parie qu'encore une fois Hanna va rester en ville ! J'ai pas raison Hanna ? Je sort brutalement de ma torpeur au point d'en n'avoir presque le tourni.— Euh, je...
— Vous voyez ? J'avais raison. J'aimerais lui répondre que moi aussi je vivrai pleines d'aventures et de choses passionnantes, mais à quoi bon, on sait tous qu'elle a raison, encore une fois... Je vais passer mes vacances à déambuler dans la ville, âme solitaire. Je baisse désespérément la tête, les joues rouges de honte. Je reprends à nouveau conscience d'à quel point je suis seule. Je n'ai aucun ami, ceux à qui j'ai à peine adressée quelques mots m'évitent comme la peste. En même temps, je les comprends, qui voudrait être ami quelqu'un comme moi ? Avec mes un, trente mètre mon teint pâle, et quand je dit pâle on pourrait presque croire que je vais bientôt faire ma révérence. Et mon air gothique je comprends que personne ne veuille s'approcher de moi.
— Ne soit pas aussi dur Lucie, je suis sûre que cette année, elle ira en vacance, dans une ferme..., ou pas. La classe éclate de rire, me plongeant encore plus dans le néant. Qu'y a t-il de si drôle à cela ? J'me le demande...
— Allons, un peu de tenu ! Clame soudain le prof.
— Oui monsieur fitzerberg. Répond rubee en faisant les yeux doux au prof.
Je décide de ne plus me prendre la tête avec cette histoire de vacances, de toute façon, dans quelques minutes mon souhait durant toute l'année va enfin se réaliser : ne plus voir ta putain de tronche rubee.
Tic-tac, tic-tac, tapis au coin de la salle, je lève les yeux sur le cadran au-dessus du tableau, ça y est dans à peine dix secondes je serais libérée de tout, libérée de l'école, libérée de cette oppression et surtout libérée de toi rubee derry.
Rubee, la reine du bahut comme on la surnomme. Avec ses fossettes rosées, ses lèvres pulpeuse, ses cheveux dorés et sa carrure de princesse, elle est une beauté fatale, une véritable déesse. Et elle n'hésite pas à piétiner l'honneur des gens dès qu'elle en n'a l'occasion, mais cette année j'étais son souffre-douleur favoris, son bouc-émissaire, son patito, son objet de défoulement. Va savoir pourquoi. Elle me suivait à la traîne, comme mon ombre et m'exposait des que j'avais le malheur de commettre la moindre erreur Pourtant, je n'ai jamais eu le moindre contacte avec elle de près ou de loin, depuis mon arrivée au lycée, je l'évitais même je ne voulais pas avoir d'ennuis— Tu ne devrait jamais avoir d'ennuis avec rubee, surtout si tu veux survivre dans ce lycée et ressortir indemne à la fin d'année, c'est l'une des règles d'or. Et je dois dire que ce soudain plaisir qu'elle avait à me martyrisée me faisait peur.
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Romance à trois
RandomLa veille des vacances, Hanna découvre ses règles pour la première fois devant tout le lycée. Étape très difficile surtout quand on est aussi introvertie, complexée et insociable qu'elle. Pour renouer les liens familiaux ses parents proposent...