Les textes des gagnants n°1

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Première place, Satanette7 :

Marion est une jeune fille d'environ quinze ans qui s'apprête à partir en vacances avec sa mère (son père est mort).

- Marion! Dépêche-toi!
- Une seconde, je cherche mon porta... Ah, c'est bon, je l'ai! J'arrive!
Je descendis en quatrième vitesse les escaliers, car je savais que Maman avait horreur d'être en retard.
Une fois dans la voiture, je sortis mes écouteurs et mis la musique au maximum.
Cela faisait un an que mon père était mort. Aujourd'hui, on partait en vacances, pour oublier. Mais ça n'était pas si facile. Il était partout. Son odeur était encore dans la voiture. Les journaux qu'il lisait dans notre maison. Et encore plein de futilités pas si futiles que ça. Ses souvenirs hantaient encore mes rêves. Il m'était arrivé de rêver que je me tenais devant un miroir, et qu'il arrivait par derrière, pour m'emporter avec lui dans son monde.
Maman interrompit ma rêverie.
- Chérie, on a un problème.
Je retirais mes écouteurs en haussant un sourcil.
- Quel genre de problème?
- Le chalet qu'on avait réservé a été saisi par la police.
- Hein? Pourquoi?
- Il y avait de la drogue et d'autres substances non identifiées mais très nocives cachées dans les caisses.
- Et on va où, pour nos vacances, nous?
- Eh bien, comme il est tard et qu'on est loin de la maison, on va passer la nuit dans un hôtel sur l'autoroute, et on avisera demain.
- Sur l'autoroute? Ha, la bonne blague!
- Sur un autre ton, jeune fille!
- Mmh...
Je remis mes écouteurs sur mes oreilles. Mon père, lui, il aurait trouvé une solution. Je savais pertinemment que ce n'était pas la faute de ma mère, tout ça. Mais mon père me manquait tellement. J'avais tout fait pour oublier, mais rien à faire. Comme on dit "les morts restent avec les morts". Je ne pouvais pas m'y résoudre. Il fallait que toute cette tristesse se dirige sur quelqu'un. Et c'est tombé sur ma mère.

***

Sans m'en rendre compte, je m'étais endormie. On me secoua le bras.
- Marion chérie, on est devant l'hôtel, debout...
- Mgnfdjkh... L'hôtel? Ah, oui...
Je sortis de la voiture et regardai autour de moi. On était devant un petit hôtel miteux dont les lettres du mot "hôtel" se détachaient ou clignotaient. Le chemin qui nous y menait était boueux et ne donnait pas très envie d'y dormir, ne serait-ce que pour une seule nuit. Maman poussa la porte et entra. Un vieux monsieur dans la soixantaine semblait nous attendre, derrière le comptoir. Il était quasi-chauve et portait des habits qui sortait tout droit du siècle dernier. Maman posa les mains sur le comptoir et regarda autour d'elle. Elle ignora le décor totalement insolite et commença à expliquer notre situation au monsieur. Celui-ci hocha la tête.
- Je vois... J'ai la chambre 7 qui est libre, mais je ne vous la conseillerais pas.
- Et pourquoi donc?
- Il y a deux ans, un jeune couple est venu réserver cette même chambre. La nuit, la femme a prétendu entendre la voix de son père malheureusement décédé. Son mari ne la croyait pas, et elle a fini par se suicider dans d'étranges circonstances.
- Dites m'en plus.
- On l'a retrouvée morte devant son miroir, un morceau planté dans la poitrine. Ensuite, tous ceux qui ont loués cette chambre ont entendus la voix d'un de leur proche décédé.
Mon cœur manqua un battement. Une femme s'était tuée avec un morceau de miroir parce qu'elle entendait la voix de son père mort. Non, c'était impossible, il y avait trop de similitudes avec mon rêve. On devait quitter cet hôtel au plus vite. Je voulus prévenir ma mère, mais mon sang cognait si fort dans mes tempes que cela provoquait un intense mal de tête. Tout tournait autour de moi. Je tentai de capter l'attention de ma mère, ou même du gérant de l'hôtel, en vain. Ils ne m'entendaient pas. C'est comme si quelqu'un avait dressé un mur invisible entre eux et moi. Une voix d'outre-tombe au timbre suave et grave à la fois m'enveloppa.
- Marion... Viens...
Je crois bien que j'aurais écouté cette voix au timbre envoûtant si on ne m'avait pas secouée par le bras. C'était ma mère. Elle avait l'air inquiète. Elle me serra de toutes ses forces dans ses bras.
- Oh ma chérie, j'ai bien cru que nous t'avions perdue!
Je le dévisageai, interloquée. C'est alors que tout me revint en mémoire. Le mal de tête, le mur invisible, la voix. J'avais eu si peur... Je serrai ma mère encore plus fort. Je la lâchai et soupirai.
- Est-ce que tu peux me raconter en détail ce qu'il s'est passé?
Elle commença son récit, mais, épuisée par les précédents événements, je m'endormis avant d'en entendre la fin.

Concours d'écritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant