Chapitre 9

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Harmony

Boum. Boum.

C'est le même martèlement régulier qui résonne dans la salle d'entraînement depuis une bonne quinzaine de minutes. Tandis que je suis sur les tatamis avec mon instructeur, Aedan assène des coups puissants au pauvre sac de frappe à l'autre bout de la pièce.

— Prête ? me lance Antonio.

C'est avec lui que j'apprends des techniques basiques d'auto-défense depuis presque une semaine. C'est un ordre de la directrice, conséquence de ma dernière mission. Si je suis amenée à devoir à nouveau intervenir sur le terrain, il faut que je puisse me défendre. Je ne dois plus être une cible si facile à menacer.

J'expire et lui réponds :

— Oui.

Il s'approche de moi en imitant une situation d'agression. Il me saisit par-derrière, au niveau de la taille, avec l'un de ses bras pour me plaquer contre lui. Il place ensuite un couteau en bois sous ma gorge avec son autre main.

Avec agilité et détermination, je reproduis l'enchaînement qu'il m'a appris. Bien que j'exécute correctement les mouvements, je rencontre une résistance de sa part. Il m'avait prévenue qu'il augmenterait le niveau de difficulté.

Je tente donc autre chose, cherchant la combinaison la plus pertinente à reproduire parmi toutes celles qu'il m'a enseignées. J'opte pour une clé de bras, mais effectue mal le geste. Antonio essaye de se dégager de ma prise, ce qui me fait perdre l'équilibre. Je l'entraîne dans ma chute et il se retrouve allongé sur moi, retenant son poids avec ses coudes.

Les bruits de coups dans le sac de frappe cessent immédiatement.

— Tu étais mal positionnée, commence mon instructeur. L'angle de ta clé était mauvais, c'est pourquoi j'ai pu me dégager.

Je hoche la tête péniblement. Son visage est trop proche du mien et ses prunelles bleues se plongent trop intimement dans les miennes.

Antonio est un militaire chargé d'entraîner les espions qui en auraient besoin. Je dois admettre qu'il est plutôt attirant avec ses cheveux blonds coupés court et son uniforme martial qui lui moule incroyablement bien les fesses, mais...

Mais quoi ? Je ne sais pas.

— Viens boire un verre avec moi, ce soir, me propose-t-il.

Je savais que ce n'était qu'une question de temps avant qu'il ne me fasse ce genre de proposition. Dès nos premiers entraînements, j'ai analysé dans son comportement que je lui plaisais. Rien d'incorrect, il s'est toujours montré très respectueux et courtois malgré le contact physique qu'exige mon apprentissage.

Nerveuse, je lâche un rire et ironise :

— Où ça ? Nous ne sommes pas vraiment à proximité des bars de la ville.

— Il y a un bar, au sein de l'agence, réservé uniquement pour nous.

Voilà ce qui empêche Antonio d'être parfait : il décrit toujours les espions de façon péjorative. Il les réduit à leur statut d'ancien criminel. Il parle toujours en nous et en eux, comme si nous étions deux espèces différentes.

En résumé, il n'a pas le moindre respect ni la moindre considération pour ces agents qui risquent leur vie à chaque fois qu'ils partent en mission.

Un bruit sourd nous interrompt. Nous tournons tous les deux la tête vers sa source. Aedan a fait tomber un poids par terre.

UNDERSHADE (sous contrat chez &H)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant