Premier combat

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Gouma était une ville côtière typique du sud-est du continent.

Nichées à flanc de colline, ses maison multicolores étaient battues par les vents. Plus de cent mètres en contrebas, l'océan venait lécher la roche aux arêtes tranchantes.

Marcio s'appuyait sur une rambarde branlante, à l'un des points les plus avancés et les plus hauts de la ville. Il se retourna pour observer la cité.

Le soleil écrasant de midi soulignait la teinte des murs des maisons environnantes. Il se trouvait dans le quartier bleu. Bleu clair, plus exactement. Il lui semblait avoir aperçu un quartier bleu foncé lors de son ascension.

Les maisons avaient été repeintes récemment. Elles semblaient exiguës, collées les unes aux autres de manière grotesques, et franchement peu solides. Mais elles étaient peintes en couleurs vives.

Au-dessous du quartier bleu clair s'apercevait le quartier jaune. Un groupe de maisons vert clair étaient visibles sur la gauche. Loin, dans la colline en périphérie de la ville, de vastes demeures rouge. Probablement le quartier des notables.

Au-delà des habitations, sur sa droite, un édifice gigantesque se détachait. Circulaire, haut d'une vingtaine de mètres. D'un blanc immaculé.

La cour de justice.

Et l'arène des duels.

Marcio ramassa le sac qu'il avait laissé à terre. Il était en lambeaux. Avec un soupir, Marcio se résolut à en acheter un nouveau. Le contenu de ce sac ne devait en aucun cas être endommagé, sa vie en dépendait.

De plus, il ne pouvait pas se permettre d'avoir l'air d'un enfant des rues. Le jeune homme avait en effet tiré la conclusion que ni les nobles ni les femmes n'étaient particulièrement séduits par la perspective d'un mendiant.

A dire vrai, il ne savait pas précisément ce qui pouvait séduire une femme.

Il soupçonnait qu'un certain nombre de caractéristiques masculines se montraient efficaces : la taille, la beauté, l'argent, les vêtements en soie.

Ces éléments étaient semblables, dans le sens où il n'en possédait aucun.

Marcio avait la taille et la carrure d'un garçon de quinze ans, quoi qu'il en ait déjà vingt. Alors qu'ici les hommes étaient blonds et élancés, tout chez lui le désignait comme un garçon de ferme des landes intérieures : ses cheveux bruns et rêches, ses lèvres épaisses, son teint pâle, son visage trop rond.

A cela venaient s'ajouter son nez tordu d'avoir trop souvent été cassé, et ses oreilles en chou-fleur.

Par ailleurs, dans l'éventualité où une fille accepterait de passer du temps avec Marcio, celui-ci n'aurait pas assez d'argent pour lui payer un repas. Il n'était d'ailleurs pas certain d'avoir assez d'argent pour se payer son prochain repas, ce qui deviendrait rapidement préoccupant.

Et il devait s'acheter une nouvelle sacoche.

Refusant de s'apitoyer sur son sort, il s'engouffra dans une rue pavée menant vers le palais de justice. Les rangées de maisons qui la bordaient étaient inclinées, de sorte que les chambres supérieures semblaient sur le point de se toucher. Des feuilles de vignes reliaient les toits, et cet ensemble protégeait agréablement la voie du soleil.

Sur le pas des portes, des vendeurs ambulants proposaient leur camelote. Ici, un vieil homme proposait de rempailler des chaises. Plus loin, un garçon d'une dizaine d'années proposait des chams, ces pains moelleux remplis de viande piquante et de sauce à base de lait.

Les chams dégageaient une forte odeur d'épices, et l'estomac de Marcio gronda lorsqu'il dépassa l'enfant.

- Bientôt, espèra-t-il, bientôt.

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