chapitre 9

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PDV Adrien :

Je discutai avec certains de mes amis les plus proches en savourant l'espèce de caillou qui me servait de steak et les quelques pâtes fades qui ressemblaient plus à de la bouillie mal écrasée qu'à autre chose.
Ce genre de repas immondes avaient le don de me pourrir mon humeur en quelques micro-secondes : la nourriture c'est super important et ils devraient en tenir compte avant de nous servir ces merdes dignes d'une apocalypse.

Bien que la conversation avec mes amis soit vraiment intéressante, je ne pouvais m'empêcher de suivre Ely du regard. Il était attablé à une table entièrement constituée de filles dont ma petite amie. La conversation des filles avait l'air si animée que je me demandais si elles n'en avaient pas oublié la présence de mon colocataire.
Sa main droite reposait sur son cou tandis que son autre avait disparu sous la table. La seule personne qui semblait faire attention à lui était une brune qui de mémoire se prénomait Luce ou bien Lucie ou encore Lucile...à moins que ce ne soit Lucia ou un truc dans le genre.

Je ne m'intéressais absolument pas aux copines de Manon, les seules fois où je leur avait adressé la parole, elles n'avaient cessé de glousser et de chuchoter.

Mon attention se porta de nouveau sur le garçon avec qui je partageais ma chambre, Luce quelque chose ne semblait ni prête à stopper son monologue ni à le laisser parler. Quand je le vois parler avec d'autres, on dirait sans cesse qu'il est mal à l'aise ou qu'il a envie d'être autre part...sauf avec la rousse qui m'exaspèrait, après tout elle était belle, plutôt acceuillante et avait l'air de bien s'entendre avec lui : ce ne serai pas étonnant de les voir finir ensemble. Cette idée me préoccupait un peu sans que je ne puisse savoir pourquoi.

La main de la pouffe à la gauche d'Ely s'était posée sur sa cuisse, il sursauta et la dévisagea, surpris. A mon plus grand plaisir, il décala sa main mal manucurée et se reconcentra sur son assiette qu'il n'avait quasiment pas touchée. Je me doutais bien que le niveau intellectuel de cette vieille peste n'était pas très élevé, mais de là à caresser de nouveau la cuisse d'Ely, il devait lui manquer pas mal de centaines de neurones.
Il se mordit fortement la lèvre inférieur, pas de désir mais de colère, je me rendis alors compte que j'avais fait la même chose inconsciemment. Il ne tarda pas à enlever une fois de plus sa main un peu trop baladeuse à notre goût -oui, je m'inclus dedans- et eu l'étrange réflexe de mettre sa serviette sur ses genoux rapprochés.

Je sentis une vague d'hésitation en moi quand elle enleva cette sorte de "bouclier" sans gêne et remis sa putain de main insistante sur sa cuisse : j'étais à deux doigts de me lever mais à ma plus grande surprise, il prit son bras de son autre main et compressa ses phalanges si fort que j'ai eu mal pour elle.
Non je rigole, j'aurai certainement fait bien pire mais il faut pas que j'oublie que c'est Ely et qu'il n'a vraiment pas l'allure de quelqu'un de violent.
J'avais tant envie de frapper toutes ces personnes qui se croyaient supérieures au point de toucher la cuisse des gens comme si c'était les leurs.

Mon colocataire se leva précipitamment après avoir arraché un cri de douleur à cette pouffe. Je le dévisageai d'un regard fier mais il ne sembla pas bien le remarquer et quitta la pièce ni une ni deux, je ne pu m'empêcher de le suivre : au moins pour savoir si il allait bien.

Arrivé devant les toilettes propres de notre lycée, il laissa échapper de ses fines lèvres un long soupir de soulagement puis de surprise quand il m'aperçu dans l'embrasure de la porte.

Je m'avança vers lui et lui demandait simplement comment il se sentait, ce à quoi il répondit simplement que tout allait bien. Il disait ça mais je sentais bien que ça n'allait pas vraiment entre son regard baissé et son habitude de triturer ses doigts quand il était stressé.

Les mots c'est pas vraiment mon truc alors je décida de m'avancer vers lui et de le prendre dans mes bras. Je posa ma tête sur ses cheveux qui sentaient la figue et son odeur si agréable, il sentait vraiment très bon. Mes bras étaient enroulés autour de son cou à cause de sa petite taille et après quelques secondes d'hésitation, il me rendit mon étreinte en se nichant contre mon torse.

J'avais l'habitude des câlins avec Manon mais là, c'était différent de un parce que c'était un garçon, et de deux parce que lui sentait une odeur très différente et légèrement plus agréable que les parfum chimiques que Manon utilisait à longueur de journée. Tout compte fait, un petit trois s'impose : son étreinte était à la fois chaude et attendrissante, je ne pouvais m'empêcher de le trouver mignon avec sa petite taille et sa façon de se nicher contre mon torse. Une fois qu'on l'avait dans nos bras, on avait pas envie de le lâcher.

Après quelques secondes à le tenir contre moi, je finis par desserrer mes bras qui l'entouraient. Il s'écarta de moi, les joues rouges piment, j'en avais presque pris l'habitude à présent.
Je le laissa se rafraîchir le visage avec un peu d'eau froide et le pris par la main avant de l'entraîner dehors. La cour en elle même n'avait rien d'exceptionnel et était même plutôt moche alors je lui fis signe de me suivre jusqu'à arriver devant un petit passage que j'emprunta sans hésiter. Nous finîmes par déboucher sur un petit espace peu aménagé et éclairé par la lumière du jour. Chacun des murs étaient tagués par des lettres ou encore des prénoms, tous les amoureux qui passaient par là notaient leurs initiales sur la pierre afin de s'en souvenir pour toujours.

Malgré le fait que cet espace était sensé appartenir à l'établissement, il était facile d'y accéder par un second passage en face de celui que nous avions emprunté un peu plus tôt.

Quelques blancs s'adossaient au mur colorés ainsi qu'une petite lampe murale. La pièce arborait en apparence des tons froids mais les multitudes d'écritures et de dessins faisaient de cet espace un endroit plutôt joyeux. Moi en tous cas je l'appréciais beaucoup, d'ailleurs c'était ici que je venais quand j'avais besoin de décompresser.

- C'est super beau.

- T'as vu ça !

- Elles correspondent à quoi toutes ces lettres ?

- Aux initiales des couples .

- Je vois, en tout cas j'espère qu'il y aura la mienne un jour.

- J'en doute pas, t'es super mignon, tu dois faire craquer beaucoup de filles !

- Pas vraiment.

J'allais lui demander pourquoi il disait ça quand il changea rapidement de sujet.

- Est-ce qu'il y a les initiales de Manon et toi sur les murs ?

- Non, je ne l'ai jamais emmenée ici à vrai dire.

- Pourquoi ?

- J'en ai aucune idée, peut-être que j'attends la bonne personne.

Après ça, nous nous sommes allongés dans l'herbe et avons discuté se tout et de rien, des cours ou encore de la boxe : il m'a dit qu'il n'en a jamais fait mais pourtant, il a l'air de pas mal s'y connaître. Il a sûrement regardé quelques matchs et vu quelques reportages. Je lui demanderai plus tard.

Nous parlions de tout et de rien depuis environ une trentaine de minutes quand il se releva d'un coup et regarda sa montre :

- Oh merde j'ai oublié Lola avec tout ça, je dois te laisser à plus tard

- Je vois... A plus alors

Il remit son sac sur son épaule droite comme à son habitude et s'en alla sans plus de cérémonie. J'aurai bien aimé qu'il reste un avec moi : surtout si c'est pour aller voir la rousse.

Je continua à râler dans mon coin jusqu'à ce que je me rende compte que ça pourrait être plutôt gênant si quelqu'un arrivait à ce moment là.
Je ramassa mon sac et parti rejoindre mon groupe d'amis.

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Coucou 👋, on approche enfin des chapitres à deux chiffres !
Et il ne reste plus que deux jours avant Noël 🤶 🎅

Le vide de ses yeux (b×b)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant