chapitre 19

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PDV Adrien :

J'allais enfin obtenir des réponses à mes questions. La seule chose que je savais à propos de ce bijou était qu'il comptait beaucoup pour ma mère, à part ça, je me contentais juste de le porter car j'aimais bien les couleurs et la minutie avec laquelle il avait été réalisé. Tout ça pour dire que je me voyais mal rompre les fils de ce cadeau que m'avait offert ma mère avant de s'en aller.

Tandis que Alice paraissait nostalgique et s'était assise sur une chaise, Ely semblait concentré sur chacun de ses faits et gestes et buvait ses paroles comme un verre d'eau en plein été.

- Ce bracelet que vous portez au même poignet, vous l'avez reçu en même temps et de deux personnes très proches, vos mères. Il y a longtemps, elles étaient meilleures amies et rien ne pouvait les séparer, elle prit une grande inspiration et continua son récit, sauf cette dispute qui a éclaté entre elles deux quand la mère d'Adrien a déménagé pour fonder une autre vie dont peu font partie. Chaque matins elles venaient me rendre visite et prenaient toujours la même boisson si bien que m'en souviens encore : deux chocolats chauds pas trop chauds avec un sachet de sucre et des chamallow.

Bien qu'un faible sourire étirait ses lèvres, on pouvait facilement sentir sa voix dérailler petit à petit. Ses émotions et ses souvenirs semblaient se mélanger et s'assembler pour former une histoire touchante, celle de nos mères.

Pendant de longues minutes, elle avait continué à parler et cela malgré les quelques larmes qui menaçaient de s'échapper de ses yeux tendres et ridés. Sa manière de s'exprimer était telle que l'on ressentait chacun des sentiment qu'elle avait pu éprouver à chaque moments du récit, que ce soit lors de leur rencontre, des soirées au bar autrefois plus vivant ou encore le départ de ma mère. Elle n'avait omis aucun détails et pour ça, je lui était reconnaissant.

De mon bras gauche, j'enlaçai Alice et de mon bras droit, je recouvrai rapidement mes épaules de ma veste avant de pousser la porte du bar et de m'en aller suivi d'Ely qui n'avait pas dit un mot depuis tout à l'heure.

Comme souvent, il me fixait de ses grands yeux noisette avec une douceur qui lui était propre, mais cette fois, une once d'incompréhension se rajoutait à ses magnifiques iris.

Comprenant qu'il attendait des réponses que moi même n'avais pas, je décidai d'entamer la conversation du mieux que je pus.

- Drôle de matinée hein.

- Ouais...je te le fais pas dire.

- Tu m'accompagnes toujours à la soirée ce soir ?

- Oui j'ai hâte de voir ce que ça va donner.

- Et le paris tient toujours ?

- Tu me prend pour un lâche ou quoi ? Bien sûr qu'il tient toujours.

- Parfait, j'aurai toute une journée pour réfléchir à ton gage.

- TON gage tu veux dire.

- Comme tu voudras.

Ses yeux croisèrent à nouveau les miens et un sourire discret ésquissa ses lèvres.

Une fois arrivé dans la chambre, je fis rapidement mon sac et m'en alla sans tarder, il faut croire que les souvenirs d'Alice nous avaient retardés mais tant pis. Je préfère encore connaître l'origine de ce bracelet plutôt que de faire des études de texte ou je ne sais quoi.

Je parcourai à présent les couloirs presque vides du lycée sans grande motivation mais je dus me rendre à l'évidence, j'étais vraiment en retard.

Après avoir pesé le pour et le contre pendant quelques secondes, je décidai de me mettre à courir. Mais alors que mes foulées plus ou moins rapides s'enchaînaient, je me rendis compte d'un petit détail qui avait quand même son importance : j'étais nul pour courir ainsi que pour l'athlétisme et tout ce qui touche à ce domaine. C'est pas faute d'avoir essayer pourtant, j'avais juste décider d'arrêter d'essayer de surpasser Usain Bolt à la troisième entorse.

Enfin, c'est pas tout mais je suis quand même en retard moi, il faut que je me dépêche. Quoique de toute manière je me ferai engueuler alors autant arriver dix minutes plus tard et puis ça va rien changer cette prof m'aime pas. Mais c'est pas une raison, je me suis promis d'être un élève modèle cette année. Oh et puis un minuscule retard ça va pas changer grand chose. Certes, mais mieux vaut l'éviter pour espérer que la prof me voit autrement que comme le boulet qui a eu la bonne idée de se tromper à la rentrée et qui s'est pointé une semaine en avance. Mais non, elle doit déjà avoir oublié. Comment on peut oublier ça en quelques mois ? Elle est vieille et elle a une mauvais mémoire. Bon ok je me grouille.

Essoufflé, je poussai lentement la porte en bois qui me sembla étonnement très lourde aujourd'hui. Enfaîte ça n'a rien d'étonnant étant donné que je viens de me vider de toute mon énergie en cinq minutes. Pour ma défense, il y avait beaucoup de marches et mon sac était presque lourd.

Une fois tous les cours de la matinée passés, je me rendis au self accompagné de Max qui semblait tout excité à l'idée d'accompagner cette fille à la soirée. Depuis ce matin, un sourire niais était scotché à son visage et rien ne pouvait le mettre de mauvais humeur, même pas les deux heures de maths que nous venions de passer.

Dans la pièce, tout le monde criaient, riaient, se roulaient des grosses pelles ou encore couraient comme si ils étaient seuls. Bon ok, je dois bien admettre que ça arrive parfois de le faire (sauf courir, ça il y aucune chance que ça arrive de mon plein gré ).

Une fois les futurs déchets installés sur mon plateau, je pris place à une table au centre de la salle afin de pouvoir observer un peu près tout le monde et d'être au courant de tous les trucs un minimum intéressants qui se passaient pendant la pause du midi.

Si il y a bien un truc que j'adore, ce sont les potins et il est hors de question que je m'en prive, surtout pendant une journée comme celle-ci. N'allez pas croire qu'il se passe quelque chose de vraiment intéressant, c'est juste qu'il me fallait une raison pour épier tout le monde à la recherche d'un nouveau scoop à raconter à mon meilleur ami.

Alors que je m'attelai à ma tâche, un rire étrangement familier me fit tourner la tête. Il s'agissait bien d'Ely qui riait à gorge déployée. Même si quand ce sont les autres ça m'énerve, là, je ne savais pas vraiment comment le décrire, cette voix, elle n'était pas superficielle mais à la fois authentique et un vrai délice pour les oreilles. Son rire cristallin et ses yeux amusés pouvaient faire chavirer n'importe quelle fille.

Lui qui passait d'habitude inaperçu était à présent au centre de l'attention et sans même le remarquer, il avait réussi à attirer la quasi totalité des regards sur lui et l'amie qui l'accompagnait. A la seconde où il le remarqua, ses joues s'empourpèrent et ses yeux se dirigèrent instantanément vers le sol, comme attirés par celui-ci.

Après lui avoir demandé de manger avec nous, il accepta et s'approcha de notre table avant d'y déposer son plateau et de lâcher son sac sans grande délicatesse. Naturellement, il s'assit à côté de moi et commença à déguster son entrée immonde.

Alors que les rires fusaient et que les discussions s'éparpillaient, mon colocataire s'arrêta d'un coup, il avait failli recracher ce qu'il avait dans la bouche mais l'avait avalé in extremis.
Son regard semblait dirigé vers une chose terrifiante et son corps paraissait complètement figé, comme une statue de glace qui attend patiemment que le Soleil la détruise. Ses yeux ne m'avaient jamais parus aussi méfiants et plaintifs.

Qu'est-ce qui pouvait bien lui faire peur à ce point là ?

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1307 mots

Et voici pour le chapitre 19, je pense que c'est l'un des chapitres que j'ai préféré écrire.

Le vide de ses yeux (b×b)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant