Sentence

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Je prends conscience du nouvel environnement qui m'entoure après une dizaine heure de coma provoqué par les anesthésiants. Je pensais que le N serait plus curieux que ça et avenant à l'échange mais non. Me voici déporté dans une toute autre pièce miteuse à des kilomètres de l'ancienne. Mon réveil était attendu puisque les trois zigotos sont devant mes yeux. La fouine et le Morgelio hilares avec un joint chargé qu'ils se font passer, on dirait des gamins de deux ans. L'odeur envahissante de la drogue couvre l'odeur de renfermé de la pièce. Leur patron qui portent un regard désespéré envers eux. Et moi, qui me sens bête au milieu. On dirait un tableau dans un musée et je suis spectatrice. La mission doit continuer d'évoluer et je dois désormais fixer le personnage que je dois jouer. Alors, la pauvre cruche effarée ou celle qui prend sa vie en main ? Je penche pour le personnage habile et aguerrie, c'est plus crédible pour déballer l'excuse qui me servira de ticket d'entrée dans l'entreprise du N.

J'ai une légère préférence pour la femme sûre d'elle. Et n'est-ce pas le personnage que j'ai déjà commencé à jouer ? De plus, je suis pratiquement sûre que Milinas a cerné mon jeu donc mieux vaux jouer la sécurité. Je prends deux minutes pour réviser mon discours déjà parfaitement huilé depuis des mois et je me lance.

"Drôle de manière de traiter vos invités, dis-je le ton sûr.

- Drôle de manière de l'ouvrir lorsque vous n'êtes pas en position pour, surenchérit le boss

Je vais jouer la carte de la négociation et de leur code de mafieux bidon.

- Surprenant venant d'un "homme d'affaires" de traiter une femme venue ici pour s'occuper de vos activités moins glorieuses.

Tout de suite, les trois hommes deviennent attentifs. La pièce est silencieuse, vide, terne. Seul le joint au bout embrasé apporte une touche chaude à cette pièce fade. Le frigo, c'est ainsi que j'ai décidé de baptiser Morgelio, prend les devants et me fait face.

-Non merci on a déjà notre réseau de putes.

Et le frigo est fier de sa blague en plus. C'est qu'il rigole fort, on dirait une moto qui peine à démarrer. Il se fit recadrer par le N en un simple regard. Celui-ci ne cesse d'ailleurs de me regarder dans les yeux bien décidé à deviner la demande bien avant que je la verbalise. Il fait un mouvement franc de la tête en ma direction, pas besoin d'un bac + 5 mafieux pour comprendre qu'il fallait que je parle et rapidement.

- Vous avez fait la demande il y a quelques mois des services de Frederik Nyarkvo. Elle vous a dit pouvoir vous trouver un agent pour mener à bien votre mission...

-... Et tu es ici pour nous annoncer que notre demande a été entendu ? Hivse est en chemin ? Demande le N

- L'agent qui vous a été envoyé, c'est moi.

Ça y est, je les ai tous perdus. Frigo en a la mâchoire qui se déboite tandis que son patron reste impassible.

- Comment pouvoir être sûr de l'information ? Demande Milinas à l'égard du N

- Relevez ses empreintes que j'envoie ça au labo. Je contacterais personnellement Frederik. Vous savez ce que vous reste à faire."

C'est ainsi qu'il disparu d'un pas déterminé. Les deux M se regardent entre eux. Ils connaissent leur taffe. Milinas se charge de mon cas et je ne me débat en rien. Après tout, ai-je quelque chose à cacher ? La réponse est non. Le réseau du N a souvent fait appel aux services de Frederik Nyarkvo, ma formatrice. Elle a fait de moi cette machine de guerre que je suis. La fouine, frigo et leur boss ont l'habitude de travailler avec l'agent Hivse, celle-ci est morte lors de sa dernière mission. Les risques du métier. Étant donné que lors de ma formation j'ai gravi les échelons en donnant le meilleur de moi-même, je me suis retrouvé en haut de la liste des agents à envoyer aux grands clients du monde entier. Ça explique que je me retrouve à me faire anesthésier par le bras droit d'un des plus grand réseaux de mafieux. Enfin pour des hauts gradés, je m'attendais à mieux intellectuellement parlant pour Milinas et Morgelio. Bien que Milinas n'a l'air pas si latent que ça, reste à voir... Pour Morgelio, c'est peine perdue, il est aussi bête que ses pieds et là, c'est sans scrupule que je vais me fier à mon préjugé.

Une nouvelle phase de mon plan est en marche, je dois désormais me faire une place dans le réseaux et gagner la confiance de ces messieurs pour mener à bien ma mission.

Des heures se sont écoulés et j'ai été anesthésiée à deux reprises afin d'être transportée jusqu'en France. Leur pays. Il y a eu le passage par l'avion, je n'ai pas fait de résistance et de toute façon j'étais constamment surveillé par des agents du N. J'ai eu l'honneur d'avoir la visite de Morgelio qui est venu se planter devant moi l'air crédule pendant trente minutes. Je suis sûr qu'il a appris que j'étais bel et bien l'agent qui leur a été envoyé et que ça à du taper dans son égo. Un petit bout de femme comme moi qui l'a mis à terre en une minute chrono va se voir confier une mission de grande ampleur par le N.
Il devrait être effrayé car il va se retrouver au tapis et assez rapidement. Je suis pas là pour faire la décoration.

Désormais c'est les yeux bandés qu'on me conduit au camp niché dans une forêt des Pyrénées. Comme si me priver de ma vue allait m'empêcher de me repérer. Je savais déjà tout, j'ai été formé et taillé pour me fondre dans la masse de leur société. J'admets avoir hâte de vivre au sein de leur souterrain. Oui parce que tout les agents vivent dans une base gigantesque sous terre avec deux possibilités d'entrée et de sortie. Soit la porte principale assez large pour faire sortir quatre véhicules en une fois soit celle qui ont dissimulé dans le tronc d'un grand chêne. Que du génie. Mais c'est sans compter le reste de leur terrain, cinquante huit hectares dans lesquelles sont repartis des hangars à stock diverses, camp de formation, stand de tir et une structure équestre complète pour les chevaux de course de Milinas. Passion secrète ou amour du gain ? La réponse est claire. Il va de soi qu'ils vont m'installer dans les plus bas quartiers car je ne suis pas leur petites habitués et ces trois loustiques sont amoureux du contrôle. Alors, hors de question pour eux de me chouchouter, je vais devoir faire mes preuves et à la dure.

On m'enlève enfin mon bandeau et me voici sans grand étonnant dans leur bas quartiers. Comment je le sais ? Outre le fait que je vis pour cette mission et que je les connais sur le bout des doigts, on peut remarquer que l'état de la pièce est lamentable, qu'on est beaucoup trop pour le peu de mètre carré disponible et qu'on sent la moisissure tout autant que les aisselles des neuf autres personnes présentes ici. On fermera les yeux sur les lits dégarnis, le manque d'intimité (puisque nous sommes tous entassés) et les douches probablement bouchés par le calcaire.

L'homme qui m'avait transporté ici me montre mon lit en tapant gracieusement dans le pied déjà bancal de celui-ci. Pitié , dite moi qu'il y a plus bavard que celui-là dans l'unité parce que sinon je vais m'ennuyer à mourir en attendant de faire mes preuves. Chance pour moi il semble y avoir des têtes sympathiques ! Je laisse paraître sur mon visage un léger sourire , réponse à ceux qui me sourient avec compassion. Je suppose qu'à cet étage , tout le monde se pense sur le même bateau. Les bas quartiers c'est pour les estropiés, les froussards, les révolutionnaires et ceux qui comme moi , n'ont pas ou plus la confiance du haut de la pyramide hiérarchique .

Je m'installe dans mon lit , le regard vers le plafond. Ici, on est tous regroupés dans une même pièce. Il fait chaud , ça sent mauvais et il y en a deux, trois qui ronflent.

Je me sens comme punie. Une sentence qui résonne comme une mise à l'épreuve.

Défi accepté.

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 01 ⏰

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L'ascension de la bonne soeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant