Le monde de Nayeli s'effondre un peu plus lorsqu'elle se retrouver malgré, elle témoin du meurtre de la jeune Sasha à quelques jours de la rentrée. Ce genre d'incident est commun à Anacostia, seulement cet incident devient un peu plus dramatique pou...
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« Gardienne silencieuse. »
N a y e l i.
Je saisis la dernière assiette de couleur blanche de manière désintéressée. Mes mouvements sont brusques, et violents. Les paroles de Sekany ne parviennent pas a captiver mon attention, mon esprit est ailleurs. Il sautille, un peu partout, sûrement encore excité de ma venu. Ses mouvement me pressent les poumons et me donne d'affreux maux de ventre. Je passe l'assiette sous le robinet, les mains tremblantes, fixant le robinet de la cuisine avec une certaine réticence.
Les gouttes d'eau froide commencent à tomber dans le fond de l'évier ébréché, goutte à goutte. Je sens le frisson me parcourir alors que l'eau tarde à couler convenablement. Le robinet, abîmé par le temps et la pauvreté qui règne dans notre foyer, semble refléter l'état de ma vie actuelle.
Je presse sur la poignée en métal rouillé, l'eau s'écoulant avec une lenteur agaçante et frustrante, révélant une fuite constante de mon énergie. Je crois que je suis lessivé. L'eau coule enfin, je passe l'assiette dessous, la retourne encore et encore. Je reprend l'éponge se trouvant à ma droite et répète à nouveau les même gestes, ces mêmes gestes brusques et violents. Frotter l'assiette avec une vigueur excessive, comme si de cette putain de manière je pourrais ainsi effacer toutes mes difficultés..
La saleté persiste, m'obligeant à frotter encore plus fort.
Encore et encore. Jusqu'à ce que mes doigts se crispent.
Selah - Pourquoi est-ce que tu continues à nettoyer ? L'assiette est déjà propre. Elle me demande, les yeux plissés d'incompréhension.
Mes doigts ont pris forme nouvelle, une texture étrange et a la fois familière. Ils se sont froissés, tels les pétales d'une délicate fleur qui s'épanouit sous une pluie légère. Cette transformation n'est pas douloureuse, bien au contraire. Les vagues de l'eau qui les caressent ont forgé des plis doux, comme les rides d'un vieux livre, conservant les histoires de chaque lavage.
La sensation d'avoir les doigts frippés n'est pas ce qui me perturbe, au contraire. C'est juste que- c'est lorsque je les observe, ces doigts, que le malaise s'insinue. C'est comme si leur transformation reflétait un surenchérissement de mon mal-être intérieur. Les fripes de mes doigts sont devenues le miroir silencieux de mon anxiété, des symboles de mon obsession pour la propreté de cette foutu assiette.
Oui, c'est ça.
Mon geste, dans sa totalité, reflète la lutte profonde de ma frustration. Mes yeux se posent sur ma petite sœur et la scrutent méticuleusement. Cependant, aucun son ne parvient à sortir de ma bouche. Je n'y arrive pas. Enfaite, c'est surtout je n'en éprouve pas l'envie. Alors, je continue de frotter l'assiette avec une intensité presque désespérée. Elle réitère sa question, sa voix douce (insupportable) trahis son inquiétude.
