Chapitre 1

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Un jour d’automne comme les autres, les feuilles tombaient des arbres, le vent soufflait. J'étais sur le chemin pour rentrer chez moi, ma journée avait été longue, j’avais vraiment hâte de rentrer pour pouvoir décompresser et enfin respirer. Mes écouteurs dans les oreilles, j'avançais malgré les bourrasques de vent. Je passa prendre du pain frais pour mon père, je sais à quel point il est heureux lorsque je fais cela. Je continuais donc mon trajet, la baguette sous le bras. J’étais heureuse d’enfin rentrer chez moi quand des lumières éblouissantes vinrent troubler ma vue, une sirène retentissait et une foule s’était agglutinée devant une maison, ma maison. Mon cœur se serra et se mit à battre plus fort que jamais. Je couru le plus vite possible avant de me frayer un chemin parmi tous ces gens. Ils avaient tous les yeux rivés sur une civière qui descendait les escaliers accompagnée de deux ambulanciers. Je n’osa même pas lever les yeux vers la personne étant allongé dessus, j’en avais trop peur. Je vis ensuite ma mère dans l'encolure de la porte d’entrée, les yeux injectés de sang. J’avais compris.. Elle me vit dans la foule de spectateurs et m'attrapa par le bras.  Je n’arriverait jamais a oublié ses mots : “Monte dans cette ambulance et surtout ne lâche pas ton père des yeux !” 

J’obéis à ses ordres, en suivant la civière. Le cœur toujours autant serré mais maintenant en ayant tout le corps qui tremblait. Je posa enfin le regard sur mon père et rien ne me sortit de cet état de transe dans lequel j’étais : les deux yeux rivés sur mon père, mon cerveau complètement paralisé. Les ambulanciers, durant le trajet, ont tenté de me parler mais rien n’y faisait, je ne lâchais pas mon père des yeux. 

Ma mère arriva aux urgences quelques heures après. Il était déjà sous perfusion, un masque à oxygène sur le visage. Il était pâle et vieillissant, comme si ces rides étaient apparues en si peu de tant. Il n’était déjà plus lui. Pendant près de six mois, je venais le voir après les cours en espérant qu’il se réveille un jour. Le dernier jour de sa vie fut le premier jour du printemps, sa saison préférée. Ce moment me brisa. Comme tous les jours je venais le voir mais ce jour-là sa chambre était vide, j’ai d’abord cru à un miracle. Je pensais qu’il était en vie mais ce sourire gravé sur mon visage s'effaça à la seconde où je vis ma mère sortir du bureau d’un des médecins, les yeux de nouveau injectés de sang. Mes jambes me lâchèrent et je m'effondra au sol. Mon cœur s'arrêta de battre. Ce jour-là il se brisa et rien ni personne ne le réparera.

Brisée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant