Chapitre 1

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Elle ne voyait rien, absolument rien mise à part l'épaisse et étouffante fumée marécageuse. Les ténèbres avaient envahi son âme, elle le sentait au plus profond de son corps. Soudain elle eut froid, comme si la mort avait pris possession de son corps. Elle plissa faiblement ses yeux, comme-ci elle pouvait adapter sa vue à cette noirceur.

Elle sursauta et fit un pas en arrière manquant de tomber dans le vide quand une main blanche et douce la rattrapa encerclant sa taille. Elle en frissonna, c'est indécent. Quand elle ouvrit les yeux, elle crut que la mort l'avait emportée, mais la mort l'avait sauvée. Elle se dit alors que si la mort ressemblait à cela, elle voudrait mourir un nombre incalculable de fois. La mort portait de longs cheveux noirs plaqués en arrière, des yeux noirs et une peau si douce, qu'elle eut l'impression qu'à la moindre brise d'air, sa peau se fissurerait. Il pouvait bien prendre sa vie, cela lui importait peu. Elle se sentait bien dans ses bras, l'impression que toute la solitude de son existence s'était envolée. Il posa ses lèvres sur les siennes, elle ferma les yeux, ses lèvres sont sucrées, comme un fruit que l'on venait de cueillir. Lorsqu'elle les ouvrit de nouveau, alors qu'elle s'abandonnait totalement à ses lèvres et sa langue qui valsait avec la sienne, elle surprit deux grands yeux dorés l'observer. Elle serra alors très fort les mains enfonçant ses ongles dans ses paumes. Lui, la regarda avec un sourire, un sourire qu'il lui glaça le sang. Ses yeux en amande lui donnant l'impression qu'il préparait quelque chose.

« -Tu es à moi. » Lui murmura-t-il à l'oreille.

Puis il la lâcha. Elle tomba dans le vide, elle aurait voulu hurler mais elle n'y parvint pas. Tout était de nouveau noir, froid et la solitude reprenait de nouveau le dessus sur sa pâle existence.


Elle se réveilla en sursaut, le souffle coupé. Luna regarda par la fenêtre la lune qui éclairait de sa pâle lumière sa chambre. Elle se tint la poitrine, elle avait mal, elle ne pouvait plus respirer. Puis la panique prit le dessus quand elle vit ses mains. Elle saignait...


-Encore... souffla telle exténuée.

Toutes les nuits depuis ses seize ans elle faisait le même rêve, mais c'est la première fois qu'elle voyait réellement son visage, aussi net. Qu'elle goûtait à ses lèvres scandaleuses. Elle en rougit.

-Luna reprend toi !

Luna allait bientôt faire dix-huit ans, mais cela avait l'air d'inquiéter ses parents. Chaque année depuis qu'elle a commencé à rêver du territoire interdit, on ne fêtait plus sa naissance. Sa mère lui avait interdit d'en reparler. Tu ne peux pas Luna, c'est mal. Pour ta sécurité tu ne dois plus en parler. Ça passera. Elle avait alors acquiescé bêtement, ne voulant pas la contrarier.

Elle se leva et scruta sa chambre, les lieux qu'elle fréquentait le plus, son repaire. La pièce était grande, bien trop grande pour une seule personne. Les plafonds étaient ornés de peintures splendides, d'anges veillant sur elle. Les pierres apparentes des murs blancs donnant un air de forteresse à cette pièce. Elle savait parfaitement qu'elle ne pourrait jamais partir d'ici. Partir ? Où ? Il n'y a rien au-delà de la cloche.

Elle alluma une bougie afin de s'installer sur son siège devant son miroir pour pouvoir soigner ses blessures. Elle savait pertinemment qu'au lever du jour elle n'aurait plus rien. Elle regarda un instant son reflet dans le miroir, ses longs cheveux roux avaient perdu de leurs éclats avec le temps. Ils encadraient un magnifique visage, le teint pâle et habillé de tâche de rousseurs. Le tout était sublimé par deux grands yeux bleus. Elle brossa ses longs cheveux pensifs. Elle n'a pas toujours connu cette intense solitude qui pesait sur elle. Bien au contraire.

LUNAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant