22. Une troublante erreur.

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Assise au bord du lavabo, je l'observe attraper le nécessaire médical. Ma tête appuyée contre le miroir, je sens mon cœur s'affoler en remarquant l'aiguille et le fil qu'il attrape.

— C'est vraiment nécessaire ? demandé-je avec une grimace.

— Si tu ne veux pas te vider de ton sang, oui, répond-t-il.

Il dépose tout dans le lavabo et me lance un rapide regard.

— Tu veux bien relever ton tee-shirt ?

Je me décolle du miroir et tire sur les pans de mon tee-shirt. Il détourne le regard, s'occupant d'imbiber une compresse de sérum physiologique. Je siffle en sentant le tissu se décoller de la plaie, emportant des bouts de peau et de chair avec et le remonte jusqu'à ma poitrine.

J'observe le sang qui tâche mon ventre, le mien et celui de l'homme que j'ai transpercé d'une balle. Je le revois suffoquer, s'agripper à la vie comme il le pouvait.

— J'ai failli tuer quelqu'un, murmuré-je.

Elias s'immobilise avant de plonger ses yeux dans les miens.

— Tu ne l'as pas fait, affirme-t-il immédiatement. Je l'ai tué.

— Mais encore combien de temps ? Combien de temps il me reste avant que ça arrive ?

Il s'approche, le regard déterminé.

— Je ne laisserai pas ça arriver, affirme-t-il. Carlos t'a fait rentrer dans notre monde, alors je vais faire de mon mieux pour que tu en sortes. Tu ne tueras pas, je t'en fais la promesse, sweetheart. Tu m'as sauvé la vie alors je le ferai pour toi s'il le faut.

— Ne fais pas de promesse que tu ne peux pas tenir, Elias. Tu ne pourras pas toujours être là.

Il baisse la tête et je m'étonne de cet acte.

— Tu as raison, je n'ai pas été là aujourd'hui. J'ai failli à mon devoir.

Il relève la tête, ses traits ont durcis et son regard s'est assombri.

— De quoi tu parles ? demandé-je d'une voix douce.

— Je n'ai pas su vous protéger, explique-t-il d'une voix sombre. J'aurais dû savoir que c'était un piège.

Ses poings se serrent et sa mâchoire se contracte.

— Comment aurais-tu pu le savoir ? C'est le principe d'un piège. Si c'était si simple à déjouer, ça n'existerait pas.

— Mais ça aurait dû l'être pour moi ! s'énerve-t-il. J'ai vos vies entre mes mains et le moindre dérapage peut être mortel. Je refuse de perdre un autre membre de ma famille.

Mon cœur manque un battement lorsque sa voix se brise avec sa dernière phrase. Il se racle la gorge et détourne le regard, observant la compresse dans sa main. Elias montre une faiblesse pour la première fois, je ne l'ai jamais vu aussi humain.

— Tu dois savoir faire confiance aux autres comme ils ont confiance en toi, Elias, je reprends doucement. Ils se sont battus et tu es revenu. Tu as été là pour les tiens.

Mes yeux se perdent dans le bleu des siens qui reflètent le regret et la peur.

— Vous auriez pu mourir, répète-t-il.

— Mais tu es arrivé à temps. Tu n'as pas failli à ton devoir, loin de là. Tu les as sauvé. Tu nous a sauvés, Elias.

Il déglutit avant de faire traîner son regard sur mon visage.

— Pourquoi... comment peux-tu être si...

Il n'arrive pas à formuler sa phrase et je souris face à sa vulnérabilité.

Chrysanthème Noir | T.1 En RéécritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant