|PROLOGUE|

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Samedi 8 décembre 2007,Oxford

On avançait dans ces couloirs qui me sont encore inconnus, passant de portes en portes. Aucuns regards ni aucuns mots n'ont été échangés entre nous depuis que nous sommes sortis de cette pièce, seul le bruit de nos pas résonne dans le long couloir. Il m'entraîna dans un escalier et me fit monter les marches rapidement, je manquais d'ailleurs plus d'une fois de tomber. Au bout de ces marches apparaissait les premières cellules. Nous passâmes devant sous le regard des hommes qui y étaient enfermés.

-Tu nous ramènes un cadeau Beker ? S'exclama un homme.

-Tu feras joujou avec elle quand tu sortiras de ta cellule Carter, ce qui n'est pas le cas pour le moment.

-Oh aller, t'es pas drôle partage-la!

Le blond ne rétorqua pas, se contentant de tracer son chemin, m'emportant avec lui. Il s'arrêta au fond du couloir et sortit son trousseau de clé pour ouvrir la porte d'une cellule visiblement vide. Il prit mes poignets, toujours sans aucune once de délicatesse et détacha les menottes. Je n'osais lui adresser aucuns regard tandis qu'il me poussait à l'intérieur de ma cellule. Cette dernière n'était pas du grand luxe, seulement un sommier et un petit toilette s'y trouvait. Les gravures sur les murs omniprésentes montrent qu'elle a déjà été utilisée par le passé. J'entends que le connard ferme à clé ce petit carré de quelque mètre cube uniquement. Puis je remarquai que la pièce ne contenait pas de matelas, seulement le sommier.

-Il n'y a pas de matelas ?

-C'est pas Disneyland ici, soit déjà heureuse de pas dormir sur le sol, me cracha-t-il sèchement.

Je ne rajoutai rien même si l'envie de lui dire d'aller se faire foutre ne me manquais pas. Il disparut dans le couloir, ne laissant derrière lui que le son de ses pas résonnant dans le couloir. Je restais fixe devant les barreaux me séparant de la liberté.

- Ne tombe pas dans le piège du "Bad boy froid et mystérieux", il n'y a rien de bon dans ce mec.

Je lâchais un cri en me retournant rapidement à l'entente de cette voix. Une femme était assise dans ma cellule. Je ne l'avais pas remarquée à cause de la faible luminosité. Elle se leva et se rapprocha légèrement de moi. Ses yeux bleus perçants et ses longs cheveux bruns lui donnaient un air de poupée.

-Pourquoi t'es là ? Me demanda-t-elle de sa voix cristalline.

-Ça ne regarde que moi.

-Relax le pitbull, je vais pas te manger.

Elle esquisse un sourire en coin en s'appuyant contre l'un des murs.

-Je te retourne ta question.

Elle me fixa dans un silence en me détaillant de haut en bas, chose que je détestais. Elle se mit à ricaner légèrement avant de planter ses yeux dans les miens.

-Ça ne regarde que moi.

-T'as l'air habituée de cet endroit, lui dis-je sans lui adresser un regard.

-Ça va faire 3 ans que je suis ici si c'est ça ta question.

3 années qu'elle poirote dans ce trou... Elle doit connaitre tout le beau monde qui s'y trame et connaître chaque recoin. C'est bon à savoir. Un coup contre les barreaux me sortit de ma rêverie. Le connard tenait deux plateaux et les fit glisser dans la cellule.

-On mange quoi ce midi ? Demanda ma colocataire de cellule.

-Ouvre tes yeux imbéciles, lui répond sèchement le blond.

-Toujours aussi aimable Beker.

Elle lui sourit avec insolence et tire son plateau vers elle. Le dégout s'installa sur son visage et elle commença à marmonner des mots incompréhensibles. Le connard posa ses yeux froids sur moi.

-J'espère que tu t'étoufferas avec ta bouffe, me cracha-t-il.

-Je n'y manquerai pas.

Il partit sans se retourner. Je saisis mon plateau pour m'installer en face de la brune.

-Au fait, moi c'est Lexie.

-Kate, lui répondis-je en observant mon plateau.

Une assiette en carton remplie de purée avec un steak qui a l'air beaucoup trop cuit, un yaourt à la vanille, une miche de pain et des couverts.

-Il n'y a pas d'eau ?

-Nan, faut qu'on aille boire pendant les heures de sortie, donc trouve un récipient rapidement pour la stocker ici au cas où.

Elle me sourit et commence à manger en pestant contre la nourriture infâme et sans saveurs. Je prends ma fourchette et commence à manger avant de comprendre qu'elle a raison, c'est vraiment dégueulasse. Je mange à contre cœur sans un mot, à la place, j'écoute Lexie parler.

-Le lundi aprèm une semaine sur deux, on peut aller au parloir, une après-midi par semaine on est en TIG dans la cour.

-En quoi consiste le TIG ici ?

-Oh simplement nettoyer la cour, retirer les déchets, tondre, arroser, les trucs de base chiants. Après si vraiment on t'aime bien on peut te mettre en cuisines, ça c'est cool.

-Il y a d'autres filles ici ? Lui demandais-je intéressée par ce qu'elle me raconte.

-Oui mais c'est toute de grosses connasses. Elles passent leurs temps à tourner autour du gardien en espérant coucher avec lui.

-On dirait qu'il attire beaucoup l'attention ici.

-C'est le cas effectivement, mais ce mec n'as rien pour plaire, il est désagréable c'est une horreur, souffla-t-elle.

Je souris légèrement puis la voit s'allonger sur le sommier.

-Aller hop, petite sieste avant la guerre.

-Tu n'as pas de matelas ?

Elle prit une voix grave et imita le connard :

-C'est pas Disneyland ici.

Elle éclata de rire à sa propre blague. Je lui souris et m'assois dans un coin, attendant une quelconque interaction dans le couloir. Mais rien. Seuls les bavardages des cellules voisines se font entendre. Après quelques minutes j'entendais déjà sa respiration devenir régulière, signe qu'elle s'était endormie. Le clapotement de gouttes d'eau s'échouant sur le sol rompait le silence de mort qui régnait désormais dans le couloir. Seul moi et mes pensées étions réveillées.

Dimanche 9 décembre 2022 

Un son métallique me fait me réveiller en sursaut. Un gardien se tenait devant les barreaux, ce n'étais pas le connard. Combien y en avait-il pour un tel bâtiment ? Une dizaine j'imagine.

-Dans cinq minutes vous devez être prête pour descendre dans la cour s'il vous plaît.

Au moins celui-là sait être aimable et poli. J'entendis la brune bouger et grogner légèrement.

-Hayden laisse nous encore trente minutes s'il te plaît...

Sa voix était lasse et endormie, signe qu'on venait de la réveiller de force. Le brun qui se tenait à quelques mètres de nous soupira

-Tu sais parfaitement que si je vous fais descendre rien qu'une minute en retard Kurt va m'étriper.

-C'est pas mon problème, porte tes couilles et soutiens-nous, la brune se tourne face au mur et se recouche.

-Tu veux que je meure ou quoi ? Dépêche-toi de te lever. Je reviens dans 20 minutes, t'as intérêt à être prête.

-Rêve toujours bouffon !

Elle rigole tandis que le blond soupirait et repartait dans le couloir.

-Tu peux te rendormir 30 minutes, la dernière fois j'ai déréglé sa montre pour dormir plus. De toute façon il arrivera en retard quoi qu'il arrive...

-Je préfère rester éveillée.

-C'est toi qui décides.

Je l'entends se rallonger à côté de moi et sa respiration redevenir lente, signe qu'elle s'était endormie. Je fixais le couloir à la recherche des réponses aux questions qui me taraudaient depuis mon entrée ici.

Cette sensation était ici, là, sans pourtant être parmi nous. Qu'était-ce ?

Handcuffed to the devilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant