3 | L'emménagement

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De retour à cette foutue table, mon humeur ne s'est pas améliorée. Felix, de son côté, semble se prêter au jeu. Il est souriant et semble être apprécié par ma mère. Ce qui est bien en soi. C'est en le regardant que je retrouve moi-même le sourire. Il tourne la tête pour me faire face et pose sa main gauche en dessous de sa tête. Qu'est-ce qu'il fait ? Je sens mes joues devenir rouges, ce n'est pas bon signe du tout. Dans la foulée, son père intervient.

- Puisque ta fille a retrouvé le sourire Marilyne, on se doit de vous annoncer autre chose les enfants.

On l'interroge du regard.

- On emménage ensemble dès ce soir.

Le trajet du retour se fait dans le calme. Je n'arrive pas à concevoir que je vais habiter avec Felix, qu'il va être -enfin qu'il est officiellement- mon demi-frère et qu'on va donc se voir tous les jours. Ça fait beaucoup en une seule pauvre petite journée. Felix va prendre la chambre juste à côté de la mienne. Nous avons quatre chambres dans la maison ; celle de ma mère qui se trouve à gauche du couloir au premier étage, la mienne ainsi qu'une chambre vide à côté tout à droite, et une chambre d'ami au rez-de-chaussé. En plus de ça, nous partagerons une salle de bain commune. C'est vraiment pour m'enfoncer au fond du gouffre.

Arrivée chez nous, toutes leurs affaires se trouvent déjà dans l'entrée. Il faut juste les monter.

- Tiens Lya ma puce, peux-tu aider Felix à monter tout ce qu'il a s'il te plaît ?

- Bien sûr maman.

J'essaye de prendre un maximum d'affaires pour ne pas effectuer je ne sais combien d'aller-retour. Nous montons petit à petit, moi à l'avant avec plusieurs cartons dans les bras. Je ne vois presque rien et à cause de ça, je manque une marche mais je sens qu'on me rattrape car j'atterris dans les bras de Felix. Ce qui me déstabilise encore plus.

- Est-ce que ça va ?

- Oui excuse-moi, j'aurai pû casser tes affaires.

- Ce n'est pas mes affaires qui m'importent, c'est toi.

Arrête de me parler comme tu le fais Felix. C'est une phrase anodine qui, hélas, accélère les battements de mon cœur. Je me détache rapidement de lui et dépose ses biens dans sa chambre.

- Bon bah voilà, le compte y est. Tu as besoin d'autre chose ? La maison est assez spacieuse mine de rien.

Il me fixe avec un sourire amusé.

- Il y a une piscine ?

- Oui bien sûr, on peut même la voir de ta fenêt...

Je me sens décoller du sol et me retrouve encore une fois dans ses bras. Je lui demande ce qu'il fait et de me reposer mais celui-ci fait tout le contraire ; il dévale les marches, ouvre la porte-fenêtre menant à cette fameuse piscine et se jette dedans. Quel enfant c'est pas possible, on a du boulot mais j'avoue que ça m'amuse beaucoup. On ressort de l'eau en riant aux éclats. Je me pose sur le bord de la piscine et regarde Felix faire quelques longueurs. Il est si beau les cheveux en arrière à cause de l'eau. Felix s'approche de moi avec un petit sourire. Quand il arrive à ma hauteur, il attrape mon pied pour me refaire tomber dans la piscine mais cette fois-ci il ne me lâche pas et passe ses bras autour de ma taille.

Son regard est beaucoup trop intense. Il me plaque doucement contre le mur de la piscine et nos visages sont de plus en plus proches. Tout est réuni pour qu'une tension s'installe et c'est le cas.

- Felix... on doit retourner décharger tes affaires.

J'ai eu du mal à dire cette phrase sans que ma respiration soit saccadée. Il ne dit rien et me lâche pour sortir de la piscine. Il me tend la main pour m'aider à sortir également. Je le remercie et vais chercher des serviettes pour nous sécher. Je n'y ai pas pensé mais heureusement que nos parents étaient dans leur chambre ; on ne voit pas la piscine de leur côté.

Nous passons le reste de la soirée à déballer ses affaires. On a bien rigolé, on s'est un peu chamaillé également. J'ai beaucoup apprécié cette soirée. Le repas s'est bien déroulé aussi. Ma mère et le père de Felix forment un beau couple, je suis heureuse qu'elle ait pu trouver chaussure à son pied. Cependant, ce qui me chagrine c'est que notre début de relation avec Felix est tout sauf familiale. Je ne sais pas où ça va nous mener mais il ne faut pas que ça évolue dans ce sens. Ça me ferait trop mal de voir ma mère dans un sale état une fois de plus.

Le lendemain, je me lève tranquillement. J'ai cours que l'après-midi donc ce n'est pas le temps qui manque. Je prends les vêtements que j'avais préparé à l'avance hier soir et me dirige vers la salle de bain. Avant même que je ne fasse quoique ce soit, la porte s'ouvre sur un Felix habillé d'une simple serviette autour de sa taille, en train de se laver les dents.

- Je me rince la bouche et te laisse la place. Je fais vite.

J'hoche la tête en guise de réponse et effectivement il a été rapide puisqu'il avait déserté la salle de bain seulement quelques secondes après. Je fais donc ma petite routine du matin et descends déjeuner.

- Les parents ne sont pas là ?

- Non, ta mère était déjà partie avant que mon père ne parte à son tour.

- D'accord. Alors, comment tu trouves la maison et la ville, tu as eu l'occasion de la visiter ou pas ?

- Je l'aime beaucoup.

Il prononce cette phrase en me regardant droit dans les yeux, l'abaissant vers son bol de céréales par la suite.

- C'est spacieux. Pour la ville, non je n'ai pas eu le temps. En fait... mon père m'a directement déposé à la fac après que nous soyons arrivés.

Je comprends mieux pourquoi il semblait si perdu la toute première fois que je l'ai aperçu, en train de déambuler désespérément à la recherche de repères. Cette pensée me procure un petit rire non dissimulé.

- Tu penses à quoi ?

- À toi.

Cette phrase sortie toute seule et que je regrette à la seconde où je réalise ce que je viens de dire, devant lui qui plus est. J'entends sa cuillère frapper contre le bol, signe qu'il vient de la lâcher, sûrement sous le choc. C'est au tour de sa chaise de faire du bruit, et des pas se rapprochent de moi. J'essaie de regarder ailleurs par gêne mais il arrive à capter mon attention malgré tout.

Felix se retrouve dans mon champ de vision, observant mes joues.

- Et c'est moi aussi qui provoque les rougeurs que je vois sur ton visage ?

- Je suis gênée c'est pour ça.

- J'aurai parié sur autre chose pourtant.

Aucune réponse ne sort de ma bouche. Je ne sais quoi dire face à lui. Me justifier serait inutile de toute façon. Je regarde ma montre et lui dit simplement que je dois me rendre à la fac maintenant si je ne veux pas être en retard. Il ne proteste pas et je le remercie pour ça.

En sortant, je remarque Rosé m'attendre comme à son habitude devant chez moi. Je la salue et on se met directement en route sans traîner. Elle m'interroge sur la journée d'hier et je n'oublie aucuns détails. Même le moment dans la piscine. J'ai vraiment honte mais je lui fais confiance, elle m'a toujours épaulé peu importe les évènements et inversement, j'ai toujours été à ses côtés.


Step Love | Felix (Stray Kids) FROù les histoires vivent. Découvrez maintenant