I. 6 mois

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          Point de vue: Astree

     Face à mon miroir, je me prépare. Il fait plutôt bon pour un début janvier, mais je sors tout de même un sweat et un legging. Le sweat est trop grand et tombe jusqu'à mes genoux, mais au moins je me sens en sécurité avec, et puis, il cache mon corps. Il n'est que 7h, trop tôt pour partir. Je me jette dans mon lit, et regarde avec nostalgie le plafond de ma chambre, couvert d'étoiles fluorescentes que j'avais collée avec mon frère jumeau et mon père. Je sens les larmes affluer. Mon père a quitté ma mère il y plusieurs années de ça, je ne l'ai jamais revu. Il parait qu'il a refait sa vie avec une autre femme et a de nouveaux enfants. J'espère qu'il est un bon père pour eux. Mais c'est pas le plus douloureux, ma mère a toujours été là, et elle a réussi à nous faire grandir. Enfin, ME faire grandir.. Mon frère s'est suicidé il y a 6 mois maintenant, il s'est jeté d'un pont. En repensant à son visage apaisé dans son cercueil, je laisse les larmes couler. Tant pis pour le maquillage. Il se faisait harcelé et je n'ai rien vu, je n'ai pas été capable de l'aider ! Je m'en veux...
     Je regarde ma porte, les yeux rougis, réfléchissant. Est-ce que....? Oui. Je me lève, ferme la porte à clef. Je me penche de façon à atteindre le dessous de mon lit, et je tâte à la recherche de la planche descellée. Trouvée. Je la soulève et récupère ce que je cherchais. Ma lame à la lumière, elle est encore écarlate du sang de la veille. Mes larmes ont cessé de ruisseler, mais je tremble. Relevant mes manches, je dévoile à ma vue des cicatrices de toutes tailles, certaines encore sanguinolentes. Le tissu s'accroche à une plaie mal cicatrisée, ça pique. Je fais glisser ma lame le long de mon bras, sans appuyer, de manière à ne laisser qu'une fine ouverture, qui se rempli rapidement de rouge. Des petites bulles se forment. Je n'ai pas vraiment mal, mais ça me fait du bien de voir mon sang. Je sens que je suis vivante, que c'est la réalité. Je range alors mon arme, cache à nouveau mes bras sous mon pull, et sors de ma chambre. Il est l'heure de partir au collège.

Une vie dans leurs peauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant