1

76 9 7
                                    

Je dirai que la vie, ressemble plutôt à un fleuve. Un long fleuve d'eau claire.

Quelques uns y nagent, tranquillement; tandis que d'autres, s'y noient.

Il y a aussi ceux qui se retrouvent entre les deux, entre l'eau et la terre ferme, et qui ne savent pas quand ils tomberont, ou quand ils arriveront à se hisser sur la berge. Ceux qui, d'un certain côté, ne savent pas comment en finir.

Pour ma part, je suis passée par toutes ces catégories. Mais, actuellement, je pense plutôt me situer dans la dernière. Je suis entre l'eau et la terre, sur le point de me noyer, mais agrippant fermement une poignée d'herbe qui me relie encore à la surface.

C'est ce que j'ai toujours pensé.

Tout le monde a toujours dit de moi que j'avais un esprit tordu, que je ne partageais pas le même monde que les autres. Les infirmiers, les médecins, les chirurgien, mes parents, mon frère... Tous me pensaient ailleurs.

Avant, je me fichais bien de tout ce que pouvaient penser les gens autour de moi. J'étais si insouciante ! C'était pourtant seulement il y a quelques mois.

Je vivais comme tous les ados de mon âge, " une ado de base " comme disait mon père. J'avais des amis, de bonnes notes, une famille aimante... Je ne pouvais rêver mieux ! Lorsque j'étais seule, je m'enfermer dans mon monde imaginaire, à travers mes dessins, mes peintures, et mes livres. L'art était une de mes manière de m'évader.

Il m'est arrivé à plusieurs reprises de me moquer des personnes âgées, ou encore des handicapés en fauteuils roulants que je croisais dans la rue - même si au fond, ils m'inspiraient plus de la peine que de la moquerie. La bêtise des jeunes, sûrement.

Je faisais surtout cela pour être comme tout le monde, comme mes " amis " - qui n'en étaient finalement pas vraiment, ce que j'ai compris plus tard.

Mais tout cela constitue maintenant mon passé. Un passé très lointain pour mon esprit, mais pourtant encore proche. Un passé auquel j'aimerai parfois retourner.

J'ai lu pas mal de livres qui décrivent bien les conséquences de la maladie dont je suis maintenant atteinte, mais ce n'est pas vraiment ce que je ressens. Il est dit dans la plupart, que la maladie peut séparer des êtres, changer des vies... D'une part, ces affirmations sont loin d'être fausses, mais elles sont aussi loin de la vérité. Car ce que l'on vit est bien pire.

Depuis que je suis malade, beaucoup de choses me sont tombées dessus.

Maintenant, c'est de moi que l'on se moque dans la rue. L'absence de cheveux sur mon crâne et la maigreur dont je suis victime attirent regards et moqueries, et ce depuis que je suis sortie de l'hôpital.

Je me suis retrouvée dans la peau de ces gens que je méprisais auparavant, sans aucune raison. Et c'est en partie lorsque j'ai réalisé cela, que mon point de vue et ma façon de penser ont changés radicalement. C'est aussi à ce moment là, que j'ai cessé de peindre et de dessiner ces mondes auxquels je croyais, ces mondes imaginaires qui occupés presque toute la place dans ma tête.

Parce que ce n'était pas la réalité.

Parfois, il m'arrive de penser : " Pourquoi m'acharner ? Il me suffit de perdre contre ce qui me ronge, et ainsi je disparaîtrai. "

Je ne vous cache pas que j'ai parfois songé à mettre fin à mes jours. Mais grâce à ces quelques personnes qui sont encore auprès de moi, qui me soutiennent, qui m'aident à me maintenir en vie - dans tous les sens du terme - j'ai décidé de me raccrocher encore un peu au monde des vivants.

Je suis un cas atteint d'un cancer.

J'ai 17 ans, et mon nom est Cécilia.





CéciliaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant