Immortal War : Partie 01, Le Succube.

CHAPITRE 06

          Aujourd'hui, cela faisait déjà deux semaines que j'étais ici. Tous mes cours de tir à l'arc de la semaine étaient complets, et suite aux nombreuses demandes, on pensait même à rajouter un ou deux cours de plus par semaines. Mais les cours n'étaient probablement pas les moments de la journée qui étaient le plus intéressants. Nous trouvions presque un humain par jour qui rôdait autour du camp. Andy semblait de plus en plus sceptique et de moins en moins satisfait. Il trouvait étrange que du jour au lendemain ils soient si peu prudents. C'est vrai que c'était très bizarre, mais de là à s'en inquiéter... Dimitri était très souvent absent. De temps en temps, il dormait une nuit à la maison, puis disparaissait en suite pendant plusieurs jours, et plusieurs nuits. Je ne disais rien, il faisait ce qu'il voulait après tout. Andy se lâchait un peu plus avec moi. Il n'hésitait plus à me prendre dans ses bras, et presque plus à m'embrasser. Même si parfois il redoutait encore un peu le démon. Il me repoussait ou s'enfuyait.

          Je n'avais pas de cours à donner aujourd'hui, ni demain. Je passais donc toute la journée puis toute la soirée avec lui. Je ne savais pas encore ce qu'il avait prévu, mais il avait vaguement parlé de sortir en dehors du camp. Ce que je savais c'est que toute la journée, tous les jours, j'attendais avec impatience le moment ou je le retrouverai. Aux yeux de tous les habitants du village, nous étions ensembles. Depuis cette fois où je l'avais embrassé dans la rue devant chez moi et que les habitants nous avaient vus, ils se posaient tous des questions. Et même si rien n'avait été officialisé, ils chuchotaient tous que « le Prophète et le succube » n'étaient pas que de simples amis, comme ils l'affirmaient. Lorsque des curieux nous posaient la question, nous répondions sans cesse : « Non, nous sommes de bons amis, c'est tout ». Mais je pense que ça faisait un moment que nous ne n'étions plus crédibles...

          Je sortis de mon lit et partis dans la salle de bain pour une douche rapide avant de sortir. Je devais retrouver Andy dans 45 minutes devant le Temple. J'avais hâte. Vraiment hâte de savoir ce qu'il avait prévu pour notre première journée entière ensembles. Pour une fois, nous n'étions pas obligés de passer la journée à discuter des humains, des réunions, ou de la mort. Et surtout, pour une fois nous ne serions que tous les deux sans les autres protecteurs ou même Carter. J'avais appris que Carter était son assistant. Enfin, plus ou moins. En tout cas il travaillait pour lui et était au courant de tout ce qu'Andy faisait ou avait à faire.

          Après avoir choisis une tenue, une coiffure, et un léger maquillage, je sortis de la salle de bain et partis dans la cuisine pour me prendre un verre d'eau. L'air était beaucoup plus doux depuis quelques temps, mais on sentait quand même que l'orage n'allait pas tarder à éclater. Ça faisait plus d'une semaine qu'on le disait, mais il allait bien falloir que l'orage sonne tôt ou tard. La couleur du ciel était apocalyptique : En plein jour, il était gris très sombre, voir presque noir. Deux minutes avant l'heure du rendez-vous, je sortais de chez moi pour aller jusqu'au temple. Il était midi trois lorsque j'arrivais en souriant devant Andy qui se tenait debout, une cigarette dans la main gauche. De sa main libre, il saisit la mienne et m'attira contre lui pour m'embrasser. Il était toujours aussi beau. Ses yeux avaient viré au bleu / gris foncé à cause de la couleur du ciel, ce qui lui donnait un air encore plus mystérieux. J'avais choisi une robe toute simple, noire, qui m'arrivait au milieu des cuisses, et des ballerines de la même couleur. Mes cheveux étaient détachés et tombaient dans mon dos et sur mes épaules. Après ce baiser, il se recula et me sourit timidement. Main dans la main, sous les regards insistants des passants, nous sortîmes du village.

          Mon énergie avait recommencé à se vider rapidement et je devenais de plus en plus faible. Il le remarquait et je sentais que ça l'attristait. Ses baisers me rechargeaient un peu en énergie, mais ça ne suffisait pas pour que je sois à nouveau au meilleur de ma forme. Nous marchâmes presque totalement en silence jusqu'à une forêt au sud du village.