03.

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⎯  Tu m’avais appelé un soir de décembre, et je me souviens, ce soir-là, je n’avais pas répondu.

Peut-être parce que je savais. Parce que je sentais déjà l’ombre dans ta voix, le poids dans ton silence.

C’était étrange, cette nuit-là, le ciel semblait plus clair que d’habitude. Comme si l’univers lui-même se moquait de toi, toi qui étais toujours l’opposé de la lumière.

Et pourtant, c’est toi qui frissonnais, toi qui tremblais légèrement quand tu t’es assis sur mon balcon, les épaules raides, les yeux lourds. Tu attendais. Un mot, un geste. Une réponse à tout ce que tu ne savais pas dire.

Je t’ai laissé me regarder, me détailler, chercher quelque chose sur mon visage que tu ne trouverais jamais. J’ai vu mon reflet dans tes prunelles sombres, et l’espace d’un instant, il m’a semblé apercevoir une larme briller sur le coin de ton œil gauche.

C’est ce que tu voulais croire, pas vrai ? Que tant que j’étais là, tu étais quelqu’un. Que tant que je t’aimais, tu pouvais faire semblant d’exister.

Mais comme toujours, tu as fui.

Tu étais comme un enfant qui avait fait un cauchemar.

Figé, le regard hanté par des ombres que moi seule ne pouvais pas voir. Ton souffle était court, irrégulier, comme si quelque chose te traquait même dans le silence. Tu tremblais à peine, un frisson presque imperceptible, mais je l’ai senti.

Et pourtant, tu ne disais rien.

Tu restais là, debout, incapable d’admettre que quelque chose t’effrayait. Parce que tu te croyais invincible. Parce que la douleur, la peur, l’amour. Tout cela, était pour les autres, pas pour toi.

Pourtant, je voyais, je voyais tes poings crispés, tes lèvres serrées, ce masque de froideur qui se fissurait lentement.

Et puis, comme toujours, tu as tendu la main.

Un simple mot, un murmure presque inaudible, un simple refrain. Mais c’était suffisant.

Alors, sans un mot, j’ai pris ta main.

Et cette nuit-là, sous un ciel chargé de nuages noirs, j’ai compris que même les rois tombent de leur trône. Que même les âmes les plus brisées cherchent un abri.

Mais le problème, c’est que toi, tu ne voulais pas être sauvé.

Comme si ce lien entre nous était une corde trop serrée autour de ton cou. Comme si ce désir, qui brûlait un peu plus chaque jour sous ces couches épaisses de glace, était un poison que tu refusais d’avaler.

Mais toi, est-ce que tu voulais être tenu ?

Ou est-ce que ça te terrifiait ?

Je crois que oui. Je crois que tu avais peur de ces sentiments-là, de ce feu en toi que tu ne contrôlais pas. Tu avais peur de moi, de toi, de nous.

Alors, tu as fait ce que tu savais faire de mieux.

Tu as détesté, tu m’as détesté.

Parce que c’était plus facile que de m’aimer.

𝐀𝐃𝐃𝐈𝐂𝐓𝐈𝐎𝐍 | ℌ𝔦𝔰𝔬𝔦𝔩𝔩𝔲 ,, ˢᵃᵈOù les histoires vivent. Découvrez maintenant