✒️XXVIII✒️

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Encore un effort, je peux le faire. J'en suis sûre. 

Cela fait 2 heures que je m'entraine seul dans le studio rempli de miroir. Deux longues heures qui m'ont parues une poignée de seconde. Au contraire de mon corps qui vit cela comme un supplice et qui, à cause de mon acharnement, me hurle dans tous mes muscles, d'arrêter la torture. 

Deux heures où une même musique retentit sans fin. Où mes jambes, mes pieds, mon buste, mes bras, n'ont jamais cessé d'être en mouvement. Constamment tirés, pliés, tordu, utilisés. Maltraités. 

Deux heures que je repousse l'inévitable, en me persuadant de m'entrainer encore plus. Pour être à la hauteur. 

Mais aussi deux heures que je me torture l'esprit avec mes souvenirs, mes questions sans réponses, mes pensées, mes sentiments... Avec tout ce qui pourrait me faire du mal. Des flashs de ma mémoire, ou des images imaginaires. Des scénarios crédibles, dans lesquels je ne jouerais que seulement certaines apparitions. 

Deux heures que mon téléphone vibre régulièrement. Mais aussi deux heures de cours séchés inutilement. 

Remettre à plus tard, tout repousser au lendemain, procrastiner, tant que mots et d'expression existe, pour seulement définir le symptôme le plus connu de tous. De la peur. De la peur pure et dure, se traduisant avec de l'angoisse permanente. Et pour contrer cela, on bloque tout. On renferme nos émotions, sentiments, pensées. On bloque notre cœur et notre esprit. On devient vide. Et on attend. Plusieurs personne s'occupent de manières diverses et variées lors de ce moment de latence. Certains vont rester couchés dans leurs lits, d'autres enfermés chez eux, mais quelques-uns feintent en donnant l'illusion d'une vie normal - néanmoins complétement retardée. Je fais partie de ces derniers. Et c'est pour cela que, depuis deux longues et courtes heures, je danse sans pauses, oubliant mes obligations. En latence. Ma vie sur pause. 

Voulant continuer plus que tout cette douce souffrance, je relance la musique sur l'enceinte présente dans la salle, inondant ainsi le petit studio de ses notes graves et virevoltantes. 

Mais au bout de 15 minutes de plus, mon corps ne fut pas de cet avis, et, prenant le dessus sur ma conscience, tomba dans une douce nuée de cotons. 

Dieu que j'aime être dans les cotons. 

"Te revoilà enfin !" me salue mon petit ami

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"Te revoilà enfin !" me salue mon petit ami. 

Je sourie, ayant une vague de bonheur au creux de mon cœur en le voyant ainsi devant moi. Puis je trottine jusqu'à lui et vint me nicher dans ses bras. Tout en humant son odeur, j'ignore ses questions banales sur le déroulement de ma journée, et serre plus fortement sa taille fine et musclée. 

Dieu, c'était tout bonnement impossible d'avoir un corps comme le sien. 

En même temps que de ressentir un pique de jalousie, une profonde admiration, suivie d'une attirance hors norme vint anéantir ce pique idiot. 

Me revoilà à la maison... Tout en me faisant cette réflexion je me laisse câliner par l'Homme de mes pensées. Son étreinte rassurante et douce me donne le refuge qui me manquait tant. 

"Trésors ? " 

Au son de sa douce voix grave - Et dieu qu'elle est enivrante sa voix grave - je relève la tête vers lui en souriant, l'invitant ainsi à continuer de parler. M'ayant compris il ouvre de nouveau ses lèvres. 

"Je te ramène chez toi ? " 

Et sans aucunes autres questions, je finis dans sa voiture garée à un emplacement libre devant la grande barre d'immeuble que je venais de quitter. Des lettrages en néons venaient l'habiller et signaler son occupation par la compagnie artistique proposant des cours de tous niveaux dans certains domaines. Le trajet fu tranquille et silencieux. Aucun de nous deux n'avaient pipés mots devant le mutisme de l'autre, ce qui -pour tout avouer- m'arrangeais énormément. Je n'eut donc pas le droit aux questions concernant le temps que j'avais pris à le rejoindre. Temps qui se comptait en heure. 

En effet, après mon malaise - qui m'avait semblé duré quelques microsecondes mais qui avait en fait duré trois / quatre heures - je m'étais remis à danser, oubliant même que Taehyung allait venir pour me chercher. Ce qui avait eu pour conséquences d'innombrables messages et appels manqué de celui-ci. J'avais eu trois heures de retard quand même... Mais adorable comme il est, il ne m'en a absolument pas tenu compte, annulant nos plans et me déposant chez moi.

Quel Homme parfait j'avais... 

Un dernier câlin, un dernier bisous, un dernier regard, et je fus sorti de la voiture. 

Un dernier sourire, et c'est lui qui fu maintenant loin, ne voyant plus qu'un point noir rouler et s'éloigner de moi. 

Un premier soupir, et je me retourne pour rentrer chez moi. Il ne sera pas le dernier lui. 

J'ouvre doucement la porte de chez moi, mais elle coince, entrouverte. Un cliquetis résonne. Un autre soupire. 

J'attrape ce qui bloque l'entrée, et le porte à bout de bras dehors, dans le conteneur privé du voisinage. Une fois de retour devant l'entrée, je pousse entièrement la porte en bois. Cette fois ci elle s'ouvre, me montrant une vue plus de pitoyable de l'état de mon chez moi. J'entre doucement, veillant, malgré la saleté , à retirer mes chaussures sans bruits. De petits bruits de grésillements m'attirent au salon, où je retrouve ma mère allongée sur le sofa, la télévision allumé, endormie. Une bouteille, échantillon de ce qui peuple ma maison, en équilibre instable dans sa mains. Je la lui retire le plus doucement possible, ne voulant pas la réveiller, et la pose sur la table basse. Je vins ensuite éteindre la télé, et je monte finalement dans ma chambre. 

La porte fermée, je m'adosse à celle-ci et me laisse tomber lourdement au sol. Je lâche une grimace à cause du bruit, mais elle est bientôt remplacée par un visage neutre où une larme menace de tomber de mon œil droit. Je n'aime pas pleurer... Et surtout pas seul. Alors je retiens cette larme solitaire, et elle disparait. 

Bien fait. 

Quel monde de merde. 

 

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Danse pour moi_Taekook [En Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant