Le ciel est beau. Pas magnifique ou d'une incroyable beauté, juste beau. Mais à quoi cela rime finalement, la finesse du monde, la majestueuse nature, si au final elle est écrasée sous la sottise de l'homme ?
Telles étaient les profondes réflexions de Lyanne, 19 ans. Elle était majeure depuis seulement ( déjà ! ) Un an et se demandait pourquoi elle était toujours là, chez ses parents, à ne rien faire qu'écouter la mélodieuse voix de Lenny Kravitz. Pas qu'elle n'aimait pas ça ! Non ! Seulement elle commençait à se dire qu'elle n'avait finalement peut-être pas de place importante au sein du grand capharnaüm qu'était le monde. En effet, depuis toujours elle rêve de sauver le monde, partager et étaler autour d'elle de l'amour et de la joie, mais depuis quelque temps cette envie n'apparaît que dans les minuscules gestes d'attention qu'elle porte à ses proches. Les mamies qu'elle voulait il y a encore quelques mois aider à passer les passages piétons ou les petits sourires qu'elle distribuait dans la rue, se disant qu'elle égayerait peut-être la journée de quelqu'un étaient passés à la trappe et s'étaient transformés en une sorte de flemme phénoménale.
Peut-être est-ce la faute des informations pessimistes qu'on peut entendre sur toutes les chaînes de radios à toutes les heures de la journée, ou celle des cons dans les rues qui bousculent les gens sans y faire attention. Elle ne sait pas. Ce qu'elle sait c'est qu'elle ne peut pas rester les bras croisés comme ça, toute sa vie. Il allait falloir qu'elle s'active pour en faire quelque chose de bien. C'était là sa plus grande préoccupation : que les gens, plus tard, se rappellent d'elle comme étant une femme indépendante, fière et qui se serait battu pour ce en quoi elle croyait. Pour l'instant son indépendance se résumait à aller en bus voir ses amis plutôt que de demander à ses parents, côté fierté ce n'était pas trop ça et pour sa détermination, il lui fallait encore faire avancer des choses...Bref Lyanne avait beaucoup de choses à faire pour tendre à accomplir ses objectifs et c'est dans cet optique là qu'elle se présenta ce matin-ci à l'épicerie du coin.- Ah mademoiselle O'Brian ! Que voulez-vous de beau, ce matin ? Pain au chocolat pour le petit déjeuné de vos parents ?
Elle se fit violence pour ne pas répliquer à l'épicier que si elle vivait encore chez ses parents ce n'était pas ses affaires. De plus elle était encore à un âge pour lequel vivre chez ses parents était encore très raisonnable ! Et elle ne venait pas du tout pour ça !
- Non merci Monsieur, répondit-elle tout de même avec amabilité, je venais vous voir pour la petite annonce comme quoi vous auriez besoin d'une nouvelle ou d'un nouveau caissier.
- Vous connaissez quelqu'un que ça pourrait ptêtre interresser ? Ça m'aiderait tellement ma p'tite.
- En faite je viens pour me proposer, dit-elle avec un peu plus de froideur et de détermination qu'escompter.
Tout le monde dans le quartier savait qu'elle n'avait pas finis ses études. Alors qu'elle était pourtant bonne en classe et prédit à de grandes écoles, elle avait stoppé net surprenant beaucoup de monde. La nouvelle s'était rependue très vite dans le village et les habitants ont tous eu leur mot à dire. Oh non la petite Lyanne, elle était si bonne à l'école cette enfant. Quel vie gâchée...
Que l'épicier ne pense pas une seconde que ce job pour l'intéresser, elle, la mit un peu en colère, mais puiqu'il était potentiellement son nouvel employeur, il convenait de ne rien dire.- Toi ? Dit-il avec surprise, puis voyant son air un peu orageux il continua comme si de rien n'était, je prend sur CV, tu peux déposer ta candidature jusqu'à jeudi prochain !
- Merci, je vous donnerais ça ! Je vous prendrais aussi deux baguettes de pain graines pour fêter ça s'il vous plaît.
Pourquoi avait-elle arrêter ses études ? C'est bien simple, après trois ans à travailler comme un robot, se priver de sorties pour faire ses devoirs et subir la pression quotidienne qu'offre une place à la grande école de Sciences politiques de Paris, elle avait tout simplement decidé qu'elle était sensée vivre ses plus belles années. On lui avait tellement répèté que les années après le lycée était incroyables qu'elle ne pouvait se résoudre à penser que les siennes se passeraient assise devant un bureau. Oh, ses parents avaient été surpris bien sûr ! C'est ton rêve depuis que tu es toute petite de rentrer dans cette école. Tu as tellement travailler pour réussir le concours, es-tu sûre de vouloir arrêter, comme ça ? Mais étant compréhensifs, ils avaient finalement accepter. Et dire qu'elle allait maintenant devoir bosser dans à l'épicerie pour cocher son premier objectif...devenir indépendante !
- Bonjour...Dit-elle avec mauvaise humeur, en effet, ça devait être là millième fois ( ou plus ! ) Qu'elle répétait ce mot, pourquoi les gens étaient si polis ? Elle n'en pouvait plus, scanner les articles, dire bonjour, au revoir, voulez-vous le ticket de caisse ? : Ras-le-bol. Et dire que c'était seulement sa première journée en tant de caissière...et seulement d'une minuscule épicerie de campagne. Finalement les études étaient peut-être pas si mal, à moins que...oui ! Elle n'a pas rêvé, c'est bien la plus belle fille qu'elle n'ait jamais vu qui vient de rentrer faisant teinter le carillon de la porte. Elle ne l'a jamais vu en ville, est-elle nouvelle ? Jean déchiré, cheveux ondulés retenus en une queue basse et un gros houdie faisant office de haut, la jeune femme faisait très décontractée mais naturelle. Ce qui n'était pas pour déplaire à Lyanne.
- Bonjour ! ( Remarquez qu'elle le dit nettement plus joyeusement qu'il y a deux minutes ) Que voulez vous ?