Twin swords

Prologue (2)

Et, tout à coup, la piste déboucha sur le ravin, le ravin bleu, dont les roches blanches reflètent le ciel (d'où son nom). L'interminable ravin, qui longe une grande partie de la forêt. Le ravin mortel, car la route qui le longe, coincée contre une falaise à pic, est l'une des plus dangereuses du pays et que les chutes qui y prennent place conduisent inévitablement à la mort.
A cet instant, au désespoir des cavaliers qui commençaient à comprendre la situation, l'émissaire s'arrêta au bord du précipice, au bord du ravin bleu, et regarda en bas en poussant un cri d'appel à son maître.
Alors retentit dans le ravin un craquement, un grondement, la mise en place d'une rampe de glace par l'esprit de l'hiver pour que les soldats puissent descendre à sa rencontre.
En bas les attendait une scène encore pire que les décombres de l'attaque. En cherchant à regagner leur cachette par la route qui borde le ravin, l'un des chevaux trop lourdement chargé avait basculé, entraînant avec lui toute la cordée qui n'avait pas eu le temps de réagir.
Partout gisaient des corps. Certains étaient quelque peu écrasés, l'apparence habituelle d'un corps après une telle chute. D'autres en revanche, étaient complètement explosés. Des restes de mana flottaient au dessus de ceux-ci, repérées par les soldats magiciens.
En cheminant à travers ce sombre tableau, les cavaliers mirent pied à terre devant la dernière survivante du désastre et celui qui peinait à la garder en vie. Dans sa chute, la reine avait eu la colonne vertébrale brisée et une hémorragie aurait bientôt raison d'elle. L'esprit de l'hiver l'avait découverte quelques temps plus tôt, lorsque son lien avec les jumeaux avait commencé à faiblir. Arrivé sur place, il avait explosé de rage devant l'état de la reine. Le mana flottant sur les cadavres était le sien, tout les chevaliers s'en rendant compte rapidement.
Malheureusement dépourvu de corps physique, il ne peut que rassembler des flocons pour former un mannequin flou dont les contours vont et viennent au gré du vent, il n'avait pu transporter la reine ni soigner ses blessures. Il n'avait pu que les geler pour retarder l'inévitable. Même si elle avait été ramenée au palais, les médecins et guérisseurs ne seraient pas parvenus à la guérir, ses blessure étant au delà de ce qui est soignable.
Alors, comprenant qu'ils allaient assister aux derniers instants de leur souveraine, les soldats s'agenouillèrent devant elle, attendant ses ultimes paroles.
Les mots qui leur parvinrent alors n'étaient pas ceux qu'ils s'attendaient à recevoir. C'était des mots d'espoir.
« - Appelez les Alexandre et Hélène. Hélène est l'aînée. L'esprit de l'hiver a réussi à les sauver. Cependant, à cause de la longue exposition à ses pouvoirs, du froid glacial qui règne ici et d'un troisième élément que je n'ai pas réussi à comprendre, il y a un risque d'effets secondaires. L'esprit m'a fait comprendre qu'il viendrait les voir régulièrement pour ces différentes raisons. Je ne suis pas sure d'avoir tout compris comme il ne s'est pas exprimé avec des mots.
Dites à Willy de ne pas être trop triste (Willy est le surnom du prince William) et de bien veiller sur son frère et sa sœur.
Dites a Laurel que je l'aime, que je l'ai toujours aimé et que je l'aimerais toujours, même après ma mort. Quand ils seront plus grands, vous direz à Alexandre et Hélène que je les ai aimés depuis que je me suis rendue compte qu'ils étaient là. Dites leur aussi qu'il s'est passé aujourd'hui n'est absolument pas de leur faute.
À vous, mes chevaliers, je vous remercie d'être venus me chercher et d'être là, avec moi. Veuillez bien sûr notre royaume, sur mes trois précieux enfants et sur mon mari, votre roi. Veillez également sur vous-mêmes. Je ne veux pas voir le moindre d'entre vous avant au moins 20 ans. »