Ça va

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Tous les matins, l'on me demande comment je vais.
Et tous les matins, je n'y réfléchis guère,
Et y réponds à cœur ouvert.


Ça va.

C'est ce que je crois à chaque journée qui commence.
C'est ce que j'imagine que tout le monde pense.

Vélo, boulot, dodo.
Les journées se succèdent.
Elle se renouvellent.
Et tous les matins je réponds avec ces mots.


Ça va.

Jusqu'à ce que la question effleure ma conscience,
Avec nettement plus de présence.
Si ça n'allait pas, que ressentirais-je ?
À partir de là, je m'interroge.
Vais-je réellement bien tous les matins ?
Ou est-ce seulement du baratin ?

Ça va.

Rien que le fait de le dire, c'est comme si c'était vrai.
Et alors, c'est peut-être ça que je cherchais.
De l'hypocrisie.
Pour conserver les morceaux de moi qui demeurent avilis.
J'en viens finalement à l'avouer.
À me permettre de le supposer.

Ça ne va pas.

Ces quelques mots sont si effrayants.
Démons tapis au plus profond de moi,
Ils éveillent ces faiblesses flagellantes.
Incarnent mes yeux qui larmoient.

Pourquoi ça n'irait pas ?
Je n'ai pas encore découvert pourquoi.
Je me dis que peut-être,
Cette sensation de vide n'est que ma façon d'être.

Une personne qui côtoie des gens,
Sans pour autant que ces interactions ne la contente.
Une personne à qui il manque quelque chose.
Une insensibilité à l'apothéose.
Une personne qui ne ressent pas la douleur.
Avec une cavité dans son cœur.

Sa main a beau se resserrer sur sa poitrine,
Les battements sont comme des abîmes.
Elle ne ressent rien.
Le néant, ni plus ni moins.
Et alors, comme rien ne l'affecte,
Elle, et tous ceux comme elle, en attestent :

Ça va. 

À court de mots | PoèmesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant