Chapitre premier

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6 mois plus tôt, Gainborrough's village

Manoir de la famille Williams.

Salon d'essayage.

Je soupirais assez bruyamment tandis que notre gouvernante Elfie laçait le dos d'une des nombreuses robes que je devais essayer aujourd'hui en prevision de mon bal d'anniversaire.

- Arrêtez donc ce bruit inconvenant miss, une jeune femme de votre rang...

- Oui, et bla bla, je connais le discours par coeur, merci !

- Si vous m'écoutiez, je n'aurais plus à le répéter. Et puis de quoi vous plaignez vous ?

- De quoi je me plains ? Je me plains du fait que cela fait au moins deux heures que je dois essayer des robes pour un bal où je n'ai pas envie d'aller et que j'en ai marre ! De plus ni vous ni mère n'êtes jamais satisfaites ! ...

Un rire moqueur m'interrompit dans mes doléances et je fis volte face trouvant ma soeur Angela dans l'encadrement de la porte, se retenant visiblement pour ne pas rire aux larmes. Cette vision me fit me renfrogner d'avantage, ce qui bien sûr amusa encore plus ma soeur bientôt suivie dans son hilarité par ma gouvernante.

- Traîtresses, marmone-je.

Bien sûr c'était facile pour Angela de se moquer, en sachant que son tour était déjà passé. En effet, il était de tradition que toute jeune demoiselle de bonne famille à Gainborrough organise un bal pour son seizième anniversaire et parfois celle-ci profitait de l'occasion pour annoncer ses fiançailles. C'était justement cette partie qui m'embêtait. Angela avait annoncé lors de son bal ses prochaines fiançailles avec Jeremy Butler, son grand amour de toujours, mais ne s'était fiancé officiellement qu'à l'âge de dix-huit ans comme le stipulait le testament de notre grand-tante Georgina. Angela était amoureuse de Jeremy, c'était certain, ils avaient prévu de se marier dans deux ou trois ans pour qu'Angela ait le temps de terminer ses études d'infirmière. Sauf que moi j'étais loin d'aimer Michael Dalton, alors là très loin. Mais nos parents avaient décidé qu'il serait merveilleux que nous nous fiançons Michael et moi, et bien sûr ce grand dadet avait approuvé. Je trouvais presque incestueux le fait qu'il veuille m'épouser moi, la meilleure amie de sa petite soeur, de neuf ans sa cadette ! Oui, je savais que j'exagérais. Bien sûr il était vrai que ce n'était pas si horrible que cela, qu'il y avait pire mais je ne supportais pas cette situation. Le fait de ne pas contrôler ma vie. De toute façon je trouverai un moyen de ne pas épouser ce fils à papa ! Il était de notoriété publique que Michael n'avait pas grand chose dans la tête préférant passer son temps dans des bars peu recommandés de New-York. Mais son père était riche donc tout le monde fermait les yeux sur les différentes rumeurs le concernant, mes parents y compris. Et il avait fallu qu'il s'amourache de moi qui devait bien être la seule fille de tout l'état de New-York à ne pas vouloir de lui comme mari. Je n'annoncerai rien à mon bal. Je savais que mes parents le feraient pour moi mais j'avais trois ans pour réfléchir à la manière de me débarrasser de lui ! En effet quand notre tante Georgina est morte, outre ce qu'elle nous avait légués, ma soeur et moi toucherions un héritage si nous ne nous fiançions pas avant nos dix-huit ans et ne nous marions pas avant nos vingt ans. Notre tante avait vécu un mariage précoce traumatisant et elle ne souhaitait pas cela pour nous.

Soupirant je me retournais vers le grand miroir à pied pour voir le résultat en priant pour que cette fois-ci soit la bonne. Ma mère pénètra en même temps dans la pièce qu'elle avait quitté quelques instants plus tôt ne supportant plus mes jérémiades. Nous observons toutes la robe ( ma mère, ma soeur, Elfie, la couturière et son assistante ). Celle-ci était une robe empire en mousseline de soie crème. Un ruban crème foncé soulignait ma poitrine puis la robe s'évasait jusqu'au sol décrivant des volutes de tissus froissés. Elle était certes belle mais si je voulais être la plus belle à mon bal, je ne pouvais pas porter cela. Je la trouvais fade sur moi. Je donnais mon avis et tout le monde était d'accord avec moi. Je devais essayer encore cinq robes et j'étais désespérée. Ma mère qui s'était de nouveau absentée revint avec une housse dans les bras. Elle me banda les yeux avec un bandeau en soie et m'aida à enfiler une nouvelle robe. Quand je fus prête, elle retira enfin le bandeau.

Un amour contrariéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant