Chapitre 1 - Somewere Over The Rainbow

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Fyctia
1- "SOMEWERE OVER THE RAINBOW"

Riley

J'insère la clé dans la serrure puis je saisis ma canne et me dirige vers l'ascenseur avant de l'appeler jusqu'au cinquième étages de mon immeuble haussmannien.
J'ai eu une chance incroyable de trouver ce logement suite à mon accident.

Après être sortie du coma, j'ai dû réapprendre à vivre quand la plupart de mes amis avaient déjà tourné la page me concernant.
J'ai vécu deux ans de déprime intense chez Sidonie, dopée aux chocolats, aux bonbons et aux vitamines avant de me donner un coup de pied aux fesses pour reprendre ma vie en main.
C'est là que Claire est tombée sur l'annonce de monsieur Elis. Un homme d'une cinquantaine d'années qui venait de perdre sa fille aînée.

Cet homme et sa femme n'avaient plus le cœur à résider dans l'appart qui a vu s'épanouir leur petite brunette aux yeux noisette.
Il a donc entamé des travaux visant à séparer l'immense espace en deux logements identiques et symétriques dans le but de les louer.
Suite à ça, ils ont disparu au fin fond des montagnes savoyardes, loin du tumulte parisien.

La seconde habitation n'a enchaîné que des malfaçons et n'a pas encore pu être louée, jusqu'à aujourd'hui à mon grand désarroi.
Effectivement, depuis ce matin j'entends des va-et-vient bruyants dans les couloirs.

Ma canne à la main, je sors de la cage de fer et me dirige vers l'entrée où se trouve toutes les boîtes des résidents.
Mon doigt passe sur la pastille, où le numéro 10 est inscrit en braille, avant de l'ouvrir et de saisir le tas de papier.
Je chavire prête à retourner chez moi, presse le bouton et écoute attentivement le son provenant de l'engin.

Les portes coulissantes se rejoignent et l'appareil entame sa course jusqu'au rez-de-chaussée.
Le vent extérieur fait valser mes longs cheveux blonds et des pas font leur apparition dans mon dos.
Les notes de fèves de tonka et de vanille épicée envoûtent mon esprit et éveillent une douce torsion dans mon estomac.

Ce parfum ouvre la boîte de pandore de ma nostalgie passée.
Mon père arborait cette même essence pour aller travailler tous les jours. Et chaque matin je venais humer son cou avant de déposer un baiser sur sa joue barbue.
Perdue dans cette valse de mémoires amers, je me retourne et me heurte au torse dur de celui qui vient de faire jaillir mon douloureux souvenir d'antan.

- Faites donc attention ! me sermonne l'inconnu avec rigidité. C'est ça de trop boire de l'alcool !

- Pardon ?

- Vous ne voyez pas que je suis au téléphone ?

Je n'ai à peine le temps d'ouvrir la bouche que monsieur « mal luné » est déjà reparti dans la direction opposée de la mienne sans que je ne puisse m'excuser ou lui faire part de mon état.
Je tente de reprendre mes esprits et de me situer par rapport à la béquille que je viens de faire tomber.
Derrière moi le doux parfum de jasmin et les petits bonds de cotons m'alertent quant à la présence de Simone.

- Bonjour Riley. Tenez, votre canne, chantonne l'ancienne.

La quinquagénaire vit au rez-de-chaussée avec son chien Azalée, un caniche un peu craintif.
Je la remercie avant de regagner mon chemin chargé de courriers qui resteront fermés le temps qu'une amie puisse me les lire.

***

J'affronte le froid polaire pour me rendre au café voisin afin de me délecter d'un délice chocolaté.
L'épaisse écharpe qui recouvre mon nez permet de ne pas assécher ma peau déjà fragilisée, mon bonnet cache mes oreilles congelées et mes gants protègent mes doigts d'éventuelles engelures.
Et ne croyez pas que j'abuse, j'ai vraiment l'impression de vivre en Laponie.
D'ailleurs Evelyne a indiqué ce matin que la température extérieure n'allait pas dépasser les -2 degrés et moi, je fais confiance à dame météo !

Je traverse la route sous le « bip » qui me prévient que le bonhomme est vert, puis je me poste devant la porte du café prête à pénétrer dans la chaleur.
La porte s'ouvre sur un Armant jovial et souriant -d'après le timbre de sa voix.
L'homme place sa main sur mon épaule afin de me saluer et me dirige vers une table. Enfin, ma table. Celle sur laquelle je viens me poser tous les jours avant d'amorcer ma journée.

C'est ici que j'arrive à récolter un peu d'inspiration pour mon roman.
Je fais partie des rares auteurs qui éditent leurs histoires en braille.
Avant d'être aveugle, je désirais devenir vétérinaire et j'avais entamé mes études dans ce domaine, prête à sauver nos amis les bêtes que j'affectionne tout particulièrement.
À côté de ça, j'aimais déjà écrire et voulais faire de l'écriture ma passion principale.

Or, la vie en a décidé autrement.
L'accident de voiture ne m'a pas seulement pris ma vision, il m'a aussi retiré mes parents.
Je vivais encore chez eux le temps de finir mes études ou de me poser en collocation avec Francis, mon petit ami de l'époque.
Alors que je me voyais déjà mariée avec lui et mère de six boules de poils et peut être un ou deux enfants lui, est rapidement passé à autre chose pendant mon absence.

Je ne le blâme pas. Mon avenir était incertain et j'étais branchée H24 à toutes sortes de machines à cause d'un foutu chevreuil planté en plein milieu de la route cette nuit là.
D'un seul coup de volant, nous avons été projetés du pont et nous avons atterri dans la Seine glaciale.

Je visualise encore les doigts de mon père enfoncés dans le volant, j'entends le crissement des pneus sur la route humide, la musique « Somewere over the rainbow » qui passait à ce moment-là - comme si c'était un signe- et l'impact terrifiant de notre voiture contre la barrière en métal.
Mon crâne a été projeté d'avant en arrière pendant la chute, créant de grosses blessures et un traumatisme. Le coma m'a tenu dans ses filets pendant plus d'un an. Et lorsque je me suis réveillée, je n'avais plus personne.

Après un dernier frisson septentrional suite à cette vision, je m'ébroue et reprends mon roman en sirotant mon chocolat aromatisé à l'orange.
La clochette tintinnabule pour avertir mon ami Armant de l'arrivée d'un nouveau client.
L'air extérieur pénètre dans le café et je hoquette discrètement lorsque la fève de tonka vient chatouiller mon nerf olfactif.
Ce parfum si épicé me rappelle l'altercation avec l'homme de ce matin.

- Un café serré s'il te plaît...

Armant active la machine tonitruante torréfiant les grains de café. Ce vacarme pourrait réveiller un ours en hibernation au fin fond de l'Alaska.

- Tu es nouveau dans le coin mec ? s'informe Armand.

- Je suis en plein emménagement dans l'immeuble d'en face.

- Oh, mais comme Riley ! Je vais te la pré...

Je balaye mon espace de travail faisant glisser mes affaires dans un grand cabas en rotin. Je termine cul sec mon breuvage encore fumant puis je m'enfuis avec rapidité avant que l'on ne me force à faire copain/copine avec monsieur «mal au cul».

 Je termine cul sec mon breuvage encore fumant puis je m'enfuis avec rapidité avant que l'on ne me force à faire copain/copine avec monsieur «mal au cul»

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Voilà un deuxième aperçu du roman avec lequel je concours sur fyctia.
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Merci ❤️


Sous Le Sapin ? Une Fausse Fiancée! - [ &H Edition ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant