Fleur du Nil

#3

Eris ne s'attendait pas à ce qu'elle allait vivre pendant les dix prochaines années de sa vie... Le jour suivant, la princesse l'invita dans sa chambre. Elle l'habilla de beaux habits et de bijoux comme une poupée. Eris se laissait faire, trop contente de ne plus recevoir de coups. La princesse faisait ce qu'il lui plaisait. Plus le temps passait, plus Eris se rendait compte qu'elle regrettait les coups de bâtons. La princesse la brusquait, lui tirait les cheveux, se moquait de son physique, etc. Elle la torturait et en faisait son cobaye de laboratoire pour ses expériences vestimentaires. Puis se lassant de l'habiller, elle voulut jouer à autre chose. Elle rêvait de pouvoir monter un cheval depuis toujours alors elle demanda -ou plutôt- ordonna à Eris de se mettre à genoux pour qu'elle puisse lui monter sur le dos. Eris s'exécuta. Pour lui signifier d'aller plus vite ou de ralentir, la princesse tira violemment les cheveux de Eris qui ne bronchait pas. Elle portait la princesse sur son dos et avançait à quatre pattes dans tout le palais ne manquant pas d'arracher des fous rires et des remarques blessantes à tout ceux qui les voyaient passer. Eris s'était étonnement vite habituée aux remarques et insultes qu'on lui faisait.

La princesse toujours sur son dos, elles se dirigèrent vers les jardins luxueux du palais où la reine prenait le thé avec ces dames de compagnie près du bassin où nageait d'énormes et magnifiques poissons.

Mère ! Regardez ! Je sais monter à cheval ! dit-elle fièrement, ce qui provoqua un éclat de rire chez la reine et ses invités. Toutes riaient. Toutes, sauf une. C'était celle qui avait un enfant assis à côté d'elle. Il devait avoir l'âge de Eris. En levant les yeux, Eris put voir qu'il la fixait avec compassion comme sa mère. Elle détourna le regard. La princesse descendit de son dos et elle allait se relever quand la reine la stoppa dans son mouvement.

Qui t'as donné l'autorisation de te relever ? dit-elle froidement.

Eris retomba lourdement par terre où elle resta assise sur les genoux. Elle gardait la tête baissée et les yeux dans le vide mais elle écoutait ce qu'il se passait autour d'elle. La Princesse s'était directement dirigée vers le garçon qui était assis près de sa mère, elle lui adressa un sourire radieux. Il y répondit mais il avait l'air pris par le doute. Puis ils se dirigèrent vers le groupe d'enfants. Seulement, le garçon se retourna et se dirigea vers Eris, ce qui n'eut pas l'air de plaire à la princesse.

Tu viens jouer avec nous ? demanda-t-il, confiant.

Eris ne répondit pas et garda la tête basse. Elle se contenta de secouer la tête en signe de refus. Il ne savait pas comment réagir, il semblait confus.

Je... je m'appelle Marcus... Enchanté. dit-il timidement en lui tendant la main.

Voyant qu'il attendait une réponse, Eris se résolut à répondre.

Eris. dit-elle simplement. Elle avait finalement relevé la tête pour croiser son regard.

C'est un joli prénom, en tout cas ! dit-il en retirant sa main pour venir la placer derrière sa tête, un peu gêné.

La princesse qui s'impatientait l'appela pour qu'il la rejoigne. Il tourna la tête en lui criant qu'il arrivait mais au lieu de s'en aller il adressa un sourire rayonnant à Eris.

J'espère te revoir bientôt. dit-il tout sourire.

Eris ne bougea pas. Elle avait été éblouie par le sourire du garçon. Marcus... Il voulait donc la revoir ? Mais pourquoi ? Elle se rendit compte qu'elle ne respirait plus alors elle prit une grande inspiration pour calmer son cœur qui était en train de battre à tout rompre. Elle était tombée amoureuse de ce garçon. Mais les dieux lui réservaient un tout autre destin... Dans 8 ans exactement, elle partirait pour l'Egypte et ne reviendrait jamais. Elle allait devoir laisser son premier amour et sa terre natale derrière elle pour affronter le soleil ardent du pays des pharaons. Eris n'était pas préparée à ce qui l'entendait mais elle allait devoir être forte et maligne si elle voulait s'en sortir vivante. Au moins elle quitterait cet enfer pour un endroit meilleur.